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Publié le 29 Mai 2014

Dr Margaret Chan
Directrice Générale
Organisation Mondiale de la Santé

Avenue Appia 20
CH-1211 Genève 27

 

CC : Secrétariat de la CCLAT, Parties de la CCLAT, Bureaux régionaux de l'OMS

 

26 mai 2014

 

Réduire le nombre de décès et de maladies dus au tabagisme – La réduction du risque tabagique et la Convention cadre pour la lutte antitabac (CCLAT)

 

Chère Dr Chan,

Nous vous écrivons avant le début des importantes négociations sur les politiques de contrôle du tabac qui auront lieu plus tard cette année, lors de la sixième Conférence des Parties (CdP) de la CCLAT. Le travail de l'OMS et la CCLAT restent cruciaux dans la réduction du nombre intolérable de cancers, de maladies cardiovasculaires et de maladies respiratoires, causés par l'usage du tabac. Comme l'OMS l'a déclaré, le tabac causera au 21ème siècle jusqu'à un milliard de décès prématurés et évitables. Un tel nombre de décès, de maladies et les souffrances qui les accompagnent, exigent que nous recherchions sans relâche toutes les manières pratiques, éthiques et légales possibles pour réduire ce fardeau.

Nous constatons avec inquiétude qu'une stratégie critique semble avoir été négligée ou même délibérément marginalisée dans les préparatifs de la CdP-6 de la CCLAT. Il s'agit de la stratégie de «réduction du risque tabagique» - l'idée que les 1,3 milliard de personnes qui fument actuellement pourraient faire beaucoup moins de mal à leur santé s'ils consommaient de la nicotine sous une forme à faible risque, non-combustible.

Nous savons depuis des années que les gens «fument pour la nicotine, mais meurent de la fumée» : la grande majorité des décès et des maladies attribuables au tabac proviennent de l'inhalation de particules de goudron et de gaz toxiques dans les poumons. Nous observons un rapide développement de produits à base de nicotine qui peuvent effectivement se substituer aux cigarettes, mais présentant des risques très faibles. Ce sont, par exemple, les e-cigarettes et d'autres produits vaporisés, du tabac non fumé à faible contenu en nitrosamines, comme le snus, et d'autres produits non combustibles à faible risque à base de nicotine ou de tabac, qui peuvent devenir des alternatives viables au tabagisme dans l'avenir. Pris ensemble, ces produits de réduction du risque pourraient jouer un rôle important pour atteindre les objectifs de 2025 de l'ONU concernant les maladies non transmissibles (MNT), en faisant baisser la prévalence tabagique et la consommation de cigarettes. En effet, il est difficile d'imaginer des réductions importantes des maladies non transmissibles liées au tabac sans la contribution de la stratégie de réduction du risque tabagique. Même si la plupart d'entre nous préfèreraient que les gens arrêtent de fumer et d'utiliser de la nicotine, l'expérience montre que de nombreux fumeurs ne peuvent pas ou ne veulent pas renoncer à la nicotine et continueront à fumer s'il n'y a pas d'alternative plus sûre disponible qui soit acceptable pour eux.

 

Nous suggérons respectueusement que les principes suivants devraient sous-tendre l'approche de santé publique de la réduction du risque tabagique, sous l'impulsion de l'OMS:

 

  1. La réduction du risque tabagique fait partie de la solution et non du problème. Elle pourrait apporter une contribution significative à la réduction du fardeau mondial que représentent les maladies non transmissibles causées par le tabagisme, et le faire beaucoup plus rapidement que les stratégies classiques. Si les instances régulatrices traitent les produits à base de nicotine à faible risque de la même manière que les produits du tabac traditionnels, et cherchent à réduire leur utilisation sans reconnaissance de leur potentiel en tant qu'alternative à faible risque au tabagisme, elles les définissent incorrectement comme une partie du problème.

  2. Les politiques de réduction du risque tabagique doivent être proportionnelles au risque et fondées sur les preuves, et tenir compte de la réduction importante de risque qui est obtenue lorsqu'un fumeur passe à un produit à base de nicotine à faible risque. La règlementation doit être proportionnée et équilibrée pour exploiter les bénéfices considérables pour la santé, tout en gérant les risques résiduels. L'architecture de la CCLAT n'est actuellement pas bien adaptée à cet effet.

  3. Par mesure de précaution, les instances régulatrices devraient éviter de soutenir les mesures qui pourraient avoir l'effet pervers de prolonger la consommation de cigarettes. Les politiques qui sont excessivement restrictives ou contraignantes pour les produits à faible risque peuvent avoir pour conséquence involontaire de protéger les cigarettes de la concurrence des alternatives moins dangereuses, et par là même de causer des dommages. Toute politique relative aux produits à faible risque, c’est-à-dire les produits non combustibles à base de nicotine, doit être évaluée pour ce potentiel effet pervers.

  4. Les objectifs et les indicateurs de réduction de la consommation de tabac devraient être ciblés afin d'atteindre le but ultime de réduire les maladies et les morts prématurées, sans se focaliser sur l'utilisation de la nicotine en soi, et donc se concentrer principalement sur la réduction du tabagisme. Lors de la conception des objectifs du cadre des Maladies Non Transmissibles (MNT) ou sur les Objectifs de Développement Durable, il serait contre-productif et potentiellement dangereux d'inclure les produits à base de nicotine à faible risque, telles que les e-cigarettes, au sein de ces objectifs. Au contraire, ces produits devraient avoir un rôle important dans la réalisation de ces objectifs.

  5. La réduction du risque tabagique est fortement compatible avec les bonnes politiques et pratiques de santé publique, et il serait contraire à l'éthique et nuisible d'empêcher les fumeurs de passer à des produits de réduction du risque. Comme la Charte d'Ottawa de l'OMS l’affirme: «la promotion de la santé est le processus qui permet aux personnes de mieux contrôler et d’améliorer leur santé". La réduction du risque tabagique permet aux fumeurs de contrôler les risques associés à la prise de nicotine et de la réduire à des niveaux très faibles ou négligeables.

  6. Il est contre-productif d'interdire la publicité pour les e-cigarettes et pour les autres alternatives au tabagisme à faible risque. Le cas de l'interdiction de la publicité du tabac repose sur les méfaits que le tabac provoque, mais aucun argument de ce type ne peut s'appliquer, par exemple aux e-cigarettes, qui sont beaucoup plus susceptibles de réduire les dommages par la réduction du tabagisme. Le contrôle de la publicité visant les non-fumeurs, et en particulier les jeunes est certainement justifiée, mais une interdiction totale aurait de nombreux effets négatifs, y compris la protection du marché de la cigarette et le soutien implicite pour les compagnies de tabac. Il est possible de cibler la publicité vers les fumeurs, pour qui les avantages sont potentiellement énormes et les risques minimes. Il est inapproprié d'appliquer l'article 13 de la CCLAT (publicité sur le tabac, promotion et parrainage) à ces produits.

  7. Il est inapproprié d'appliquer aux produits vaporisés la législation visant à protéger les personnes ou les travailleurs contre la fumée de tabac. Il n'existe aucune preuve à l'heure actuelle de risque significatif pour la santé de la vapeur émise par les e-cigarettes. Les décisions quant à savoir s'il est permis ou interdit d'utiliser une e-cigarette dans un espace particulier devraient incomber aux propriétaires ou exploitants de ces espaces publics, qui peuvent prendre un large éventail de facteurs en compte. L'article 8 de la CCLAT (Protection contre l'exposition à la fumée de tabac) ne doit pas être appliqué à ces produits.

  8. Le régime fiscal pour les produits à base de nicotine doit tenir compte du risque, et être organisé pour inciter les utilisateurs à basculer du tabagisme vers les produits à faible risque. Une taxation excessive des produits à faible risque par rapport au tabac fumé dissuaderait les fumeurs de les essayer et causerait plus de tabagisme et de mal qu'une taxation raisonnable.

