Publié le 13 Février 2013
En fait, il s’agit de la même étude, mais portant sur deux aspects différents, ce qui permet aux auteurs d’avoir 2 publications au lieu d’une! C’est le publish or perish que subissent tous les chercheurs.
Mais avant de commencer, il faut juste noter un point qui entache un peu la plus récente étude. L’un des co-auteurs ne fait pas partie du groupe grec, mais est un américain de l’école de Santé publique de Harvard, qui malheureusement pour l’indépendance de l’étude, déclare (mais très discrètement à la fin) qu’il fait partie du Board scientifique de PMI. Et ce PMI, veut tout simplement dire Philip Morris International !
Bon, par ailleurs, l’équipe grecque, au vu de sa liste de publications, est vraiment experte des effets du tabagisme sur la fonction pulmonaire et l’inflammation. Ce qui nous rassure un peu.
Donc, l’étude principale (Flouris et al. Inhal Toxicol. 2013 Feb;25(2):91-101) a testé les effets de la consommation de 2 cigarettes (de la marque utilisée par les fumeurs) ou d’un équivalent en e-cigarette (Modèle Giant de Nobacco G.P. Grèce, avec du e-liquide à 11 mg/ml, goût tabac de Nobacco USA Mix, Nobacco G.P., Grèce) sur la fonction pulmonaire et la cotinine sanguine (marqueur de la consommation de nicotine, plus facile à mesurer) et le monoxyde de carbone (CO) expiré, chez 15 fumeurs. Les auteurs ont aussi mesuré les mêmes paramètres chez 15 non fumeurs exposés pendant 1 heure à un tabagisme passif équivalent à celui d’un bar/restaurant (avant l’interdiction de fumer! mais on est en Grèce ;-) ), ou exposés pendant 1 heure à un équivalent en vapeur de e-cigarette.
Les résultats montrent que le niveau de cotinine dans le sang est équivalent après cigarette ou e-cigarette, tant chez les fumeurs actifs, que chez les non fumeurs passif (mais chez eux à des concentrations beaucoup moindres, puisque passif, de l’ordre de 2 à 3 ng/ml, contre 60 ng/ml chez les fumeurs). Ce qui montre que le protocole utilisé, permet bien aux fumeurs d’obtenir une dose de nicotine équivalente avec la cigarette ou la e-cigarette (et réciproquement pour les non fumeurs exposés passivement). Vous suivez? Non, mais prenez des notes… j’vais pas répéter.
Par contre, alors que le tabagisme actif ou passif fait augmenter le CO expiré des fumeurs ou des non fumeurs, bien évidemment le CO n’est pas augmenté lors de l’utilisation active ou passive de e-cigarette.
En ce qui concerne l’activité pulmonaire, les auteurs rapportent plusieurs paramètres, mais un seul est affecté. Celui qu’on appelle le rapport FEV1/FVC (VEMS/CVS en français) est significativement affecté par le tabagisme actif, mais pas par la consommation de e-cigarette. Les autres paramètres ne semblent pas affectés. Le seul bémol, est que bien que l’effet soit très faible et non significatif, chez les non fumeurs exposés passivement à la e-cigarette, on observe un effet similaire à l’effet de l’exposition passive à la fumée de tabac. Par contre, au contraire de l’étude de Vardavas (Vardavas et al. 2012. Chest 141:1400–6), les auteurs de cette étude ne trouvent pas d’effet de la e-cigarette sur le NO expiré (impliqué dans les phénomènes inflammatoires).
La seconde publication (Flouris et al. Food Chem Toxicol. 2012 Oct;50(10):3600-3), mais qui fait partie de la même étude (mêmes sujets), montre que la e-cigarette n’a pas d’effet ni en consommation active, ni en exposition passive sur les facteurs sanguins signalant un phénomène inflammatoire (globules blancs, lymphocytes, granulocytes). Par contre la consommation de cigarette ou l’exposition à la fumée de tabac a produit un effet significatif sur ces mêmes facteurs sanguins.
En résumé, ces deux études sont en faveur de l’innocuité de la e-cigarette à cour-terme tant sur la fonction pulmonaire que sur les facteurs marquant l’inflammation. Les limites sont donc que l’on ne peut pas étendre ces résultats à tous les types de e-cigarettes et de e-liquides (effets différents selon la dose?), et que des études sur les effets à long-terme seraient aussi nécessaires. Mais sur le versant optimiste, c’est un pas de plus vers la démonstration d’une réduction du risque.