Publié le 28 Février 2013

Cet article rapporte la connaissance de l’existence et « l’utilisation » de la e-cigarette aux USA entre 2010 et 2011.

En 2010 les questionnaires étaient en partie envoyés par courrier (n= 4184 personnes), et en partie à partir d’un site internet (n=2505). En 2011, tout passait par le site internet (n=4050). Les résultats principaux sont indiqués dans le résumé ci-dessous.

Results: In 2010, overall awareness of e-cigarettes was 38.5% (mail survey) and 40.9% (web survey); in 2011, awareness was 57.9% (web survey). Ever use of e-cigarettes among all respondents was 2.1% in the 2010 mail survey, 3.3% in the 2010 web survey, and 6.2% in the 2011 web survey. Ever use of e-cigarettes was significantly higher among current smokers compared with both former and never-smokers, irrespective of survey method or year. During 2010–2011, ever use increased among both sexes, those aged 45–54″years, non-Hispanic Whites, those living in the South, and current and former smokers.

Conclusions: Awareness and ever use of e-cigarettes increased among U.S. »adults from 2010 to 2011. In 2011, approximately
1 in 5 current smokers reported having ever used e-cigarettes. Continued surveillance of e-cigarettes is needed for public health
planning.

Pour les détails, c’est là, en dessous. Pour la connaissance de l’existence de la e-cigarette, rien de bien étonnant compte tenuedu fait que l’on en parle tout de même de plus en plus (même s’il faut tenir compte qu’il s’agit ici de données de 2010 et 2011). On remarque quand même que les plus au courant sont les fumeurs, les moins au courant les non fumeurs.

Pour ce qui est de « l’utilisation », je la mets entre guillemets, parce que la question était : “Have you ever tried any of the following products, even just
one time?” Respondents who selected “electronic cigarettes or e-cigarettes” were considered ever e-cigarette users.

Ce qui veut dire: « Avez-vous essayé ne serait-ce qu’une fois un de ces produits (plusieurs produits présentés)? Si la personne sélectionnait « la cigarette électronique ou e-cigarette » elle était considérée comme utilisateur (sic!).

Alors en analysant le tableau ci-dessous on voit que:

1. c’est surtout les tranches d’âge 18-24 et 35-44 qui sont les plus « utilisateurs ».

2. ce sont surtout les revenus moyens, du Middle West qui « l’utilisent ».

3. ce sont principalement les fumeurs qui l’ont « utilisé », avec une augmentation non négligeable entre 2010 et 2011, pour atteindre environ 20% des fumeurs.

4. par contre les non fumeurs n’ont pas modifié leur comportement entre 2010 et 2011, et ceux qui ont « utilisé » la e-cigarette représentent 1,3%. De quoi en faire des gorges chaudes, n’est-ce pas !! Surtout lorsqu’on lit en conclusion du résumé ci-dessus : « En 2011, environ 1 fumeur sur 5 a utilisé la e-cigarette. Une surveillance de la e-cigarette est nécessaire pour la planification de la Santé publique. »

La connaissance et « l’utilisation » de la e-cigarette aux USA !

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Publié le 26 Février 2013

Le projet de Directive européenne sur les produits du tabac, dans sa version actuelle, propose de maintenir l’interdiction de vente en Europe du snus (un tabac non fumé vendu en Suède, considérablement moins dangereux que la cigarette) et d’encadrer de façon drastique la vente de cigarettes électroniques en limitant la dose de nicotine qu’elles peuvent délivrer à des taux tellement bas que cela représenterait un arrêt de mort pour ce produit.

La plupart des organisations non gouvernementales qui sont entendues à Bruxelles, sont totalement opposées à la levée de l’interdiction de vente du snus, et s’opposent de la même manière à la e-cigarette. Leur seul but semble être de vouloir exterminer l’industrie du tabac et de soit disant prévenir l’initiation au tabagisme des jeunes. Ils jugent en effet, qu’en libéralisant un produit comme le snus ou la e-cigarette, on favoriserait l’initiation. Pour le snus parce qu’il serait plus facile aux adolescents de « cacher » leur tabagisme (le snus se met dans la bouche et n’est pas visible de l’extérieur), pour la e-cigarette parce que l’on pourrait les séduire avec un produit qui serait vu comme moins nocif.