  9. L'OMS et les gouvernements nationaux devraient adopter une vision objective des arguments scientifiques, et ne pas accepter ou promouvoir les interprétations erronées des données diffusées par les média ou certains activistes. Par exemple, on a fait grand cas de «l’effet de passerelle», dans lequel l'utilisation de produits à faible risque pourrait, dit-on, amener à utiliser des produits fumés à haut risque. Nous ne sommes au courant d'aucune preuve crédible qui soutiendrait cette hypothèse. En effet, des arguments similaires ont été faits sur l'utilisation de tabac sans fumée en Scandinavie, mais la preuve est désormais faite que ce type de produit a apporté une contribution significative à la réduction de la prévalence tabagique et des maladies liées au tabac, en particulier chez les hommes.

  10. L'OMS et les Parties de la Convention cadre doivent se baser sur des évaluations scientifiques et politiques objectives, dans une perspective internationale. Le Groupe d'étude de l'OMS sur la réglementation des produits du tabac (TobReg) a produit une série de rapports d'experts de haute qualité entre 2005 et 2010. Ce comité devrait être composé d'experts de renommée mondiale et chargé de fournir d'autres conseils indépendants de haute qualité à l'OMS et aux Parties, sur les questions soulevées ci-dessus.

 

 

Le potentiel de ces produits de réduire le risque tabagique, afin de réduire le fardeau des maladies dues au tabagisme, est très grand, et ces produits pourraient être parmi les innovations les plus importantes du 21ème siècle en matière de santé– pouvant peut-être sauver des centaines de millions de vies. L'envie de les contrôler et de les supprimer, en tant que produits du tabac, devrait être réfrénée, et une réglementation adaptée à leur usage et conçue pour libérer leur potentiel devrait être défendue par l'OMS. Nous sommes profondément préoccupés par le fait que la classification de ces produits en tant que produits du tabac, et leur inclusion dans la Convention cadre, puisse faire plus de mal que de bien, et entraver les efforts visant à atteindre les objectifs de réduction des maladies non transmissibles, pour lesquels nous sommes tous engagés. Nous espérons que, sous votre direction, l'OMS et la CCLAT seront à l'avant-garde scientifique, qu'ils adopteront une politique contre le tabac efficace et éthique, incluant la réduction du risque tabagique.


Nous vous serions reconnaissants de bien vouloir nous adresser votre réaction à ces propositions.
 

Cordialement,

 

 

Signataires de cette déclaration au 26 mai 2014

Professor David Abrams
Professor of Health Behavior and Society.
The Johns Hopkins Bloomberg School of
Public Health. Maryland. USA.
Professor of Oncology (adjunct).
Georgetown University Medical Center,
Lombardi Comprehensive Cancer Center.
Washington DC.
United States of America

Professor Tony Axéll
Emeritus Professor Geriatric Dentistry
Consultant in Oral Medicine
Sweden

Professor Pierre Bartsch
Respiratory physician,
Faculty of Medicine
University of Liège
Belgium

Professor Linda Bauld
Professor of Health Policy
Director of the Institute for Social Marketing
Deputy Director, UK Centre for Tobacco
and Alcohol Studies
University of Stirling
United Kingdom

Professor Ron Borland
Nigel Gray Distinguished Fellow in Cancer
Prevention at Cancer Council Victoria
Professorial Fellow School of Population
Health and Department of Information
Systems
University of Melbourne,
Australia

Professor John Britton
Professor of Epidemiology;
Director, UK Centre for Tobacco & Alcohol
Studies,
Faculty of Medicine & Health Sciences
University of Nottingham,
United Kingdom

Associate Professor Chris Bullen
Director, National Institute for Health
Innovation
School of Population Health,
University of Auckland,
New Zealand

Professor Emeritus André Castonguay
Faculty of Pharmacy
Université Laval,
Quebec,
Canada.

Dr Lynne Dawkins
Senior Lecturer in Psychology,
Co-ordinator: Drugs and Addictive
Behaviours Research Group
School of Psychology,
University of East London,
United Kingdom

Professor Ernest Drucker
Professor Emeritus
Department of Family and Social Medicine,
Montefiore Medical Center/Albert Einstein
College of Medicine
Mailman School of Public Health
Columbia University
United States of America

Professor Jean François Etter
Associate Professor
Institut de santé globale,
Faculté de médecine,
Université de Genève,
Switzerland

Dr Karl Fagerström
President, Fagerström Consulting AB,
Vaxholm,
Sweden

Dr Konstantinos Farsalinos
Researcher, Onassis Cardiac Surgery
Center, Athens, Greece
Researcher, University Hospital
Gathuisberg, Leuven,
Belgium

Professor Antoine Flahault
Directeur de l'Institut de Santé Globale
Faculté de Médecine, Université de
Genève, Suisse/ Institute of Global Health,
University of Geneva, Switzerland
Professor of Public Health at the Faculté
de Médecine, Université Paris Descartes,
Sorbonne Paris Cité,
France

Dr Coral Gartner
Senior Research Fellow
University of Queensland Centre for
Clinical Research
The University of Queensland,
Australia

Dr Guillermo González
Psychiatrist
Comisión de Rehabilitación en Enfermedad
Mental Grave
Clínica San Miguel
Madrid,
Spain

Dr Nigel Gray
Member of Special Advisory Committee on
Tobacco Regulation of the World Health
Organization
Honorary Senior Associate
Cancer Council Victoria
Australia

Professor Peter Hajek
Professor of Clinical Psychology and
Director, Health and Lifestyle Research
Unit
UK Centre for Tobacco and Alcohol
Studies
Wolfson Institute of Preventive Medicine,
Barts and The London School of Medicine
and Dentistry Queen Mary University of
London,
United Kingdom

Professor Wayne Hall
Director and Inaugural Chair, Centre for
Youth Substance Abuse Research
University of Queensland
Australia

Professor John Hughes
Professor of Psychology, Psychiatry and
Family Practice
University of Vermont
United States of America

Professor Martin Jarvis
Emeritus Professor of Health Psychology
Department of Epidemiology & Public
Health
University College London,
United Kingdom

Professor Didier Jayle
Professeur d’addictologie
Conservatoire National des Arts et Métiers
Paris,
France

Dr Martin Juneau
Directeur, Direction de la Prévention
Institut de Cardiologie de Montréal
Professeur Titulaire de Clinique
Faculté de Médecine,
Université de Montréal,
Canada

Dr Michel Kazatchkine
Member of the Global Commission on Drug
Policy
Senior fellow, Global Health Program,
Graduate institute, Geneva,
Switzerland

Professor Demetrios Kouretas
School of Health Sciences and Vice Rector
University of Thessaly,
Greece

Professor Lynn Kozlowski
Dean, School of Public Health and Health
Professions,
Professor of Community Health and Health
Behavior,
University at Buffalo,
State University of New York,
United States of America

Professor Eva Králíková
Institute of Hygiene and Epidemiology
Centre for Tobacco-Dependence
First Faculty of Medicine
Charles University in Prague and General
University Hospital in Prague,
Czech Republic

Professor Michael Kunze
Head of the Institute for Social Medicine
Medical University of Vienna,
Austria

Dr Murray Laugesen
Director
Health New Zealand, Lyttelton,
Christchurch,
New Zealand

Dr Jacques Le Houezec
Consultant in Public Health, Tobacco
dependence,
Rennes,
France
Honorary Lecturer, UK Centre for Tobacco
Control Studies,
University of Nottingham,
United Kingdom

Dr Kgosi Letlape
President of the Africa Medical Association
Former President of the World Medical
Association
Former Chairman of Council of the South
African Medical Association
South Africa

Dr Karl Erik Lund
Research director
Norwegian Institute for Alcohol and Drug
Research,
Oslo,
Norway

