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Publié le 21 Juin 2013

Pourquoi vouloir faire de la e-cigarette un médicament? Pas la peine il est déjà en route... Un inhalateur pulmonaire de nicotine va être testé dans une étude en Nouvelle-Zélande.

716 fumeurs vont être recrutés et suivis pendant 7 mois. La moitié recevra l'inhalateur avec de la nicotine et l'autre moitié un placebo. Tous les fumeurs porteront aussi un patch de nicotine et devront réduire progressivement leur consommation de cigarettes pendant 1 mois avant d'arrêter complétement.

Cet inhalateur deviendra donc un médicament pour l'arrêt du tabac, et les médecins pourront le prescrire. Laissons donc à la e-cigarette son statut de produit de consommation courante, pour atteindre les fumeurs qui ne seront toujours pas prêts à franchir le seuil du cabinet du médecin ou de la pharmacie.

http://www.stuff.co.nz/national/health/8822875/Nicotine-inhaler-gives-instant-hit

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Publié le 11 Juin 2013

C'est le titre d'un article du "Market Intelligence Center" que l'on peut lire ici (pour les anglophones) : http://www.marketintelligencecenter.com/articles/283636 (article in English, see my comment below)

En voici une traduction:

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" De tous les cancers, le cancer du poumon est sans doute le plus facile à éviter. C'est assez facile... ne fumez pas, et réduisez considérablement le risque de développer un cancer du poumon, ou si vous êtes fumeurs, il faut arrêter de fumer pour diminuer ce risque.

Ça paraît simple... mais la réalité l'est nettement moins. La nicotine est fortement addictive, et comme peut l'attester tout fumeur ou ex-fumeur, arrêter de fumer n'est pas si simple. La plupart des fumeurs peuvent en plaisanter en disant qu'ils l'ont fait des centaines de fois, mais à chaque fois pour seulement 1 jour ou 2.

Les aides pour arrêter de fumer incluent les patchs et les gommes à la nicotine, mais celle qui semble promise à un bel avenir, c'est la e-cigarette, ou e-cig en raccourci.

Les promoteurs de la e-cig soulignent que vaporiser un liquide à base de nicotine ne pose pas le problème du risque de cancer dû aux milliers de substances contenues dans la cigarette conventionnelle, mais n'est pas non plus sans aucun danger. On ne sait pas avec certitude s'il existe un risque quelconque lié à la consommation de nicotine pure, mais il est de toute façon minime par rapport au risque de contracter un cancer du poumon.

L'industrie de la e-cig croît rapidement, et avec les millions de fumeurs du monde entier, il n'est pas surprenant de voir l'industrie du tabac s'y intéresser. Altria (MO), qui contrôle environ 50% du marché américain va s'y engager et va l'annoncer mardi. Le second acteur américain, Reynolds American (RAI) s'y met aussi, et va lancer sa propre marque de e-cig dans le Colorado, avant de l'étendre au reste du pays, et la compagnie 3ème sur le marché américain, Lorillard (LO) a déjà acquis la marque Blu.

La question est de savoir si les nouveaux fumeurs vont ou non se tourner vers la e-cig, ou si le marché est limité seulement aux fumeurs actuels qui envisagent d'arrêter de fumer. Tout va dépendre de la liberté de publicité, et ce que les études à venir diront du risque associé à la e-cig.

S'il est démontré qu'elles ne provoquent pas de cancer, le marché sera beaucoup plus rentable, parce que les fumeurs pourront passer à ce nouveau produit sans aucune intention d'arrêt.

Le temps nous dira de quelle taille ce marché pourra être, mais avec les millions de fumeurs qui essayent d'arrêter de fumer chaque jour, il est tout à fait évident pour les compagnies de tabac d'investir dans ce domaine. Après tout, ce sont eux les maîtres de l'addiction, et ils envisagent donc de profiter financièrement de ces mêmes gens qui essayeront de se libérer de cette dépendance.