Tout le problème est là. Le projet de Directive se donne pour but, au mieux, de réduire de 2% la prévalence du tabagisme en Europe, dans les 5 ans à venir. Elle ne s’attaque pas vraiment au problème. En France, entre 2005 et 2010, la prévalence du tabagisme a réaugmenté après avoir diminué progressivement durant la décade précédente. Pourquoi? Le rapport de la Cour des comptes publié en décembre dernier est éloquent !

La convention cadre pour lutter contre le tabagisme de l’OMS (CCLAT) est une bonne chose, et nombre des propositions de contrôle du tabac sont fondées et vont dans le bon sens. Cependant, la CCLAT a oublié un aspect très important, la réduction du risque tabagique. Tout le contrôle du tabac à l’heure actuelle, vise uniquement a éradiquer le tabagisme en espérant que tous les fumeurs vont arrêter de fumer. C’est un leurre. Le tabagisme est une addiction qui existe depuis plusieurs millénaires, même si l’épidémie tabagique induite par l’introduction de la cigarette industrielle est plus récente, mais a déjà eu des effets dévastateurs au 20ème siècle, tuant environ 100 millions d’individus, et nous promet bien pire au 21ème siècle si l’on n’enraye pas cette épidémie; 1 milliard de morts, selon l’OMS !

La réduction du risque

Pour les anglophones, je vous suggère d’écouter Gerry Stimson, son discours sur le bénéfice potentiel du snus et de la e-cigarette pour enrayer l’épidémie tabagique est un modèle. La réduction du risque, dans le domaine des drogues injectées avec les programmes d’échanges de seringues ou les drogues de substitution, ou dans celui du SIDA avec l’utilisation du préservatif, ont eu du mal à s’imposer. Pour l’instant, dans le domaine du tabac, seule une poignée d’experts la défend.

Gerry Stimson on tobacco harm reduction

Le danger du tabagisme ne réside pas dans la dépendance à la nicotine. La nicotine n’est pas une substance dangereuse aux doses que s’administre un fumeur ou un vapoteur ou vapeur, c’est selon ! Le danger réside dans le fait d’inhaler de la fumée, quelle qu’elle soit d’ailleurs (celle d’un barbecue n’est pas moins nocive !), celle du tabac contenant environ 7000 substances, dont une cinquantaine de cancérigènes, des gaz oxydant et du monoxyde de carbone (CO) très mauvais pour le cœur et les vaisseaux. Le danger le plus immédiat vient justement du CO, qui prend la place de l’oxygène dans le sang et a une affinité pour l’hémoglobine (qui transporte l’oxygène dans le sang) 200 fois supérieure à celle de l’oxygène. C’est l’une des raisons qui a motivé l’interdiction de fumer dans les lieux publiques, car la fumée passive (celle qui s’échappe des cigarettes même lorsqu’on ne tire pas dessus) est encore plus nocive que celle qu’inhale le fumeur (elle est plus concentrée en toxiques, car la combustion est moins forte).

Utiliser du snus (une sorte de tabac à chiquer moderne), ou une e-cigarette, supprime immédiatement l’inhalation de fumée. La vapeur produite par la e-cigarette contient principalement de la nicotine et son vecteur (propylène glycol, glycérine végétale, eau, alcool, arômes), aucune des substances dangereuses de la fumée. En conséquence, avant même d’envisager d’autres bénéfices à long terme, ce sont toutes les maladies pulmonaires qui sont éradiquées. Comme il n’y a plus de CO, c’est aussi une très grande partie des maladies cardiovasculaires (cœur et vaisseaux). Imaginez donc, si ne serait-ce que 20% ou 30% des fumeurs passaient immédiatement au snus ou à la e-cigarette. Il y aurait des bénéfices de santé immédiats, et bien sûr aussi à long terme, énormes. Or, qui dit bénéfices de santé, dit bénéfices tout court, pour le système de santé, donc l’Etat, donc nous au bout du compte.