Dr Gérard Mathern
Président de l'Institut Rhône-Alpes de
Tabacologie
Saint-Chamond,
France

Professor Richard Mattick
NHMRC Principal Research Fellow
Immediate Past Director NDARC (2001-
2009)
National Drug and Alcohol Research
Centre (NDARC)
Faculty of Medicine
The University of New South Wales,
Australia

Professor Ann McNeill
Professor of Tobacco Addiction
Deputy Director, UK Centre for Tobacco
and Alcohol Studies
National Addiction Centre
Institute of Psychiatry
King's College London,
United Kingdom

Dr Hayden McRobbie
Reader in Public Health Interventions,
Wolfson Institute of Preventive Medicine,
Queen Mary University of London,
United Kingdom

Dr Anders Milton
Former President of the Swedish Red Cross
Former President and Secretary of the
Swedish Medical Association
Former Chairman of the World Medical
Association
Owner & Principal Milton Consulting,
Sweden

Professor Marcus Munafò
Professor of Biological Psychology
MRC Integrative Epidemiology Unit at the
University of Bristol
UK Centre for Tobacco and Alcohol Studies
School of Experimental Psychology
University of Bristol,
United Kingdom

Professor David Nutt
Chair of the Independent Scientific
Committee on Drugs (UK)
Edmund J Safra Professor of
Neuropsychopharmacology
Head of the Department of
Neuropsychopharmacology and Molecular
Imaging
Imperial College London,
United Kingdom

Dr Gaston Ostiguy
Professeur agrégé
Directeur de la Clinique de cessation
tabagique
Centre universitaire de santé McGill
(CUSM)
Institut thoracique de Montréal,
Canada

Professor Riccardo Polosa
Director of the Institute for Internal
Medicine and Clinical Immunology,
University of Catania,
Italy.

Dr Lars Ramström
Director
Institute for Tobacco Studies
Täby,
Sweden

Dr Martin Raw
Special Lecturer
UK Centre for Tobacco and Alcohol
Studies
Division of Epidemiology and Public Health
University of Nottingham,
United Kingdom

Professor Andrzej Sobczak
Department of General and Inorganic
Chemistry,
Faculty of Pharmacy and Laboratory
Medicine,
Medical University of Silesia, Katowice,
Poland
Institute of Occupational Medicine and
Environmental Health
Sosnowiec,
Poland

Professor Gerry Stimson
Emeritus Professor, Imperial College
London;
Visiting Professor, London School of
Hygiene and Tropical Medicine
United Kingdom

Professor Tim Stockwell
Director, Centre for Addictions Research of BC
Professor, Department of Psychology
University of Victoria, British Columbia,
Canada

Professor David Sweanor
Adjunct Professor, Faculty of Law,
University of Ottawa
Special Lecturer, Division of Epidemiology
and Public Health,
University of Nottingham,
United Kingdom

Professor Umberto Tirelli
Director Department of Medical Oncology
National Cancer Institute of Aviano
Italy

Professor Umberto Veronesi
Scientific Director
IEO Istituto Europeo di Oncologia
Former Minister of Health,
Italy

Professor Kenneth Warner
Avedis Donabedian Distinguished
University Professor of Public Health
Professor, Health Management & Policy
School of Public Health
University of Michigan
United States of America

Professor Robert West
Professor of Health Psychology and
Director of Tobacco Studies
Health Behaviour Research Centre,
Department of Epidemiology & Public
Health,
University College London
United Kingdom

Professor Dan Xiao
Director of Department Epidemiology
WHO Collaborating Center for Tobacco or
Health
Beijing Institute of Respiratory Medicine,
Beijing Chao-Yang Hospital,
China

Dr Derek Yach
Former Executive Director, Non-
Communicable Diseases
Former Head of Tobacco Free Initiative,
World Health Organisation (1995-2004)
Senior Vice President Vitality Group plc
Director, Vitality Institute for Health
Promotion
United States of America

 

 

 

 

 

 

 

 


 

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Publié le 28 Mai 2014

Mise à jour de la position de ASH (Londres) sur l'ecig.

http://www.ash.org.uk/files/documents/ASH_715.pdf

1. Les cigarettes électroniques ne sont pas des cigarettes. Elles ne contiennent pas de tabac et leur utilisation n'est pas fumer.

2. ASH, en ligne avec les recommandations de NICE sur la réduction du risque, indique qu'il est toujours mieux de cesser toutes les formes d'utilisation de la nicotine.

3. Cependant, pour ceux qui restent dépendants à la nicotine, NICE recommande l'utilisation de produits contenant de la nicotine comme alternative à la cigarette ou pour réduire sa consommation, ou en cas d'abstinence temporaire, pour aider à réduire les méfaits du tabagisme.

4. NICE ne peut pas recommander l'utilisation de la nicotine par des produits non médicamenteux, mais de nombreux fumeurs trouvent que les cigarettes électroniques peuvent les aider. Les enquêtes de ASH montrent que leur utilisation a triplé au cours des deux dernières années, passant de 700.000 à 2,1 millions d'utilisateurs.

5. Les cigarettes électroniques se révèlent plus attrayantes pour les fumeurs que les substituts nicotiniques, tout en leur offrant une alternative plus sûre par rapport à la cigarette. Des preuves existent qu'elles peuvent être efficaces pour aider les fumeurs à arrêter, et peu de preuves qu'elles sont utilisées par des personnes n'ayant jamais fumé.

6. Le nombre d'enfants et de jeunes qui utilisent régulièrement des cigarettes électroniques reste très faible et leur utilisation est presque entièrement due aux fumeurs et aux ex-fumeurs. C'est aussi ce que l'on observe dans d'autres pays comme les Etats-Unis.

7. ASH est en faveur d'une réglementation renforcée pour assurer la sécurité et la fiabilité des cigarettes électroniques et empêcher leur promotion aux non-fumeurs et aux enfants.
8. Toutefois, en l'absence de preuve de préjudice important pour les personnes à proximité, ASH ne soutient pas l'idée d'inclure les cigarettes électroniques dans les lois d'interdiction de fumer, qui interdirait complètement leur utilisation dans les lieux publics.

Nos associations de lutte antitabac et autres Haut conseil de la santé publique pourraient s'en inspirer... c'est un peu plus basé sur les preuves !

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Publié le 25 Mai 2014

AIDUCE : "Né au début de 2013, il y a un an Aiduce s’ouvrait aux adhérents. Quel combat nous avons mené depuis ! D’une sombre vallée menacée d’ennemis redoutables et sans merci, l’association mue par ses volontaires a combattu les réseaux d’influence des puissants lobbies, les partisans du pouvoir arbitraire, les dogmatiques de la ‘dénormalisation’, les fanatiques du comportement prescrit ; en rassurant les vapoteurs qu’ils n’étaient pas seuls ; en puisant de leur intelligence et expérience ; pour qu’aujourd’hui nous apercevions des lueurs d’espoir nous guider à travers les champs encore piégés par les démons de l’ignorance et de monstrueux intérêts commerciaux ; vers les hautes terres où nous serons libres, en adultes responsables, de choisir une alternative inoffensive et efficace au tabac. Voici notre histoire."

http://www.aiduce.fr/aiduce-presentation-bilan/

Mais n'oubliez pas, si vous voulez qu'AIDUCE continue sa route, il faut signer et faire signer l'ICE de l'EFVI !

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Publié le 14 Mai 2014

Mise à jour: 31/05/14
Mon message sur le blog de Mme Touraine a été validé.

Notre Ministre de la santé répond à Nicolas Bedos, daignera-t-elle répondre à mon message? (pas à ce jour en tout cas)

http://www.marisoltouraine.fr/2014/05/lettre-a-nicolas-bedos/

J'en doute. Je le reproduis donc ici.

