Publié le 30 Avril 2013

La e-cigarette peut-elle sauver des vies ? Oui, répondent certains experts. Même au Canada, ou en Australie, où la e-cigarette est quasi interdite, des voix s’élèvent pour que l’on n’empêche pas le développement de cette alternative au tabagisme.

Cet article du Globe and Mail tente de répondre à cette question. De nombreuses associations de lutte contre le tabac s’opposent à la cigarette électronique sous le fallacieux prétexte que « l’on ne sait pas », « c’est peut-être dangereux », ou « cela pourrait re-normaliser le tabagisme », car pour l’heure la seule préoccupation, noble en soit, de ces associations est de dé-normaliser le tabagisme dans la société.

Hors, pour les défenseurs de la santé publique, ce qui compte avant tout est de sauver des vies. Tout fumeur qui arrête de fumer, ou réduit considérablement sa consommation grâce à la e-cigarette a un bénéfice de santé évident. C’est déjà le cas en Suède par exemple, où de nombreux ex-fumeurs utilisent un tabac non fumé, appelé le snus, qui lorsqu’on l’utilise à la place des cigarettes, stoppe immédiatement l’inhalation et l’exposition à des milliers de substances toxiques (plus de 7000 dans la fumée de tabac). De ce fait, la Suède est le pays qui compte le moins de cancers du poumon dus au tabagisme, dans le monde. Pourtant, ce fait n’a pas été mis en avant par les autorités de santé pour favoriser ce changement de comportement des fumeurs. Au contraire, l’Europe s’est empressée d’interdire la vente de snus en Europe, sous prétexte que cela pourrait rendre dépendant les jeunes !

Si le snus est encore un produit du tabac, même si le risque associé à sa consommation est considérablement moindre (100 fois?), la e-cigarette, elle, n’en est pas un. La e-cigarette est un produit délivrant de la nicotine, ce que recherchent les fumeurs dépendants du tabac. De ce fait, la e-cigarette est une alternative considérablement moins dangereuse (1000 fois ou plus?) et devrait donc être naturellement conseillée à tout fumeur.

Quant à en faire un médicament, ce que voudrait actuellement l’Europe avec son nouveau projet de Directive sur les produits du tabac, ce serait une erreur monumentale. La e-cigarette est de fait, et doit le rester, un produit de consommation courante mis à la disposition des fumeurs pour réduire rapidement (les utilisateurs sont là pour en témoigner) leur risque tabagique. En faire un médicament, ouvrirait la voie uniquement aux grosses entreprises du tabac ou pharmaceutiques, et figerait la e-cigarette dans son état actuel, sans espoir de développement et de produits encore plus efficaces (c’est malheureusement ce que l’on a pu constater avec les substituts nicotiniques), car toute modification ultérieure à l’attribution d’une autorisation de mise sur le marché (qui nécessite des études longues et coûteuses) nécessite une nouvelle soumission et des années de développement. L’avantage d’un produit de consommation courante est qu’il peut évoluer vite, souvent sous la pression des consommateurs, et c’est ce que l’on a déjà pu observer au cours des dernières années, où la e-cigarette est devenue plus performante et plus sûre (sous la pression aussi des lois de protection des consommateurs).

Et quant au risque d’initiation chez les jeunes (c’est toujours le même argument que contre le snus !), c’est un faux problème. Il vaut cent fois mieux qu’un adolescent soit confronté à la e-cigarette (moins addictive et considérablement moins dangereuse) qu’à la cigarette. Et pourtant, il est beaucoup plus facile à un adolescent de se procurer des cigarettes (dans tous les bureaux de tabac qui ne respectent pas l’interdiction de vente aux mineurs) qu’une e-cigarette (en premier lieux de par son prix). Par ailleurs, pour les tenants du contrôle du tabac, la e-cigarette participe certainement plus à la dé-normalisation du tabagisme (en rendant la cigarette désuète) que l’inverse. Ils devraient donc être parmi les défenseurs et non les opposants à la e-cigarette.

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Publié le 23 Avril 2013

C’est la conclusion d’une étude française publiée dans la Revue des maladies respiratoires http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0761842513000855

Bertholon JF, Becquemin MH, Roy M, Roy F, Ledur D, Annesi Maesano I, Dautzenberg B. Comparaison de l’aérosol de la cigarette électronique à celui des cigarettes ordinaires et de la chicha.

La cigarette étudiée est la Cigarettec « ZenAttitude » avec (16 mg) et sans nicotine. La taille des particules de l’aérosol dans le courant primaire (celui inhalé par le vapoteur) et dans le courant tertiaire (rejeté par le vapoteur) on été analysés à l’aide d’un impacteur électrostatique à basse pression, ainsi que la décroissance au cours du temps de la concentration de l’aérosol dans l’air. Le courant primaire a été généré par une série de 10 bouffées successives de 100 ml. Le courant tertiaire a été mesuré à partir de vapeur exhalée par 3 volontaires (les auteurs?). La décroissance de la concentration de l’aérosol dans l’air a été étudié dans une pièce fermée non ventilée de 60 m3 après exhalaison de 20 bouffées par chaque vapoteur.

La taille des particules (diamètre médian D50 exprimé en µm) du courant primaire est environ 2 fois plus élevée (0,60 µm) que celle de la cigarette ou de la chicha (0,27 µm). Pour le courant tertiaire, elle est de 0,29 à 0,34 µm, contre 0,30 µm pour la cigarette et 0,25 µm pour la chicha.