Mais pour que cela arrive, il faudrait que nos représentants au Parlement européen modifient le projet actuel de Directive sur les produits du tabac, afin d’autoriser la vente de snus en Europe* et permettre à la e-cigarette de se développer sans lui mettre des bâtons dans les roues. La limite de 4 mg/ml pour les e-liquides, ou de 2 mg pour les cartouches celées, ou une nicotinémie (concentration plasmatique de nicotine) de 4 ng/ml, ne peuvent pas satisfaire un fumeur. Laisser cette limite dans le projet reviendrait à tuer l’industrie de la cigarette électronique et renvoyer les fumeurs vers leurs chères cigarettes !

*(il faut tout de même savoir que tout un tas d’autres produits du tabac non fumé, dont le tabac à priser, mais aussi des tabacs à « chiquer » sont autorisés à la vente en Europe, cette interdiction ne concerne que le snus, dont il est prouvé, noir sur blanc, qu’il est considérablement moins nocif que ces autres produits)

Pourquoi ne pas encadrer simplement la e-cigarette, comme le propose certains ? Tout simplement parce que ce phénomène s’est amplifié par le simple bouche à oreille parmi les fumeurs, ce qui signifie que le produit les satisfait. C’est la première fois dans l’histoire qu’une telle chose arrive. Il ne faut donc pas, en voulant trop l’encadrer tuer ce mouvement. Il convient bien sûr que la réglementation de protection des consommateurs s’exerce pleinement, et que des contrôles de sécurité et de qualité, même éventuellement renforcés, soient mis en place. Mais en aucun cas il ne faut contraindre la e-cigarette à être réglementée comme un médicament. Si certaines entreprises souhaitent le faire, il faut le prévoir dans la Directive et ne pas les empêcher de le faire, mais il ne faut en aucun cas l’imposer à toutes. Nous savons dans le domaine de la tabacologie combien les barrières à l’accès au traitement sont un frein à l’arrêt du tabac. C’est en ce sens que nous avons milité pour que les substituts nicotiniques soient délivrés sans ordonnances dans les pharmacies, j’avais même soutenu à l’époque l’idée qu’il faudrait les vendre aussi dans les bureaux de tabac. Or l’on s’aperçoit que même en vente sans ordonnance, les substituts nicotiniques ne sont pas utilisés par la majorité des fumeurs, seule une petite portion d’entre eux le fait. Et qu’on ne viennent pas me dire que c’est parce que ça ne marche pas, c’est faux ! Bien utilisés, suffisamment longtemps (c’est long un sevrage) et à dose suffisante (souvent de fortes doses avec association patch + forme orale sont nécessaires) ils sont efficaces.

Pour finir, si l’on en reste là avec ce projet de Directive européenne, c’est un tapis rouge que l’on déploie pour l’industrie de la cigarette. Le puissant lobby du tabac est bien implanté à Bruxelles (il n’y avait qu’à entendre certains représentants de pays producteurs de tabac hier lors des auditions du Comité ENVI pour en être convaincu. Le discours sur la nocivité des cigarettes contrefaites ou de contrebande est directement inspiré du discours de l’industrie du tabac). Il est urgent de réagir et d’offrir aux fumeurs européens une politique de santé publique qui soit à la hauteur des enjeux. Arrêtons de mentir aux fumeurs en leur disant, comme le fait l’OMS, que tous les produits du tabac sont également nocifs. C’est faux, les produits non fumés le sont moins que les produits fumés, le snus l’est moins que les autres produits non fumés, et la cigarette électronique ne présente probablement pas plus de danger que la consommation d’autres produits de consommation courante. Je voudrais pour terminer, rappeler une citation de Michael Russell, l’un des pionniers de la recherche sur le tabac que j’ai eu la chance de connaître et d’apprécier :

«Ce n’est pas tant l’efficacité à court terme des nouveaux substituts nicotiniques comme aide à l’arrêt, mais plutôt leur potentiel à devenir des substituts à long-terme de la cigarette, qui fait de l’élimination du tabagisme un but réaliste… Ces futurs produits devraient être activement promus sur un marché ouvert afin d’entrer en compétition avec le tabac. Il faudra pour cela que les autorités de santé les approuvent, que leurs taxes soient faibles, et que les mouvements anti-tabac les soutiennent afin que l’éradication progressive du tabagisme soit un but atteignable.»