Madame la Ministre,
Je vous ai déjà écrit plusieurs fois, sans réponse… http://jlhamzer.over-blog.com/d%C3%A9saccord-avec-les-propos-de-la-ministre-de-la-sant%C3%A9-concernant-la-e-cigarette
Les ventes de cigarettes reculent comme jamais (http://jlhamzer.over-blog.com/2014/05/les-ventes-de-cigarettes-reculent-encore-de-7-9-en-mars.html), est-ce un hasard? NON !
Les arguments que vous avancez pour limiter l’utilisation du vaporisateur personnel de nicotine (VPN), comme je préfère l’appeler, ne sont validés par aucune étude scientifique. Tout comme la réglementation proposée par l’Europe (http://jlhamzer.over-blog.com/2014/01/d%C3%A9claration-scientifique-sur-la-directive-tabac-europ%C3%A9enne.html). La France pourrait devenir, grâce à la situation particulière que nous avons jusqu’à présent, un laboratoire expérimental de l’utilisation du VPN. Réfléchissez, vous pourriez devenir la Ministre qui a eu la vision de l’avenir, celle qui aura eu le courage politique de résister à l’appel de Big Tobacco, et qui démontrera que le VPN peut sauver des vies. Vous le savez très bien, 73000 morts par an, 200 par jour (et encore, si seulement nous avions des données plus récentes!!!). Ne soyez pas sourde aux messages innombrables des vapeurs. Ecoutez-les. Travaillons ensemble à définir des normes de fabrication, qui rassureront les utilisateurs, et convaincront les fumeurs que ce produit peut leur sauver la vie. Vous ferez la plus belle action de santé publique du siècle! Regardez, écoutez, même les tabacologues ne sont pas sourds à ce point (http://jlhamzer.over-blog.com/2014/04/l-oft-publie-un-avis-d-experts-sur-le-recours-a-l-e-cigarette-dans-l-arret-du-tabac.html). Les organisations internationales comme l’OMS se trompent et sont mal conseillées, nous allons (avec un groupe d’experts du monde entier) envoyer une lettre à la Directrice de l’OMS, Margaret Chan, en espérant que cette institution, si importante et si écoutée, comprenne enfin que la réduction du risque tabagique n’est pas un vain mot. Le status quo actuel, « quit or die » est insupportable. Comment pouvez-vous vous en satisfaire?
S’il vous plaît, écoutez ce que les scientifiques ont à vous dire. Des millions de vies dépendent de vos décisions. Ce n’est pas rien. Sans vouloir être emphatique, imaginez que votre nom puisse être associé à celui de Simone Veil ou de Robert Badinter, rien de moins. Il suffit d’un peu de courage, que nous serons des millions à applaudir. Vos services de la DGS savent où me trouver, je suis à votre disposition.
Avec tout mon respect, et en espérant que vous puissiez lire ces quelques lignes.
Jacques Le Houezec
Conseiller en santé publique, dépendance tabagique.

Si seulement ces quelques lignes pouvaient changer le cours des choses....

I have a dream... !

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Publié le 5 Mai 2014

Voici un reportage de Radio Canada sur le vaporisateur de nicotine avec l'accent si chantant de nos cousins d'Amérique ;-)

Les vapeurs reconnaitrons sans doute un reviewer qu'ils connaissent bien. Il faut souligner le courage des médecins, tabacologues, et infirmières comme Martin Juneau ou Martine Robert, et même le représentant canadien de Droit des non fumeurs, François Damphousse, qui osent parler ouvertement du bénéfice du VP dans un pays où l'on n'a pas le droit d'acheter des liquides nicotinés... quoique...regardez le reportage.

http://ici.radio-canada.ca/emissions/telejournal_18h/2013-2014/Reportage.asp?idDoc=336549&autoPlay=http://www.radio-canada.ca/Medianet/2014/cbft/2014-04-30_18_00_00_tj18h_0003_04_400.asx

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Publié le 24 Mars 2014

Mise à jour 25 mars, notre lettre publiée dans la Gazette de Montréal

http://www.montrealgazette.com/health/time+authorize+sale+electronic+cigarettes/9655937/story.html

March 19, 2014

The Honourable Rona Ambrose

Minister of Health, House of Commons, Ottawa, Ontario, K1A 0A6

Re: Open letter to the Minister of Health on electronic cigarettes

Dear Minister Ambrose,

We as doctors, professors and health advocates strongly urge you to authorize the sale of electronic cigarettes with nicotine on the Canadian market. These devices, which basically heat a propylene glycol or glycerin solution containing nicotine, offer a safer and more acceptable alternative for smokers to appease their addiction compared to regular cigarettes.

No doubt, tremendous strides have been made over the years to impose a strict regulatory framework on regular cigarettes. More obviously can be done. Unfortunately, it is wishful thinking that one day we will completely eradicate nicotine use. The vast majority of smokers want to quit. Unfortunately, only 10% of them, when surveyed, are still abstinent after trying to quit in the past year.

In such a context, we believe that the time has come for tobacco control to move beyond the usual approaches of education, total nicotine cessation and prevention. In a landmark report published in 2007, the Royal College of Physicians makes a compelling case why harm reduction should no longer be ignored by health authorities to lower the death and disease caused by tobacco use:

  • “Current conventional preventive measures focus entirely on preventing uptake of smoking and helping smokers to quit smoking.
  • This approach will be ineffective for the millions of smokers who, despite best efforts to persuade and help them to quit, will carry on smoking….
  • Tobacco control policy needs to be radically extended to address the needs of these smokers with implementation of effective harm reduction strategies.
  • Harm reduction in smoking can be achieved by providing smokers with safer sources of nicotine that are acceptable and effective cigarette substitutes.
  • There is a moral and ethical duty to provide these products to addicted smokers.”

Electronic cigarettes are such a substitute. First, they cannot even remotely be as toxic as regular cigarettes because there is simply no combustion of tobacco which produces the smoke containing for example the carbon monoxide and the bronchopulmonary irritants which are part of the 7000 chemical substances responsible for causing cardiovascular diseases, chronic obstructive lung diseases and at least 10 different cancers.

Although some toxic chemicals are detected in the vapor generated by electronic cigarettes, their concentrations are just a minimal fraction of what is in tobacco smoke. As with other health interventions, this is not about the absence of risk or a standard of absolute safety, but one of maximum practical reduction in risks and the replacement of products with safer alternatives.

Second, sales data show that these products are widely accepted by smokers. In fact, there has never been a product that has generated so much enthusiasm on their part. Such interest is not surprising since electronic cigarettes deliver nicotine much quicker than existing nicotine replacement therapies and provide a similar behavioral experience as smoking.

Opponents view the fact that electronic cigarettes are well accepted by consumers as a threat because they fear they will be a gateway to regular smoking. Such a claim has yet to be confirmed since current tobacco consumption trends are still dropping in countries such as France, the UK and the US where electronic cigarettes containing nicotine are sold legally. This is not to say that there are no risks of unintended consequences, but as with other health policy interventions there is a strong preponderance of evidence in favour of the intervention. The death rates from continued smoking are simply too high to accept a continued nicotine-abstinence policy orientation.

Electronic cigarettes need to be appropriately regulated so that good manufacturing practices are followed to protect consumers and that sales to minors are forbidden. However, any excessive regulations which could make it too difficult to communicate about the reduced risks of these products or to access them should be avoided. By making it possible to market electronic cigarettes with a broad range of nicotine levels to provide an effective substitute for smokers, such a decision would save countless lives and millions of dollars in health expenditures.