Je pense que plus il y aura de compagnies qui vendent des e-cig, et mieux ce sera... mais j'espère vraiment que les compagnies de tabac vont se planter. Elles ont fait preuve de tellement peu d'éthique en vendant leurs cigarettes, et ont nié pendant des décennies les dangers du tabac. Je pense que ces nouvelles startups qui n'ont pour but que d'aider les fumeurs, devraient être les seules à réussir, pas les compagnies de tabac qui ont fait des milliards de profits en vendant un produit dont ils savaient qu'il tuait leurs consommateurs."

De: Michael Fowlkes

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Pourquoi ne pas envisager que tous les vapoteurs du monde boycottent les e-cigarettes vendues par les compagnies de tabac, et ne favoriser que les petites compagnies qui se sont développées sans l'aide de celles-ci ? Ce serait peut-être un moyen de gagner le support des associations de contrôle du tabac, si négatives jusqu'à présent sur le rôle que pourrait jouer la e-cigarette pour dénormaliser le tabac ?

What if vapers from all over the world start to boycott e-cigs from tobacco companies, and favour only those made by startup companies independent from Big Tobacco ? It could win the support from the tobacco control community, who until now is very negative about e-cigs, as it could play a big role in denormalising tobacco.

Jacques Le Houezec

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Publié le 6 Juin 2013

AIDUCE : Le rapport OFT sur les cigarettes électroniques : une analyse pertinente plombée par des recommandations fumeuses et sans fondement scientifique

http://www.aiduce.fr/le-rapport-oft-sur-les-cigarettes-electroniques-une-analyse-pertinente-plombee-par-des-recommandations-fumeuses-et-sans-fondement-scientifique/

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Publié le 5 Juin 2013

Enfin une Institution française qui présente la e-cigarette de façon plus pondérée !
L'INCa, l'Institut du Cancer, vient de publier une analyse basée sur le rapport Dautzenberg. Quelle différence avec la Ligue contre le cancer !!!

http://www.e-cancer.fr/prevention/facteurs-de-risque-et-de-protection/tabac/espace-grand-public/gros-plan-sur-la-cigarette-electronique

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Publié le 31 Mai 2013

Nous souhaitons faire connaître notre désaccord avec les propos de Mme la Ministre de la Santé concernant la e-cigarette.

Ce communiqué à été envoyé à la Direction Générale de la Santé et à des journalistes.

Jacques Le Houezec
Jean-François Etter
Gérard Mathern

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Publié le 27 Mai 2013

Vous pouvez le télécharger ici : http://www.ofta-asso.fr/docatel/Rapport_e-cigarette_VF_1.pdf

Hier a eu lieu au Ministère de la santé une réunion http://www.respadd.org/images/stories/PDF/programme%20conf.%20jmst%202013%2012.pdf au cours de laquelle une table ronde sur la cigarette électronique a été l'occasion de présenter les conclusions du rapport préparé par l'OFT pour la DGS. A cette occasion Gérard Mathern a aussi présenté l'état des connaissances scientifiques. Vous pouvez télécharger sa présentation ci-dessous.

Voir aussi la réaction de Jean-François Etter.

"J'ai refusé de signer le rapport remis à Marisol Touraine sur la cigarette électronique pour plusieurs raisons. Premièrement, parce que j'estime que la qualité scientifique est très mauvaise. Le travail scientifique qui a été mené n'est en effet pas du tout à la hauteur de l'enjeu."

Sylvain Filatriau a filmé le débat sur la e-cigarette, voir ici.

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Publié le 13 Mai 2013

Publié le 23 Avril 2013

C’est la conclusion d’une étude française publiée dans la Revue des maladies respiratoires http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0761842513000855

Bertholon JF, Becquemin MH, Roy M, Roy F, Ledur D, Annesi Maesano I, Dautzenberg B. Comparaison de l’aérosol de la cigarette électronique à celui des cigarettes ordinaires et de la chicha.

La cigarette étudiée est la Cigarettec « ZenAttitude » avec (16 mg) et sans nicotine. La taille des particules de l’aérosol dans le courant primaire (celui inhalé par le vapoteur) et dans le courant tertiaire (rejeté par le vapoteur) on été analysés à l’aide d’un impacteur électrostatique à basse pression, ainsi que la décroissance au cours du temps de la concentration de l’aérosol dans l’air. Le courant primaire a été généré par une série de 10 bouffées successives de 100 ml. Le courant tertiaire a été mesuré à partir de vapeur exhalée par 3 volontaires (les auteurs?). La décroissance de la concentration de l’aérosol dans l’air a été étudié dans une pièce fermée non ventilée de 60 m3 après exhalaison de 20 bouffées par chaque vapoteur.

