Publié le 1 Juillet 2015

Les lacunes dans la compréhension du public au sujet de la réduction des méfaits du tabac: résultats d'une enquête nationale aux États-Unis

Deficiencies in public understanding about tobacco harm reduction: results from a United States national survey

Marc T. Kiviniemi and Lynn T. Kozlowski

http://www.harmreductionjournal.com/content/12/1/21

(article en anglais en libre accès / free access)

Contexte
Les produits du tabac diffèrent dans leurs méfaits relatifs de santé. La nécessité d'éduquer les consommateurs au sujet de ces préjudices se développe alors que différents produits du tabac entrent dans le marché et que la FDA se prépare à réglementer et à éduquer le public sur les différents produits. Toutefois, on en sait peu sur les connaissances du public sur les méfaits relatifs.

Méthodes
Les données ont été analysées à partir de l'enquête sur la santé nationale américaine. Un sondage représentatif de la population des adultes américains a été mené entre Octobre 2012 et Janvier 2013 (N = 3630). Les participants ont rapporté leurs perceptions des risques relatifs de l'e-cigarette, du tabac sans fumée, et de différents types de cigarettes par rapport aux cigarettes "traditionnelles". Les perceptions des risques relatifs à chaque type de produit, ainsi que la cohérence et la précision des croyances de réduction des méfaits, ont été analysés.

Résultats
Environ 65% des répondants ont déclaré de façon appropriée qu'aucune cigarette étaient moins nocives qu'une autre. Un peu plus de la moitié des adultes américains perçoivent l'e-cigarette comme plus sûre que les cigarettes de tabac, une croyance en ligne avec les données scientifiques actuelles. En revanche, seulement 9% des répondants perçoivent certains produits du tabac sans fumée comme plus sûrs, une croyance pourtant fortement étayée par les preuves scientifiques. Seulement 3,5% des répondants avaient une perception des risques relatifs en ligne avec les données scientifiques actuelles pour les trois types de produits.

Conclusions
L'écart entre les données scientifiques actuelles et les perceptions du public sur le risque relatif de divers produits du tabac / ou produits à base de nicotine était prononcé; pour la plupart des types de produits, une grande proportion de la population a des croyances inexactes quant à la réduction des méfaits. Bien qu'il y ait une prise de conscience importante qu'aucune cigarette de tabac ne soit plus sûre qu'une autre, il y aurait des avantages à augmenter le pourcentage de la population qui apprécie ce fait, surtout chez les fumeurs actuels. Compte tenu des avantages potentiels des stratégies de réduction des risques du tabac, les efforts d'éducation de santé publique visant à accroître la compréhension des principes de base de réduction des méfaits sont nécessaires pour répondre à ces perceptions erronées.

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Cette étude date de début 2013, il y a fort à parier que la proportion des personnes percevant la cigarette électronique comme plus sûre (51% dans cette étude) a depuis baissé compte tenu des messages erronés publiés dans la presse et le discours des autorités de santé (comme l'OMS par exemple, ou comme DNF l'a encore démontré ce matin sur Europe 1). Depuis plus de 10 ans on ment aux fumeurs concernant le snus suédois (tabac non fumé), ou le tabac non fumé en général (considérablement moins dangereux pour la santé que la fumée de tabac), et on fait la même chose avec la cigarette électronique depuis son apparition et son succès (6 millions de fumeurs ont arrêté de fumer en Europe selon le dernier Eurobaromètre), en utilisant bien souvent les mêmes arguments, on ne sait pas... ça pourrait rendre les jeunes dépendants... au mépris de la santé des concitoyens, qui à cause de ces croyances inexactes préfère continuer de fumer, ou y retourne après avoir arrêté parce qu'on leur fait peur.

Les données scientifiques sont pourtant solides, et nos dirigeants le savent bien. C'est pour cela que l'interdiction de vapoter dans les lieux de travail clos et collectifs, annoncée hier avec un peu de hâte par notre Ministre de la Santé (elle est encore à débattre au Sénat cet automne), en s'assurant bien de faire l'amalgame avec l'interdiction de fumer dans les parcs et jardins (qui s'applique à partir d'aujourd'hui, 1er juillet 2015), pour bien renforcer la désinformation, ne se fonde plus sur la nocivité supposée de la vapeur (argument rejeté par le Conseil d'Etat), mais sur l'argument fallacieux d'« éviter que le geste de fumer soit banalisé, soit considéré comme un geste de séduction, un geste d’appartenance à un groupe..."

A court d'arguments, on n'évoque plus le danger de la vapeur, mais le geste! Et on propose de légiférer sur un geste... pas sûr que le Conseil d'Etat n'y trouve pas à redire...

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