Sincerely,

Gaston Ostiguy, MD, MSc, CSPQ, FRCPC, Medical Director, Smoking Cessation Clinic, Montreal Chest Institute, Associate Professor, McGill University Health Centre

André Castonguay, PhD, Chimiste et toxicologiste du tabac, Professeur retraité, Université Laval

Jean-François Etter, PhD, Professeur associé, Institut de santé globale, Faculté de médecine, Université de Genève, Suisse

Linda L. Huehn, MD, FRCPC, Assistant Professor of Medicine, University of Ottawa,

Martin Juneau, MPs, MD, FRCP, Cardiologue, Directeur, Direction de la Prévention, Institut de Cardiologie de Montréal, Professeur Agrégé de Clinique, Faculté de Médecine, Université de Montréal

Jacques Le Houezec, PhD, Conseil en Santé publique, Dépendance tabagique, Honorary Lecturer, UK Centre for Tobacco Control Studies, University of Nottingham, England

Paul Poirier, MD, PhD, FRCPC, FACC, FAHA, Professeur titulaire, Faculté de pharmacie, Université Laval, Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec

Riccardo Polosa, MD, PhD, Full Professor of Internal Medicine, University of Catania, Italy

Philippe Presles, MD, MBA, Tabacologue et éthicien, Économiste de la santé, Directeur de l'Institut Moncey, France

Martine Robert, MSc, Infirmière spécialisée en traitement du tabagisme, Institut de cardiologie de Montréal

David Sweanor, JD, Adjunct Professor, Faculty of Law, University of Ottawa

Fernand Turcotte, MD, MPH, FRCPC, Professeur retraité, Université Laval

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Publié le 27 Février 2014

Description de l'étude

Cette étude (en libre accès ici) a été réalisée par l'équipe du Dr Konstantinos Farsalinos, en comparant l'absorption de nicotine au cours de deux séances de 65 minutes, l'une avec une e-cigarette de première génération à cartomiseur (V2cigs, USA), ressemblant à une cigarette, l'autre avec une e-cigarette de dernière génération, appelée "mod" (EVIC, Joyetech, Chine) munie d'un clearomiseur (EVOD, KangerTech, Chine). Les deux types de e-cigarette ont été utilisées avec le même liquide à 18 mg/ml (Max Blend, Flavourart SRL, Italie). Le cartomiseur de la V2 était rempli avec 1 ml de liquide et rempli de nouveau en cour de séance si besoin, et était muni d'une batterie au Lithium de 250 mAh, remplacée en cours de séance si nécessaire. Le clearomiseur EVOD était rempli de 2 ml de liquide, et le mod EVIC contrôlé électroniquement était muni d'une batterie au Lithium de 2600 mAh et réglé sur une puissance de 9 Watts.

 

Comparaison de l'absorption de nicotine avec une e-cigarette par rapport à une cigarette

Résultats

Les participants (n=23) âgés en moyenne de 40 ans, avaient fumé en moyenne 22 ans environ et étaient fortement dépendants (moyenne de 33, 6 cigarettes/jour, score de Fagerström de 7 et score à l'échelle CDS de 53). Ils utilisaient l'e-cigarette depuis 19 mois en moyenne, et 20/23 avaient arrêté de fumer totalement depuis moins d'un mois.

Ils ont participé à deux séances en s'abstenant de vaper, de consommer du café ou de l'alcool, pendant au moins 8 heures. Ils devaient alors prendre 10 bouffées d'e-cigarette en 5 minutes (pour comparer avec la consommation d'une cigarette), puis pouvaient vaper comme ils souhaitaient pendant 60 minutes supplémentaires. Avant de commencer à vaper, une mesure de monoxyde de carbone (CO) et un premier échantillon sanguin (pour mesurer la nicotine plasmatique ou nicotinémie) étaient réalisés. Un nouvel échantillon sanguin était ensuite prélevé toutes les 15 minutes, et une dernière mesure de CO était réalisée 10 minutes après la fin de la séance de vape (à 75 minutes).

Les résultats concernant l'absorption de nicotine avec les 2 types de e-cigarette sont présentés ci-dessous.

Comparaison de l'absorption de nicotine avec une e-cigarette par rapport à une cigarette

Comme on peut le constater sur le graphique, la e-cigarette de nouvelle génération (mod EVIC + Clearomiseur EVOD) est plus performante que la e-cigarette de première génération (V2). Ceci dès les 5 premières minutes, et par la suite. A 20 minutes, le mod permet une absorption de nicotine 70% plus élevée que la V2, cette différence diminue avec le temps mais reste de près de 50% supérieure à la fin de la séance de vape. De même la mesure du craving, ou de l'envie de fumer, était significativement plus atténuée par le mod que la V2. Elle était respectivement de 72,3 (mod) et 71,1 (V2) (sur un maximum de 100) au début de la séance, de 47,9 et 60,2 après 10 bouffées en 5 minutes, et de 25,3 et 32,0 à la fin de la séance de vape. De même la satisfaction de la vape et le "throat hit" (impact dans la gorge) étaient significativement plus importants avec le mod.

Bien évidemment, en l'absence de combustion (la e-cigarette vaporise le liquide, mais ne le brûle pas), la mesure du CO n'a pas montré d'élévation (environ 6 ppm au début et à la fin).

Comparaison avec la cigarette

Mais le plus intéressant pour la compréhension de l'efficacité de la vape pour s'abstenir de fumer réside dans la comparaison de l'absorption de nicotine avec la e-cigarette par rapport à la cigarette de tabac. C'est ce qu'ont fait les auteurs de cette étude en comparant des données obtenues dans une autre étude (Vansickel et al. Addiction. 2012). Les résultats sont présentés dans la figure ci-dessous.

Comparaison de l'absorption de nicotine avec une e-cigarette par rapport à une cigarette

Au bout de 5 minutes d'utilisation de l'e-cigarette, la nicotinémie obtenue est considérablement moindre qu'avec une cigarette. Elle est près de 3 fois moindre avec le mod et près de 4 fois moindre avec la V2. Il a fallu aux participants vaper 35 minutes avec le mod pour obtenir la même nicotinémie qu'avec la cigarette en 5 minutes, et la e-cigarette de première génération (V2) n'a permis en 35 minute d'atteindre qu'à peine plus de la moitié de la nicotinémie atteinte avec la cigarette en 5 minutes.

Conclusions

Selon les calculs des auteurs de cette étude, il aurait fallu utiliser un liquide à 50 mg/ml de nicotine pour obtenir une nicotinémie similaire à la cigarette en 5 minutes. Ce qui est loin des 20 mg/ml qui viennent d'être introduits comme limite maximale des liquides qui seront autorisés à la vente lorsque la Directive européenne (voir ici Textes Partie 3), votée hier, sera transcrite dans la nouvelle législation prévue pour 2016.

Perspectives

Par ailleurs, cette étude démontre clairement que pour obtenir une nicotinémie suffisante à satisfaire le besoin du fumeur, les e-cigarettes de nouvelle génération sont plus performantes que celle de première génération (on peut supposer que les e-cigarettes de seconde génération, de type Ego avec clearomiseur, les plus vendues, se situent entre la première et la seconde génération, donc à peine suffisantes pour les fumeurs les plus dépendants). Il se trouve qu'avec cette nouvelle Directive européenne, le sort de ces e-cigarette de nouvelle génération est plus qu'incertain. Ce qui se traduirait pour les fumeurs les plus dépendants, par un fort risque de retourner vers la cigarette. Par ailleurs, cette étude montre aussi que pour un certain nombre de fumeurs (environ 20 à 30% selon les enquêtes réalisées par Jean-François Etter ou Konstantinos Farsalinos), la limite imposée de 20 mg/ml de nicotine est trop basse, et que là encore cela risque de renvoyer vers la cigarette les fumeurs les plus dépendants.