La taille des particules (diamètre médian D50 exprimé en µm) du courant primaire est environ 2 fois plus élevée (0,60 µm) que celle de la cigarette ou de la chicha (0,27 µm). Pour le courant tertiaire, elle est de 0,29 à 0,34 µm, contre 0,30 µm pour la cigarette et 0,25 µm pour la chicha.

A partir de ces mesures, il ressort que le dépôt dans les voies aériennes total est de 26% pour la ecigarette (contre 23,5 pour la cigarette et la chicha), et au niveau alvéolaire de 14% (contre 14,5% pour la cigarette et la chicha). [Note personnelle : Ceci suggère que l'absorption de la nicotine avec la ecigarette devrait être suffisante pour produire des nicotinémies significatives]

Le point le plus intéressant en terme de vapotage passif, est que la demi-vie de l’aérosol (courant tertiaire) de la ecigarette est très courte (11 secondes) par rapport à celle de la fumée de tabac (>17 minutes) et que la majorité se disperse rapidement sous forme gazeuse. Le risque de vapotage passif semble donc, selon les auteurs être très limité, mis à part la présence éventuelle de nicotine résiduelle dans l’air ambiant (non mesuré dans l’étude) et sur les surfaces où elle peut se déposer.

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Publié le 5 Mars 2013

Mme Marisol Touraine
Ministre des Affaires sociales et de la santé
14, avenue Duquesne
75350 PARIS 07 SP

Rennes, 5 mars 2013

Chère Madame la Ministre,

Je vous ai entendu aujourd’hui sur France Info à propos de la cigarette électronique et de l’enquête que vous avez demandée à vos services. Je vous écris en tant que scientifique, spécialiste de la nicotine et de la dépendance au tabac depuis presque 30 ans (première thèse de science sur ce sujet en France) pour vous proposer de rencontrer vos services afin de leur exposer mon analyse sur la e-cigarette. J’ai déjà alerté certains députés européens à propos de la proposition de nouvelle Directive sur les produits du tabac. En particulier, concernant les e-cigarettes, à les classer pour la grande majorité comme des médicaments.

Alors qu’une réglementation raisonnée protégeant le consommateur (en contrôlant la qualité des e-cigarettes et des e-liquides associés) pourrait être un bienfait pour la santé publique, une réglementation trop contraignante, telle qu’elle est actuellement proposée dans le projet de Directive (en imposant aux fabricants de réglementer la e-cigarette comme un médicament), pourrait simplement priver les fumeurs d’une option considérablement moins nocive que la cigarette conventionnelle, qui par ailleurs est, elle, très peu réglementée et bien plus accessible.

Il est bon de rappeler à ce sujet, que chaque année 70 000 personnes meurent du tabac en France, plus de 500 000 en Europe, et plus de 5 millions dans le monde. Et comme l’a souligné récemment le rapport accablant de la Cour des comptes (http://www.ccomptes.fr/Actualites/A-la-une/Les-politiques-de-lutte-contre-le-tabagisme), les politiques de santé contre le tabagisme n’ont pas été à la hauteur, surtout en France, mais pas seulement, et le lobbying forcené de l’industrie du tabac n’y est pas étranger.

En Europe, l’Angleterre sort du lot et a mis en place une politique efficace depuis les années 2000. Cette politique a porté ses fruits et le nombre de fumeurs a considérablement baissé outre-Manche alors qu’il a augmenté en France entre 2005 et 2010 (à ce propos, nous manquons aussi cruellement de données récentes en France!).
L’Angleterre est aussi en avance concernant la réduction du risque tabagique et des recommandations, incluant la place de la e-cigarette, sont à l’étude par NICE, et seront disponibles prochainement http://guidance.nice.org.uk/PHG/52.