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Publié le 25 Février 2013

Cet article est inspiré et reprend en partie les arguments développé par Clive Bates sur son blog : http://www.clivebates.com/?p=890

Le Comité ENVI (Environnement, Santé publique et Sécurité alimentaire) du Parlement européen, s’est réuni hier 25 février 2013 afin d’entendre les présentations de témoins invités à commenter le projet de Directive sur les produits du tabac. Si le comité ENVI ne modifie pas certains articles de la future Directive, cela risque non seulement d’affecter la Santé publique européenne, mais aussi de protéger l’industrie de la cigarette!

La Directive sur les produits du tabac couvre de nombreux aspects du contrôle du tabac, comme les avertissements sanitaires, les emballages, la contrebande etc…, mais elle concerne aussi le tabac non fumé, le tabac oral (snus), les produits contenant de la nicotine comme la e-cigarette ou de nouveau produits du tabac (ou celui-ci est chauffé mais pas brûlé), mais aussi la réglementation des émissions de fumée des produits combustibles. Elle devrait donc couvrir le concept de réduction du risque tabagique. Si l’on ne fait rien de plus qu’actuellement, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a prévu 1 milliard de morts au 21ème siècle (contre 100 millions au 20ème siècle!). Alors que la réduction du risque devrait être menée par des stratégie prenant en compte le marché, les consommateurs et une réglementation adaptée, aucun expert ayant une crédibilité dans ces domaines n’a été invité par le comité ENVI. Par contre l’association européenne des fabricant de cigarettes y sera représentée!

Tout comme Clive Bates, j’ai aussi envoyé une lettre à certains membres du comité ENVI: voir Ma lettre à Madame Sandrine BELIER, députée européenne.

La Directive doit promouvoir la réduction du risque et non protéger l’industrie de la cigarette

Les bénéfices. Le phénomène de la e-cigarette est mondial et s’est répandu à très grande vitesse, en partie grâce aux utilisateurs (vapeurs ou vapoteurs) qui partagent leurs expériences sur des forums de discussions sur internet. C’est un phénomène nouveau, les fumeurs n’ont jamais communiqué ainsi lorsqu’ils essayaient d’arrêter de fumer, et qui semble tellement bien fonctionner que nombre d’utilisateurs semblent abandonner rapidement la consommation de cigarettes conventionnelles. Ce phénomène a pu se développer parce que la e-cigarette est efficace, et procure aux vapeurs une sensation de satisfaction, qui leur rappelle la sensation obtenue avec la cigarette et qu’ils appellent le « hit ». C’est quelque chose de tout à fait nouveau par rapport aux substituts nicotiniques (traitement nicotinique de substitution ou TNS), qui délivrent lentement une dose de « fond » de nicotine qui atténue les effets du sevrage, mais ne procure pas se plaisir. C’est une différence FONDAMENTALE !
Avec la e-cigarette, nous tenons probablement le produit qui pourrait entrer en compétition avec la cigarette et à terme réduire considérablement son utilisation, voire la faire disparaître. C’est la vision qu’avait un des pionniers de la recherche sur la dépendance au tabac, Michael Russell, en 1991 quand il disait : «Ce n’est pas tant l’efficacité à court terme des nouveaux substituts nicotiniques comme aide à l’arrêt, mais plutôt leur potentiel à devenir des substituts à long-terme de la cigarette, qui fait de l’élimination du tabagisme un but réaliste… Ces futurs produits devraient être activement promus sur un marché ouvert afin d’entrer en compétition avec le tabac. Il faudra pour cela que les autorités de santé les approuvent, que leurs taxes soient faibles, et que les mouvements anti-tabac les soutiennent afin que l’éradication progressive du tabagisme soit un but atteignable.» Avec cette nouvelle Directive européenne, l’Europe a la possibilité de devenir le chef de file de cette transformation.