Malgré les demandes répétées des scientifiques, et les très nombreux témoignages et actions des vapoteurs, auprès des Députés européens, l'Union européenne n'a pas pris en compte ce fait, et a basé sa législation sur une méconnaissance totale de la vape. Malheureusement, les bénéfices de l'arrêt du tabac par un nombre croissant de fumeur passant à la vape riquent d'être en partie anéantis. Souhaitons que l'Europe et les Etats membres puissent encore entendre raison lorsqu'ils s'apercevront que dans les 2 années à venir la consommation de tabac, et certainement la prévalence du tabagisme, vont baisser considérablement. En attendant, je conseille au vapoteurs de se tourner vers l'association qui les représentent, l'AIDUCE, et de signer rapidement l'Initiative Citoyenne Européenne (ICE) de l'EFVI.

 

Pour ceux qui voudraient imprimer ce texte voici un PDF.

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Publié le 10 Février 2014

Si vous avez raté cette conférence, vous pouvez écouter le podcast sur le site du CNAM.

Ma présentation est ici.

Vous pouvez aussi consulter Le n°74 de Swaps, et un résumé de ma présentation.

La cigarette électronique s’est invitée sans y être conviée dans le champ de la prévention du tabac. Sa diffusion spontanée semble avoir fait chuter les ventes de cigarettes en 2013.

La "e-cigarette" est-elle une mode ? Une approche résolument nouvelle pour les addictions ? L’industrie pharmaceutique et celle du tabac sont-elles bousculées par cet intrus ? Des spécialistes et des usagers viennent nous éclairer sur ce qui en train de devenir une question de société.

Programme

  • 15h - Accueil - Didier Jayle, professeur du Cnam
  • 15h10 - Réflexions d’un bloggeur qui connaît le risque et la santé- William Dab, professeur du Cnam en santé et sécurité
  • 15h20 - Que savons nous vraiment de la toxicité de la nicotine ? Jacques Le Houezec, consultant tabacologie
  • 15h30 - Tout ce qu’on sait en 2014 de la e-cigarette Gérard Mathern, pneumologue
  • 15h55-16h15 - Discussion
  • 16h15 - Quand la réduction des risques s’applique aux drogues licites Alain Morel, fédération Addiction
  • 16h30 - Le point de vue de l’usager Brice Lepoutre, président de l'Association des usagers de cigarette électronique (Aiduce)
  • 16h45 - Le point de vue de l’État Pascal Melihan-Cheinin, sous-directeur, direction générale de la Santé
  • 17h-17h30 - Discussion
  • 17h30 - Conclusion

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Publié le 28 Janvier 2014

Droit de réponse

A la suite de la publication de ce blog (http://securitesanitaire.blog.lemonde.fr/2014/01/26/cigarette-electronique-faut-il-se-contenter-de-la-loi-du-marche/) du Dr W Dab, faisant suite à la conférence organisée par le CNAM le 24 janvier, nous souhaitons apporter quelques éclaircissements.

Blog : Trois arguments avancés au cours du débat illustrent cette difficulté. Le premier concerne la toxicité de la nicotine. Monsieur Le Houezec s’est d’emblée placé sur le registre de la certitude pour minimiser les dangers de la nicotine sans mentionner le document de référence de l’OMS dans lequel il est écrit : « la nicotine est un des poisons les plus toxiques et il agit rapidement … La nicotine est aussi une substance puissamment addictive ». Il a écarté tout risque cardiovasculaire de cette substance, alors qu’elle est évoquée dans de nombreux travaux (voir par exemple le récent dossier du JAMA).

Le document de l'OMS, ainsi que ses positions récentes sur la e-cigarette, ne sont pas basées sur les faits scientifiques les plus récents, au contraire de la présentation faite au CNAM, qui n'est pas un simple point de vue, mais une mise au point basée sur les données les plus récentes, qui est partagée par plusieurs chercheurs travaillant sur le sujet et qui a été envoyé à la Commission européenne sous la forme d'une déclaration scientifique.

Par contre, le récent dossier du JAMA ne présente aucune étude, mais une suite d'opinions. Il y a longtemps que les risques cardiovasculaires de la nicotine pure ont été écartés, dès l'instant qu'elle n'est pas associée aux autres composants (CO, gaz oxydants) de la fumée de tabac. Toutes les contre-indications de ce type ont été d'ailleurs retirées des AMM des substituts nicotiniques. Quant au pouvoir addictif de la nicotine, il semble selon les premières données dont nous disposons qu'il soit réduit lors de l'utilisation de la e-cigarette, par rapport à celui de la cigarette (là encore parce qu'elle apporte d'autres substances). Ce qui a aussi été clairement dit lors de la réunion au CNAM.

Blog : Ensuite, le Dr Mathern qui est secrétaire général de la Société Française de Tabacologie (SFT) a montré les données récentes au sujet du développement spectaculaire de l’usage de la e-cigarette pour conclure à une certaine impuissance face à la loi du marché qui semble inexorablement annoncer la généralisation de cet usage. S’agissant d’une Société subventionnée par le ministère de la Santé, c’est une affirmation qui m’a étonné.

Le Dr Mathern n'a fait que constater la réalité appuyée par des études économiques américaines, qui va dans le sens d'une réduction du risque tabagique, et qui devrait être soutenu par les autorités de santé.

Blog : De même, le Dr Mathern a appuyé son exposé avec des données non encore publiées tandis qu’il a écarté pour faiblesse méthodologique le travail de recherche publié dans l’excellente revue The Lancet (que j’ai commenté dans mon post du 15 septembre dernier) qui ne montre pas de supériorité de la e-cigarette comparée au patch nicotinique pour la cessation du tabagisme. Cela aussi m’a étonné, car en général, la SFT tente d’informer sérieusement sur les données scientifiques relatives au tabac, comme le montre par exemple son dossier récent sur la cigarette électronique.

En fait ce n'est pas le Dr Mathern qui a présenté des données en cours de publication, mais M Le Houezec, à qui le Dr Farsalinos a fait parvenir ces données. Elles avaient pour but d’éclaircir la capacité de délivrance et d'absorption de nicotine avec la e-cigarette, en comparaison avec la cigarette.

Concernant l'étude de Chris Bullen (signataire de la déclaration scientifique sus-mentionnée), G. Mathern n’a pas critiqué la méthodologie mise en œuvre, il a constaté l’impossibilité de conclure à partir des données très parcellaires obtenues du fait de difficultés dans l’homogénéité du matériel employé, de faiblesse dans le recueil des données (déclaratives par téléphone) et d’absence de contrôle par mesure du CO. D’ailleurs, C. Bullen, lui-même, l’a critiquée en ces termes : « However, randomized evidence is sparse, and is currently limited to two trials. A recently published randomized controlled trial in 300 smokers not wanting to quit found a verified cessation rate of about 9% at 12 months, but with no cessation advantage of nicotine over placebo e-cigarettes and no tobacco cigarette comparison group (Capponetto et al., 2013). A larger (n=657) randomized controlled trial of e-cigarettes versus nicotine patches in adult smokers wanting to quit smoking found roughly equivalent but modest (4-8%) CO-verified quit rates at 6 months (Bullen et al., 2013). Both studies were limited by low statistical power, product unreliability and low nicotine delivery. »

Quant au dossier de la SFT, qualifié de sérieux, il a été présenté par M Le Houezec lors de son intervention, car il en est l'auteur. Il s'agit d'un numéro thématique de la Lettre de la SFT, qu'il publie chaque mois, grâce à une subvention de la DGS.

Blog : Or, qu’il s’agisse des risques ou des bénéfices de la e-cigarette, il me semble que l’on est face à de nombreuses incertitudes, le seul élément à peu près certain étant que les risques sont nettement moins élevés que ceux du tabac. Mais ceci pourrait induire une incitation des jeunes à vapoter et « dénormaliser » l’image de la cigarette. Sur ce point, je signale un excellent article d’une des meilleures revues médicales, le New England Journal of Medicine (NEJM), qui explicite bien les enjeux et leurs incertitudes et plaide pour une interdiction de la e-cigarette chez les jeunes.