A partir de ces mesures, il ressort que le dépôt dans les voies aériennes total est de 26% pour la ecigarette (contre 23,5 pour la cigarette et la chicha), et au niveau alvéolaire de 14% (contre 14,5% pour la cigarette et la chicha). [Note personnelle : Ceci suggère que l'absorption de la nicotine avec la ecigarette devrait être suffisante pour produire des nicotinémies significatives]

Le point le plus intéressant en terme de vapotage passif, est que la demi-vie de l’aérosol (courant tertiaire) de la ecigarette est très courte (11 secondes) par rapport à celle de la fumée de tabac (>17 minutes) et que la majorité se disperse rapidement sous forme gazeuse. Le risque de vapotage passif semble donc, selon les auteurs être très limité, mis à part la présence éventuelle de nicotine résiduelle dans l’air ambiant (non mesuré dans l’étude) et sur les surfaces où elle peut se déposer.

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Publié le 22 Avril 2013

Une fois de plus Clive Bates nous livre ses réflexions sur les propositions d’amendement de la Directive tabac européenne.

Je reviendrai sur ces propositions lorsque je les aurai lues, et rajouterai ci-dessous mes commentaires.

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Publié le 16 Avril 2013

La revue Tobacco Control sort un numéro spécial sur l’élimination du tabagisme (Accès libre). Special issue on Tobacco endgame (Open access).

Lire en particulier, le commentaire de Lynn Kozlowski sur la question morale de l’élimination de la dépendance!

A must read: commentary from Lynn Kozlowski.

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Publié le 11 Avril 2013

Voici une petite mise au point pour éviter aux fumeurs de continuer à se faire avoir avec les cigarettes légères.

Cette dénomination est interdite en Europe depuis 2003, suite à l’expérience que je vais vous présenter ci-dessous. Par contre, l’industrie du tabac a essayé d’entretenir le doute dans la tête des fumeurs en remplaçant les mots par des couleurs. Regardez donc des paquets de cigarettes alignés chez le buraliste et essayez de deviner lesquelles sont « dîtes » légères… elles sont en général dans des paquets aux couleurs pastelles. C’est une des raisons qui pousse a introduire le paquet générique comme en Australie, afin que l’industrie du tabac arrête de « communiquer » avec (c’est le seul média dont ils disposent dans les pays où la publicité est interdite).

Tout d’abord il faut savoir que dans une cigarette, dans le tabac de la cigarette, il y a environ 12 mg à 14 mg de nicotine, quelle que soit la cigarette. Le fumeur peut en théorie, en modifiant sa façon de fumer (bouffées plus volumineuses, plus fréquentes, retenues plus longtemps dans les poumons…), en tirer entre 1 mg et 3 mg. C’est ce qu’a essayé de démontrer l’étude de Martin Jarvis publiée en 2001.

Pour tromper le fumeur, les rendements en nicotine, CO et goudrons, indiqués sur les paquets, sont obtenus en faisant fumer la cigarette par une machine à fumer (pas un être humain) selon un rythme et des bouffées établies par l’industrie du tabac dans les années 1930. Non pas dans une optique de santé, mais tout simplement pour comparer leurs produits qualitativement et quantitativement afin de fournir aux fumeurs un produit qui reste comparable dans le temps. Avec l’introduction des cigarettes légères, dans les années 1970, l’industrie a simplement fait des trous microscopiques au niveau du filtre, afin de diluer la fumée qui en sort (voir schéma ci-dessous).

Les cigarettes légères ça n’existe pas ! (2)

Vous pouvez voir sur l’image (à droite) que les trous sont pratiqués là où le fumeur place ses doigts, voire ses lèvres, et que donc en utilisation « normale » par un être humain, et non pas une machine à fumer, les trous sont bouchés! D’où la possibilité de tirer de la cigarette des rendements en nicotine supérieurs à ceux indiqués sur le paquet. Un numéro de 60 millions de consommateurs y avait été consacré.

Dans l’étude de Martin Jarvis, les fumeurs avaient procuré un échantillon de salive afin de mesurer la concentration de cotinine (un produit de dégradation de la nicotine, qui reste plus longtemps dans l’organisme que la nicotine), et de faire un petit calcul (en connaissant le nombre de cigarettes qu’ils avaient fumé ce jour là) afin de déterminer combien de nicotine un fumeur tire en moyenne par cigarette. Si les cigarettes légères étaient ce qu’elles prétendaient être, on aurait dû avoir le graphique rouge ci-dessous. Une cigarette prétendant délivrer 0,5 mg de nicotine (tel qu’indiqué sur le paquet) devrait délivrer 0,5 mg au fumeur. Mais ce qu’on a observé, c’est ça !

Les cigarettes légères ça n’existe pas ! (2)

Les barres bleues indiquent ce que les fumeurs tirent réellement de chaque cigarette. On voit sur ce graphique que quel que soit le type de cigarettes, normales, légères ou ultra-légères, le fumeur va chercher, et trouve, un peu plus de 1 mg de nicotine…

Preuve était donc faite que ces dénominations ne veulent rien dire… et que l’on a trompé le fumeur, pour éviter qu’il n’arrête de fumer, mais qu’il croie que ses cigarettes étaient moins dangereuses!!!

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