Les risques. La e-cigarette ne doit pas être considérée comme étant sans risque, mais compte tenu de sa composition ce risque est considérablement moindre que le risque lié au tabagisme, d’au moins deux ordres de magnitude, soit 99% moins dangereuse selon les estimations plausibles actuelles. Le risque le plus important n’est pas lié à son utilisation, mais à l’ingestion accidentelle de nicotine contenue dans les cartouches ou les flacons de e-liquide (encore que la toxicité de la nicotine ingérée n’est pas forte, car en milieu acide dans l’estomac elle est peu absorbée, et subit de toute façon un très fort effet de premier passage hépatique, la dégradant à près de 70%). Ceci risque peut être pris en compte par un étiquetage approprié et des flacons évitant l’ouverture accidentelle, en particulier par les enfants. Des traces de contaminants cancérigènes comme les nitrosamines ont été retrouvés dans certains e-liquides, mais des traces similaires sont retrouvées dans les TNS (contenant eux aussi de la nicotine extraite du tabac), mais aussi dans l’alimentation. Les concentrations sont très faibles et ne présentent apparemment pas de risque important pour la santé. En tout état de cause, ce risque est infime par rapport à celui des goudrons, du monoxyde de carbone (CO) et des gaz oxydant de la fumée de tabac.

Les seuils proposés par la Directive. Les vapeurs, comme les fumeurs, contrôlent la quantité de nicotine qu’ils s’administrent en modifiant le nombre et l’intensité des bouffées qu’ils prennent. C’est quelque chose qui ne peut être réalisé avec le TNS, ce qui explique peut être en partie son efficacité modérée dans l’aide à l’arrêt, mais qui surtout pointe le fait qu’il ne faut pas comparer les doses de TNS à celles des e-cigarettes ou des e-liquides. Plus la vapeur de e-cigarette est concentrée en nicotine, plus il est facile pour une personne dépendante du tabac d’obtenir la dose de nicotine qui va satisfaire son besoin et atténuer ses symptômes de manque. En France, les e-liquides ont une concentration en nicotine qui varie de 0 mg/ml (sans nicotine) à moins de 20 mg/ml (selon les normes imposées par l’ANSM, au-delà de ces concentrations une autorisation de mise sur le marché (AMM), comme un médicament, serait nécessaire). On trouve généralement dans le commerce les doses de 0, 6, 11 et 16 ou 18 mg/ml. Le projet de nouvelle Directive, dans son article 18.1, propose de limiter la concentration des e-liquides disponibles dans le commerce sans AMM à 4 mg/ml, ou à une dose qui ne produirait pas de concentrations plasmatiques de nicotine (nicotinémie) plus élevées que 4 ng/ml (la nicotinémie d’un fumeur se situe entre 30 et 50 ng/ml environ, et une cigarette permet d’obtenir une nicotinémie de l’ordre de 10 à 15 ng/ml). Un tel seuil ne permettrait donc pas de palier au manque de nicotine d’un fumeur, et conduirait donc le vapeur à continuer de fumer. Elle nécessiterait aussi que les fabricants souhaitant vendre des e-liquides plus concentrés remplissent les conditions d’une demande d’AMM, comme pour un médicament, et seraient alors régis par la Directive 2001/83/EC du médicament. Mais ceci serait-il :

  • Approprié? Les e-cigarettes ne sont pas des médicaments. Ces produits sont des alternatives à la cigarette, mais délivrent de la nicotine de façon beaucoup plus sûre. Tels qu’ils sont vendus actuellement, ces produits ne sont pas des variantes du TNS et les fabricants ne les présentent pas comme des produits d’aide à l’arrêt du tabac. Ils devraient plutôt être considérés comme des produits de consommation courante et réglementés par les lois de protections des consommateurs, qui sont très bien développées en Europe (appareils électriques, alimentation, cosmétiques, substances toxiques). Une réglementation appropriée peut être trouvée pour la e-cigarette.
  • Proportionné? La Directive du médicament impose des contraintes substantielles de coûts et de restrictions, qui incluent la réalisation d’essais cliniques, d’analyses bénéfice/risque, de pharmacovigilance, de normes de fabrications « stériles », et nombre de contraintes concernant l’emballage, l’étiquetage et la vente. Le processus d’autorisation est lent et nécessiterait une demande séparée pour chaque produit (il existe un très grand nombre de types et de modèles de e-cigarettes). Ces contraintes pousserait sans doute un grand nombre de compagnies à déposer le bilan, et à laisser la place à l’industrie du tabac, à l’industrie pharmaceutique, voire à créer un marché parallèle et de la contrebande.
  • Juste? Imposer cette réglementation stricte à la e-cigarette, sans le faire pour la cigarette conventionnelle avec laquelle elle est en compétition, créerait un déséquilibre en faveur de la cigarette. Ce serait au détriment de la réduction du risque tabagique.