Effectivement, la certitude est une réduction des risques pour le fumeur, personne ne semble la mettre en doute. Compte-tenu de la morbidité et de la mortalité associées au tabagisme, la e-cigarette semble être un outil à ne pas négliger et à ne pas décourager.

L'argumentation sur l'initiation des jeunes et la renormalisation du tabagisme ne sont que des suppositions pour l'instant, et quant à citer les divers points de vue sur le sujet, on peut aussi présenter l'article non moins excellent du JAMA, qui présente les deux côtés des choses, le tout abstinence versus la réduction du risque.

Pour conclure, personne parmi les acteurs de la e-cigarette, n'est opposé à l'établissement d'une réglementation claire et protectrice des consommateurs, et des non consommateurs. En France, les utilisateurs, le gouvernement et les professionnels travaillent d'ailleurs ensemble dans ce but. Par contre, le projet de Directive tabac discuté actuellement à Bruxelles, et qui a cherché à tout prix à inclure la e-cigarette dans les produits du tabac, est loin de respecter le procédé démocratique que l'on attend de l'Union européenne. Les débats qui ont eu lieu en décembre se sont tenus à huis-clos, sans aucune concertation des scientifiques, des utilisateurs ou des professionnels. Il est temps de dépassionner ce débat et de se donner le temps d'établir une réglementation adaptée qui puisse bénéficier au mieux à la santé publique.

M Jacques Le Houezec, conseil en santé publique, tabacologue

Dr Gérard Mathern, pneumologue tabacologue.

La réponse du Dr W. Dab (que je remercie) à notre réponse :

Je vous remercie des éclaircissements que vous apportez à ce débat qui mérite effectivement mieux qu’un échange de passions. Ce à quoi je suis attaché comme vous d’ailleurs, vous le montrez bien dans vos propos, c’est que l’ensemble des arguments soit versé à la discussion. Que personne ne soit opposé à une réglementation raisonnable est un peu fort comme affirmation au regard de certains commentaires reçus ici, mais disons qu’une large majorité peut se retrouver sur cette ligne. Enfin, que l’Union Européenne ne fasse pas preuve de plus de transparence est effectivement regrettable et nuisible à la sérénité du débat. Soyez assurés que cet espace que nous offre Le Monde s’attachera chaque fois que cela sera nécessaire et utile à alimenter une discussion sans parti pris ni agressivité. Bien cordialement à vous deux.

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Publié le 19 Janvier 2014

Une lettre de Clive Bates aux membres du Comité ENVI

Le Comité ENVI se réunit le 22 janvier pour évaluer le texte de la Directive tabac européenne. Voici une lettre que Clive Bates leur a envoyé pour souligner les faiblesses et les erreurs de ce texte sur l'e-cigarette.

Aux: Membres du Comité ENVI, Parlement européen
CC: membres suppléants du Comité ENVI
De: Clive Bates

19 janvier 2014

Mercredi 22 janvier, les membres du Comité ENVI vont évaluer le texte de la révision de la Directive sur les produits du tabac qui a été produit par le Trilogue. Je voudrais attirer votre attention sur les faiblesses significatives de ce texte sur la partie qui traite des e-cigarettes (principalement l'Article 18, et les références croisées à d'autres articles).

J'espère que vous voudrez bien parler, voter ou persuader vos collègues afin que la partie de la Directive sur l'e-cigarette soit proposé comme une nouvelle proposition législative basée sur des données scientifiques crédibles, une procédure régulière, et une base légale appropriée.

Science imparfaite

Les bases scientifiques sont erronées et déformées. Deux scientifiques, individuellement, et un groupe de scientifiques ont rejeté les bases scientifiques dans des lettres à la Commission et certains Députés européens:

10 janvier 2014. Le Dr Konstantinos Farsalinos a écrit à la Commission: The European Commission has misinterpreted my scientific research on nicotine in e-cigarettes

12 janvier 2014. Le Dr Lynne Dawkins a écrit à la Commission: Please do not distort my words to justify your policy

17 janvier 2014. Un groupe de scientifiques renommés dans le domaine de la recherche sur le tabac a proposé une plus large analyse: Déclaration scientifique sur la Directive tabac européenne. Ce groupe inclus: Prof. Jean-François Etter, Dr. Konstantinos Farsalinos, Prof. Peter Hajek, Dr. Jacques Le Houezec, Dr. Hayden McRobbie, Prof. Chris Bullen, Prof. Lynn T. Kozlowski, Dr. Mitchell Nides, Prof. Riccardo Polosa, Dr. Karl Fagerström, Prof. Martin Jarvis, Dr. Lynne E. Dawkins, Dr. Pasquale Caponnetto, Prof. Jonathan Foulds.

Les erreurs scientifiques relevées ne sont pas triviales et en fait soulignent les aspects les plus controversés de la Directive. Ils portent sur:

  • Affirmations incorrectes à propos de "l'équivalence" entre la consommation de cigarettes et l'utilisation d'e-cigarette
  • Exagération de la toxicité de la nicotine
  • Mauvaise compréhension de l'utilisation de nicotine pour justifier des tests inappropriés
  • Affirmations inappropriées à propos de l'obligation d'une délivrance consistante de nicotine basée sur une mauvaise compréhension du comportement de l'utilisateur
  • Approche inappropriée de la gestion des risques (en limitant la taille des flacons)
  • Affirmations incorrectes concernant l'effet de "porte d'entrée" dans le tabagisme pour exagérer les risques et pour justifier l'interdiction de publicité

Procédure irrégulière

Le Parlement européen a rejeté correctement la classification inappropriée et sans base légale de la médicalisation de l'e-cigarettes le 8 octobre 2013. Cependant, ce changement de direction radical n'a pas permis de suivre une procédure appropriée qui devrait faire partie intégrante de toute procédure législative européenne, en particuliers sur les points suivants:

  • L'obligation de consultation – il n'y a eu aucune consultation sur les nouvelles propositions, alors que la nouvelle réglementation va affecter des millions d'utilisateurs et des milliers d'entreprises, et alors que les experts émettent des objections substantielles. La consultation de 2010 a simplement consisté à demander si les produits contenant de la nicotine devaient être intégrés à la nouvelle Directive.
  • L'obligation de fournir des justifications – quasiment aucun argument n'a été présenté pour justifier les mesures, et celles qui sont proposées sont basées sur une mauvaise interprétation des données scientifiques (voir ci-dessus).
  • L'obligation de fournir une évaluation de l'impact – aucune nouvelle évaluation de l'impact n'a été produite pour soutenir les nouvelles propositions, pourtant elles pourraient avoir de sérieux effets négatifs sur les utilisateurs, fausser la concurrence en faveur du tabac, imposer des charges élevées et inutiles aux entreprises et aux consommateurs, et avoir globalement un impact négatif sur la santé en Europe.
  • L'obligation de permettre un contrôle – les propositions législatives et les amendements doivent être envoyés aux parlements nationaux pour permettre un contrôle, avec un délai suffisant pour permettre aux parlements et aux gouvernements de répondre. La proposition a changé de façon très importante depuis son introduction en décembre 2012. S'ils peuvent le voir, les parlements nationaux ne le verront qu'à la dernière minute avant qu'un accord soit acquis, et pas selon la procédure appropriée.

Tout cela n'est pas seulement des "petits plus" mais ce sont des exigences des traités européens. L'esquive de ces exigences est maintenant l'objet d'une plainte auprès du médiateur européen, qui est détaillée ici: Maladministration in the development of the revision of the Tobacco Products Directive with specific reference to Article 18 on electronic cigarettes - avec le soutien des organisations d'utilisateurs d'Allemagne, de France, d'Italie, du Royaume Uni, de Pologne, des Pays-Bas, de Belgique, du Danemark et de Hongrie, et d'autres qui ont indiqué leur soutien.