En France, la réglementation actuelle autorise la vente de cartouches contenant moins de 10 mg de nicotine, et de e-liquide ayant une concentration de moins de 20 mg/ml (il existe des concentrations supérieures, mais selon l’agence de réglementation des médicaments, l’ANSM, il faut alors une autorisation de mise sur le marché, comme pour un médicament http://ansm.sante.fr/S-informer/Points-d-information-Points-d-information/Cigarette-electronique-Point-d-information). Cette situation satisfait pleinement pour l’instant les utilisateurs de e-cigarette. La proposition de nouvelle Directive imposerait une limite de 2 mg par cartouche, ou de 4 mg/ml pour les e-liquides. Pour un pharmacologue, cela indique que ces concentrations ne permettraient pas aux utilisateurs d’obtenir des concentrations sanguines suffisantes pour apaiser leurs symptômes de sevrage, et les obligeraient alors de continuer à fumer pour obtenir les doses de nicotine dont ils ont besoin, à cause de leur dépendance.

Or, tout l’intérêt de la e-cigarette est justement de permettre à son utilisateur d’abandonner rapidement la cigarette, comme en attestent les nombreux messages d’utilisateurs sur les forums de discussion qu’ils ont créés (ces discussions représentent un phénomène nouveau, jamais vu auparavant chez les fumeurs). Ils comptent tous d’ailleurs le nombre de cigarettes (qu’ils appellent «tueuses» ou «cancerettes») qu’ils n’ont pas fumées depuis qu’ils ont commencé la e-cigarette et l’indiquent dans leur signature sur ces forums. Considérant que la fumée de tabac contient, hormis la nicotine qui entretient la dépendance mais ne cause pas les maladies liées au tabac, plus de 7000 substances chimiques, dont le monoxyde de carbone et les gaz oxydants, toxiques pour le système cardio-vasculaire, et les substances cancérigènes, utiliser la e-cigarette permet à ces utilisateurs d’apaiser leur manque de nicotine en éliminant immédiatement l’exposition dangereuse à toutes ces substances toxiques.

Il serait dommage, à cause d’une réglementation trop stricte, d’arrêter ce phénomène qui pourrait enfin voir se réaliser ce que prédisait en 1991 l’un des pionniers de la recherche sur la dépendance tabagique, Michael Russell: «Ce n’est pas tant l’efficacité à court terme des nouveaux substituts nicotiniques comme aide à l’arrêt, mais plutôt leur potentiel à devenir des substituts à long-terme de la cigarette, qui fait de l’élimination du tabagisme un but réaliste… Ces futurs produits devraient être activement promus sur un marché ouvert afin d’entrer en compétition avec le tabac. Il faudra pour cela que les autorités de santé les approuvent, que leurs taxes soient faibles, et que les mouvements anti-tabac les soutiennent afin que l’éradication progressive du tabagisme soit un but atteignable.»

Nous sommes, sur le site www.treatobacco.net, dont je suis le Directeur, en train de collecter l’ensemble des données scientifiques sur la e-cigarette, et nous allons les mettre en ligne prochainement.

Je me mets donc à votre disposition pour de plus amples renseignements concernant la e-cigarette et les données scientifiques dont nous disposons.

Veuillez agréer Madame la Ministre, l’expression de ma considération distinguée.

Jacques Le Houezec
Conseil en Santé publique, Dépendance tabagique
Honorary Lecturer, UK Centre for Tobacco Control Studies, University of Nottingham, England.
Directeur, www.treatobacco.net
Blog : http://jlhamzer.over-blog.com/

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Publié le 25 Février 2013

Cet article est inspiré et reprend en partie les arguments développé par Clive Bates sur son blog : http://www.clivebates.com/?p=890

Le Comité ENVI (Environnement, Santé publique et Sécurité alimentaire) du Parlement européen, s’est réuni hier 25 février 2013 afin d’entendre les présentations de témoins invités à commenter le projet de Directive sur les produits du tabac. Si le comité ENVI ne modifie pas certains articles de la future Directive, cela risque non seulement d’affecter la Santé publique européenne, mais aussi de protéger l’industrie de la cigarette!