Ces arguments sont développés plus en détail dans un livre écrit par le Professeur Jean-François Etter, de l’Université de Genève. La cigarette électronique : une alternative au tabac ?

2. le snus et les autres tabacs non fumés

A suivre…

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Publié le 24 Février 2013

Une étude anglaise vient de comparer l’association entre consommation d’alcool et de tabac chez les jeunes élèves anglais entre 2004 et 2006 pour le tabac (de 14 à 16 ans) et entre 2004 et 2007 pour l’alcool (14 à 17 ans). Cela représente les données de 13 635 élèves.

Les résultats montrent que le pourcentage d’élèves consommant de l’alcool (à partir d’une fois par mois, jusqu’à une à deux fois par semaine ou plus) passe de 26% à 14 ans à 71% à 17 ans, et que parallèlement, ceux qui fument (à partir d’une cigarette par semaine, jusqu’à une cigarette par jour ou plus) passent de 12% à 14 ans à 27% à 16 ans. Les élèves des classes sociales les moins favorables sont plus fumeurs, mais boivent moins d’alcool que ceux des classes les plus aisées. Les deux comportements sont fortement associés. Les élèves qui boivent sont 3 fois plus nombreux à fumer que ceux qui ne boivent pas, et réciproquement, ceux qui fument sont 3 fois plus nombreux à boire de l’alcool que ceux qui ne fument pas. La progression dans le temps des deux comportements est aussi fortement corrélée.

En conclusion, les consommations d’alcool et de tabac sont fortement corrélées chez les adolescents à partir de l’âge de 14 ans (limite inférieure de l’étude) et évoluent parallèlement pendant l’adolescence.

http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S009174351300039X

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Publié le 24 Février 2013

Un nouvel article de Clive Bates sur la réduction du risque tabagique à l’intention du comité ENVI de la Commission européenne, qui va réaliser des auditions demain à propos de la future Directive européenne sur les produits du tabac. C’est ici http://www.clivebates.com/?p=890

Voir en particulier (c’est en anglais, j’essayerai d’en faire rapidement un résumé en français):

1. E-cigarettes (Nicotine Containing Products)

2. Oral tobacco (snus) and other smokeless tobacco

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Publié le 22 Février 2013

Publié le 22 Février 2013

Pourquoi ne présenter qu’une vision partisane négative de la e-cigarette, et pas les arguments de santé publique et de réduction du risque associés à son utilisation ?

Vous aussi réagissez à cet article !

http://www.radins.com/dossiers/actu/cigarette-electronique-un-encadrement-necessaire,4522.html

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Publié le 20 Février 2013

[Edit] Je vais reprendre cet article, mais en attendant vous pouvez vous faire votre propre idée en lisant l’article publié, en accès libre ici: http://www.scirp.org/journal/PaperInformation.aspx?PaperID=28003

Interviewé ce matin sur Europe 1, Bertrand Dauzenberg affirme :
« Mais ce produit pourrait également être un produit d’initiation au tabac. Deux tiers enfants de 12-15 ans sur lesquels on avait enquêté sur Paris l’an dernier avait essayé la cigarette électronique alors qu’il n’avait pas essayé la cigarette. » http://www.europe1.fr/France/Cigarette-electronique-il-faut-un-encadrement-1421625/

D’où sortent ces chiffres? Bertrand Dautzenberg a fait une communication au congrès de la SRNT Europe à Helsinki l’été dernier, où il dit dans le résumé de son intervention:
« The percentage of teenagers reporting experimentation of e-cigarettes is 6% from 12-14 year old, 12% among 15-16 year old, 19% among 17 years old, drops down to 12% for the 18 year old and to 6% for the 19 year old. Until the age of 17, girls have more experienced e-cigarette than the boys. The experimentation
varies according to smoking status: 5% among non-smokers, 15% among occasional smokers, 18% among ex-smokers and 33% among regular smokers has experienced e-cigarettes. »

Si je lis bien, les 12-14 ans sont 6% a avoir expérimenté la e-cigarette, et les 15-16 sont 12%. Comment se peut-il alors que Bertrand Dautzenberg trouve 66% (deux tiers) chez les 12-15 ans?

http://www.srnteurope.org/assets/Abstract-Book-Final.pdf
page 55.