Mesures illégales

De même que les irrégularités procédurales illégales mentionnées ci-dessus, la science imparfaite et les mesures arbitraires injustifiées posent de sérieux doutes sur la légalité des principales dispositions lorsqu'elles sont confrontées aux principes de proportionnalité, de non discrimination, et de bases légales appropriées. La base légale du marché intérieur (TFEU 114) est censé promouvoir la libre circulation des marchandises et la libre concurrence, tout en assurant un niveau élevé de protection de la santé. Dans ce cas précis, le marché est en soi fortement bénéfique à la santé car les e-cigarettes concurrencent les cigarettes, mais sont 99 à 100% moins dangereuses. Cette base légale requière une justification sanitaire pour s'éloigner du principe de libre circulation des marchandises:

  • Interdiction de publicité. La Directive interdit de nombreuses forme de publicité, de promotion et de parrainage dans de nombreux média. Pourquoi ? La publicité est un service de droit faisant partie de la libre circulation des marchandises. Le considérant (3) de la Directive sur la publicité du tabac (2003/33/EC tobacco advertising directive) fait référence aux 500 000 morts du tabac en Europe comme justificatif à l'interdiction de publicité pour le tabac. Il n'y a pas de rationnel équivalent pour l'e-cigarette – au contraire, la publicité pour l'e-cigarette pourrait entraîner les fumeurs à arrêter le tabac et ainsi contribuer à une amélioration de santé. Une approche proportionnée serait d'appliquer le type de restrictions qui sont appliquées aux publicités pour l'alcool dans les Etats membres, et pas au tabac. Verdict: disproportionnée, pas de rationnel sanitaire, aucune base légale.
  • Limitation de la nicotine dans les e-liquides. Basée sur des affirmations erronées de l'équivalence entre cigarettes et e-cigarettes, une limite de 20mg/ml a été proposée pour les e-liquides, pourtant 20 à 30% des consommateurs utilisent actuellement des e-liquides plus concentrés. Quel est le rationnel sanitaire pour imposer cette limite et refuser aux consommateurs et aux producteurs de e-liquides plus concentrés l'accès au marché intérieur? Des e-liquides plus concentrés sont nécessaires pour les fumeurs les plus dépendants et ceux qui sont en train de quitter la cigarette, donc cette limite arbitraire risque plus d'augmenter les échecs et de protéger le marché des cigarettes. Verdict: discriminatoire, pas de rationnel sanitaire, aucune base légale.
  • Imposer de petits contenants. La proposition vise à contrôler les risques de toxicité aiguë en limitant la taille des contenants (fioles). Le raisonnement surestime considérablement les risques de toxicité et ignore la pratique courante pour le contrôle des substances dangereuses par l’étiquetage et le conditionnement, néanmoins présent dans la réglementation européenne sur l'étiquetage et le conditionnement 1272/2008. Verdict: discriminatoire, pas de rationnel sanitaire, aucune base légale, risque couvert par d'autres législations.
  • Interdiction de mentionner les arômes sur les produits aromatisés. L'interaction entre les articles 18.4(b)ii et 12.1(c) aurait l'effet d'interdire toute référence aux arômes d'e-cigarette ou des fioles de e-liquide, même sur les produits aromatisés – privant ainsi toute personne d'une information légitime sur le produit. Verdict: en termes légaux, disproportionnée, pas de base légale. Pour tout autre personne, un fiasco.
  • Obligation d'une délivrance consistante. C'est une question de préférence du consommateur et n'est basée sur aucun rationnel sanitaire par rapport à la façon dont les consommateurs utilisent la nicotine (voir la science imparfaite ci-dessus), de plus c'est techniquement difficile à réaliser. Ceci est tout droit sorti de la réglementation pharmaceutique, où la délivrance d'un principe actif au patient est une obligation importante, mais n'est absolument pas adapté ici. Verdict: disproportionnée, pas de rationnel sanitaire, la protection des consommateurs est couverte par d'autres législations.
  • Avertissements sanitaires excessifs et notices d'information. Les avertissements sanitaires sont incorrects (la nicotine n'est pas "fortement addictive", cela dépend comment elle est administrée), inutilement grands, inadaptés et rebutants compte tenu des faibles risques associés, et des bénéfices de santé importants. L'obligation d'inclure une notice d'information n'est pas une obligation pour les fabricants de tabac. Verdict: discriminatoire, disproportionnée, pas de base légale.
  • Obligation de vigilance et de tests pharmacocinétiques. Il y a plusieurs coûts élevés imposés aux fabricants d'e-cigarette qui ne sont pas imposés aux fabricants de tabac. Beaucoup d'information est demandé, mais rien n'est dit sur leur utilisation potentielle. Verdict: discriminatoire, disproportionnée (n'atteint pas l'obligation de minimiser les charges pour atteindre les objectifs).
  • A la discrétion des Etats membres. Les Etats membres ont la possibilité d'interdire les arômes, de réglementer ces produits comme des médicaments (une autre forme d'interdiction pour la plupart des produits) ou de retirer du marché les e-cigarettes réutilisables. A quoi sert une Directive européenne sur le marché intérieur qui ne contribue guère à faire respecter le principe de libre circulation des marchandises? Verdict: créerait une protection arbitraire du marché de la cigarette et verrait les Etats membres perdre des procès en justice.

Eléments manquants. Parallèlement, des éléments de réglementation qui pourraient être utiles ont été oubliés – par exemple, les normes de pureté des ingrédients pour les e-liquides ou les normes techniques appropriées (ex: plages de températures d’utilisation) pour les dispositifs.

Cette mise au point sur l'e-cigarette et les e-liquides reflètent la forte controverse qui s'est instaurée au cours du Trilogue. Elle ne doit pas s'entendre comme une acceptation du reste de la Directive, particulièrement en ce qui concerne l'interdiction du snus (Article 15), pour laquelle il n'y a aucune base non plus. Douze experts ont récemment écrit au UK Secretary of State to call for the snus ban to be lifted on scientific, ethical and legal ground.

Que faire?

La bonne approche

Pris ensembles, les différentes sections de la DPT qui concernent l'e-cigarette représentent maintenant un total de 4400 mots et remplissent 12 pages – plus que nécessaire pour justifier une nouvelle procédure législative et une Directive à part entière. La plus grande partie de ce texte a été créé de novo entre octobre et décembre 2013 sans aucune consultation, selon une analyse inadéquate, et un faible raisonnement basé principalement sur une mauvaise interprétation scientifique. Il serait mieux de procéder avec un simple amendement de la forme suivante:

Article 18: Après avoir réalisé une large consultation et au plus tard le [31 décembre 2014] la Commission fera un rapport sur le marché pour les produits récréatifs contenant de la nicotine n'étant pas du tabac, prenant en compte l'impact et les implications sanitaires et l'impact sur la consommation de tabac. Le rapport devra inclure les options réglementaires et leur évaluation, et de façon appropriée, des propositions législatives pour permettre le développement du marché intérieur de ces produits, avec pour but d'assurer un haut niveau de protection de la santé.

Les décisions faites par l'UE sur cette technologie importante et utilement innovante décideront de l'avenir de cette catégorie pour les dix prochaine années ou plus, et influeront probablement les normes internationales. Il serait mieux que cela soit fait correctement, plutôt que de bâcler une législation controversée avant les élections de mai 2014.

La mauvaise approche

Il ne serait pas correct de la part des Députés européens d'ignorer une composante importante d'une Directive, en sachant qu'elle est basée sur une mauvaise interprétation de la science, qu'elle a suivi une procédure irrégulière, et qu'elle contient des mesures d'une validité juridique contestable. Comment cela pourrait-il être justifié? L’Union européenne a besoin de gagner la confiance et le respect, pas de bafouer sa crédibilité en passant de mauvaises lois et en s'affranchissant des contraintes des traités européens.

Merci de me contacter si je peux vous apporter de plus amples informations ou si vous le voulez pour discuter des différents points soulevés ici.

Cordialement

Clive Bates

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