La Directive sur les produits du tabac couvre de nombreux aspects du contrôle du tabac, comme les avertissements sanitaires, les emballages, la contrebande etc…, mais elle concerne aussi le tabac non fumé, le tabac oral (snus), les produits contenant de la nicotine comme la e-cigarette ou de nouveau produits du tabac (ou celui-ci est chauffé mais pas brûlé), mais aussi la réglementation des émissions de fumée des produits combustibles. Elle devrait donc couvrir le concept de réduction du risque tabagique. Si l’on ne fait rien de plus qu’actuellement, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a prévu 1 milliard de morts au 21ème siècle (contre 100 millions au 20ème siècle!). Alors que la réduction du risque devrait être menée par des stratégie prenant en compte le marché, les consommateurs et une réglementation adaptée, aucun expert ayant une crédibilité dans ces domaines n’a été invité par le comité ENVI. Par contre l’association européenne des fabricant de cigarettes y sera représentée!

Tout comme Clive Bates, j’ai aussi envoyé une lettre à certains membres du comité ENVI: voir Ma lettre à Madame Sandrine BELIER, députée européenne.

La Directive doit promouvoir la réduction du risque et non protéger l’industrie de la cigarette

Les bénéfices. Le phénomène de la e-cigarette est mondial et s’est répandu à très grande vitesse, en partie grâce aux utilisateurs (vapeurs ou vapoteurs) qui partagent leurs expériences sur des forums de discussions sur internet. C’est un phénomène nouveau, les fumeurs n’ont jamais communiqué ainsi lorsqu’ils essayaient d’arrêter de fumer, et qui semble tellement bien fonctionner que nombre d’utilisateurs semblent abandonner rapidement la consommation de cigarettes conventionnelles. Ce phénomène a pu se développer parce que la e-cigarette est efficace, et procure aux vapeurs une sensation de satisfaction, qui leur rappelle la sensation obtenue avec la cigarette et qu’ils appellent le « hit ». C’est quelque chose de tout à fait nouveau par rapport aux substituts nicotiniques (traitement nicotinique de substitution ou TNS), qui délivrent lentement une dose de « fond » de nicotine qui atténue les effets du sevrage, mais ne procure pas se plaisir. C’est une différence FONDAMENTALE !
Avec la e-cigarette, nous tenons probablement le produit qui pourrait entrer en compétition avec la cigarette et à terme réduire considérablement son utilisation, voire la faire disparaître. C’est la vision qu’avait un des pionniers de la recherche sur la dépendance au tabac, Michael Russell, en 1991 quand il disait : «Ce n’est pas tant l’efficacité à court terme des nouveaux substituts nicotiniques comme aide à l’arrêt, mais plutôt leur potentiel à devenir des substituts à long-terme de la cigarette, qui fait de l’élimination du tabagisme un but réaliste… Ces futurs produits devraient être activement promus sur un marché ouvert afin d’entrer en compétition avec le tabac. Il faudra pour cela que les autorités de santé les approuvent, que leurs taxes soient faibles, et que les mouvements anti-tabac les soutiennent afin que l’éradication progressive du tabagisme soit un but atteignable.» Avec cette nouvelle Directive européenne, l’Europe a la possibilité de devenir le chef de file de cette transformation.

Les risques. La e-cigarette ne doit pas être considérée comme étant sans risque, mais compte tenu de sa composition ce risque est considérablement moindre que le risque lié au tabagisme, d’au moins deux ordres de magnitude, soit 99% moins dangereuse selon les estimations plausibles actuelles. Le risque le plus important n’est pas lié à son utilisation, mais à l’ingestion accidentelle de nicotine contenue dans les cartouches ou les flacons de e-liquide (encore que la toxicité de la nicotine ingérée n’est pas forte, car en milieu acide dans l’estomac elle est peu absorbée, et subit de toute façon un très fort effet de premier passage hépatique, la dégradant à près de 70%). Ceci risque peut être pris en compte par un étiquetage approprié et des flacons évitant l’ouverture accidentelle, en particulier par les enfants. Des traces de contaminants cancérigènes comme les nitrosamines ont été retrouvés dans certains e-liquides, mais des traces similaires sont retrouvées dans les TNS (contenant eux aussi de la nicotine extraite du tabac), mais aussi dans l’alimentation. Les concentrations sont très faibles et ne présentent apparemment pas de risque important pour la santé. En tout état de cause, ce risque est infime par rapport à celui des goudrons, du monoxyde de carbone (CO) et des gaz oxydant de la fumée de tabac.