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Publié le 19 Février 2013

Ma réponse à Gérard Audureau, dans les commentaires de son article…
Cigarette électronique: « L’addiction, non merci! »

http://www.lexpress.fr/actualite/sciences/sante/commentaire.asp?id=1221069

Gérard,
Je voulais commenter ton article car il y a beaucoup d’a priori dans ton discours, mais je crois que les réponses que t’ont adressé les vapoteurs se suffisent à elles-mêmes, et j’espère que tu les liras avec attention. Mais je voulais juste rebondir sur ton propos, quand tu dis qu’il ne faut pas voir la cigarette électronique comme une solution miracle au tabagisme. Je pense que tu as tord de sous-estimer ce phénomène né spontanément chez les fumeurs et qui se propage par le bouche à oreille. Jamais nous n’avons eu un allié aussi efficace dans notre lutte contre le tabagisme, et il faut lui faire une place. Imagine ce qu’en termes de santé publique représenterait l’abandon pur et simple du tabac par ne serait-ce que 30% des fumeurs ! Et comme tu as pu le lire dans leurs propos, l’arrêt de la nicotine se fait aussi naturellement chez certains d’entre eux. Il semble donc que la dépendance soit moins forte avec la e-cigarette. C’est aussi un point qu’il ne faut pas négliger.
Amicalement,
Jacques Le Houezec

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Publié le 18 Février 2013

Vu sur le net: « Si vous fumez des cigarettes Light, vous inhalez environ 0,6 mg de nicotine sur chaque cigarette« . C’est faux!
Si l’intention de départ est bonne (chercher à adapter la dose de nicotine à utiliser avec une e-cigarette), la théorie est totalement fausse. Il n’y a pas de cigarettes légères ou ultra-légères. Ces dénominations ont été supprimées en Europe depuis 2003, car elles étaient trompeuses, grâce à un article de Martin Jarvis (« la quantité estimée de nicotine prise par cigarette est de 1,17 mg chez les fumeurs fumant des cigarettes ayant un rendement de moins de 0,4 mg de nicotine, 1,22 mg chez ceux utilisant des cigarettes ayant un rendement entre 0,4 mg et moins de 0,8 mg, et 1,31 mg chez ceux dont les cigarettes ont un rendement supérieur ou égal à 0,8 mg »).
http://jnci.oxfordjournals.org/content/93/2/134.long
Mais les symboles ont la vie dure, et les fumeurs croient encore les chiffres apposés sur leurs paquets de cigarettes, même s’ils ne veulent rien dire (il faut dire que l’industrie du tabac les aide bien en utilisant des paquets aux couleurs suggestives!). Ces soit-disant 0,6 mg de nicotine (ou tout autre chiffre indiqué sur le côté du paquet de cigarettes), correspondent à ce qu’une machine à fumer recueille en fumant une cigarette selon un certain rythme (standardisé), et sans boucher les minuscules trous fait au laser au niveau du filtre qui diluent la fumée avant d’entrer dans la machine. Le fumeur bouche, soit avec les doigts, soit avec les lèvres, ces trous, et modifie sa façon de fumer de façon à obtenir en gros 1 mg de nicotine par cigarette (mais il peut en obtenir jusqu’à 3 mg environ, en modifiant le volume, la durée des bouffées, le temps de rétention dans les poumons…).
Pour faire simple, il faut oublier les chiffres marqués sur les paquets de cigarettes. Il vaut encore mieux utiliser le nombre de cigarettes fumées par jour, même si là encore ce n’est pas une mesure fiable, ou mieux utiliser le test de Fagerström (http://www.stoptabac.ch/fr/test_dependance.html). Une dénomination petit, moyen ou gros fumeur (comme on la trouve sur de nombreux sites) est sans doute d’ailleurs suffisante.

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