Les seuils proposés par la Directive. Les vapeurs, comme les fumeurs, contrôlent la quantité de nicotine qu’ils s’administrent en modifiant le nombre et l’intensité des bouffées qu’ils prennent. C’est quelque chose qui ne peut être réalisé avec le TNS, ce qui explique peut être en partie son efficacité modérée dans l’aide à l’arrêt, mais qui surtout pointe le fait qu’il ne faut pas comparer les doses de TNS à celles des e-cigarettes ou des e-liquides. Plus la vapeur de e-cigarette est concentrée en nicotine, plus il est facile pour une personne dépendante du tabac d’obtenir la dose de nicotine qui va satisfaire son besoin et atténuer ses symptômes de manque. En France, les e-liquides ont une concentration en nicotine qui varie de 0 mg/ml (sans nicotine) à moins de 20 mg/ml (selon les normes imposées par l’ANSM, au-delà de ces concentrations une autorisation de mise sur le marché (AMM), comme un médicament, serait nécessaire). On trouve généralement dans le commerce les doses de 0, 6, 11 et 16 ou 18 mg/ml. Le projet de nouvelle Directive, dans son article 18.1, propose de limiter la concentration des e-liquides disponibles dans le commerce sans AMM à 4 mg/ml, ou à une dose qui ne produirait pas de concentrations plasmatiques de nicotine (nicotinémie) plus élevées que 4 ng/ml (la nicotinémie d’un fumeur se situe entre 30 et 50 ng/ml environ, et une cigarette permet d’obtenir une nicotinémie de l’ordre de 10 à 15 ng/ml). Un tel seuil ne permettrait donc pas de palier au manque de nicotine d’un fumeur, et conduirait donc le vapeur à continuer de fumer. Elle nécessiterait aussi que les fabricants souhaitant vendre des e-liquides plus concentrés remplissent les conditions d’une demande d’AMM, comme pour un médicament, et seraient alors régis par la Directive 2001/83/EC du médicament. Mais ceci serait-il :

  • Approprié? Les e-cigarettes ne sont pas des médicaments. Ces produits sont des alternatives à la cigarette, mais délivrent de la nicotine de façon beaucoup plus sûre. Tels qu’ils sont vendus actuellement, ces produits ne sont pas des variantes du TNS et les fabricants ne les présentent pas comme des produits d’aide à l’arrêt du tabac. Ils devraient plutôt être considérés comme des produits de consommation courante et réglementés par les lois de protections des consommateurs, qui sont très bien développées en Europe (appareils électriques, alimentation, cosmétiques, substances toxiques). Une réglementation appropriée peut être trouvée pour la e-cigarette.
  • Proportionné? La Directive du médicament impose des contraintes substantielles de coûts et de restrictions, qui incluent la réalisation d’essais cliniques, d’analyses bénéfice/risque, de pharmacovigilance, de normes de fabrications « stériles », et nombre de contraintes concernant l’emballage, l’étiquetage et la vente. Le processus d’autorisation est lent et nécessiterait une demande séparée pour chaque produit (il existe un très grand nombre de types et de modèles de e-cigarettes). Ces contraintes pousserait sans doute un grand nombre de compagnies à déposer le bilan, et à laisser la place à l’industrie du tabac, à l’industrie pharmaceutique, voire à créer un marché parallèle et de la contrebande.
  • Juste? Imposer cette réglementation stricte à la e-cigarette, sans le faire pour la cigarette conventionnelle avec laquelle elle est en compétition, créerait un déséquilibre en faveur de la cigarette. Ce serait au détriment de la réduction du risque tabagique.

Ces arguments sont développés plus en détail dans un livre écrit par le Professeur Jean-François Etter, de l’Université de Genève. La cigarette électronique : une alternative au tabac ?

2. le snus et les autres tabacs non fumés

A suivre…

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