Désinformation: la différence entre une étude en laboratoire et la réalité

Publié le 22 Janvier 2015

Mise à jour à 21h45

Voici un schéma qui explique simplement les résultats de cette étude:

Désinformation: la différence entre une étude en laboratoire et la réalité

Mise à jour à 21h45

Voici un schéma qui explique simplement les résultats de cette étude:

 

 

Mise à jour à 15h10

Sur le blog du Dr Farsalinos: Verified: formaldehyde levels found in the NEJM study were associated with dry puff conditions. An update

"Selon le Post Reddit et le courriel de l'auteur, l'atomiseur avait une résistance de 2,1 Ohm. Cela signifie que à 3,3 volts, la puissance délivrée est d'environ 5,5 watts, et à 5 volts elle était de 12 watts. Il est plus qu'évident que les résultats montrant des niveaux très élevés de formaldéhyde sont le résultat d'une surchauffe. Le manque d'expérience sur les e-cigarettes et aucun contact avec les utilisateurs peuvent entraîner de telles résultats erronés et irréalistes, ce qui peut créer de la confusion et la désinformation tant dans la communauté scientifique et entre les utilisateurs et utilisateurs potentiels d'e-cigarette. Enfin, il est extrêmement important que chaque étude évaluant la chimie de la vapeur d'e-cigarette se doit de mentionner en détail l'équipement utilisé.

Je dois d'abord dire que je ai l'expérience de recherches personnelles sur l'utilisation d'atomiseurs à résistance en haut. J'ai essayé d'utiliser un tel clearomiseur dans mon étude évaluant les niveaux de nicotine dans le plasma après utilisation d'e-cigarette. Dans cette étude, nous avons utilisé une batterie EVIC fixée à 9 watts. Malheureusement, il était impossible pour la plupart des vapoteurs d'utiliser le clearomiseur selon leurs conditions préférées, en raison d'un goût de brulé (dry-puff). Seule une petite minorité qui prenaient des bouffées très courtes ont été en mesure de l'utiliser à 9 watts. Donc, je ai dû changer le clearomiseur pour un Evod à résistance en bas, qui a très bien fonctionné à 9 watts. En fait, la durée moyenne de bouffée des participants à cette étude était de 3,5 secondes. Donc, le clearomiseur à résistance en haut utilisé à 9 watts était en surchauffe à une durée de bouffée de moins que les 4 secondes utilisées dans l'étude du NEJM. Ce ne est pas la première fois que le clearomiseur s'est avéré insuffisant et a abouti à un phénomène de dry-puff, immédiatement détecté par les vapoteurs; dans notre étude de topographie de la vape j'ai spécifiquement mentionné: «À l'origine notre intention était de tester un autre clearomiseur (" eGo-C ", Joyetech); Toutefois, certains utilisateurs ont connu une surchauffe de l'atomiseur et un phénomène connu sous le nom "dry-puff" (désagréable, goût de brûlé causée par une arrivée insuffisante de liquide au niveau de la résistance, de sorte que le taux d'évaporation est plus élevé que l'arrivée de liquide; voir la section Discussion pour plus de détails). Ils ont dû abaisser la durée de bouffée et augmenter l'intervalle inter-bouffées afin d'éviter ce phénomène. En réponse à cela, la eGo-C a été remplacé par l'"Epsilon" et on a demandé aux participants de revenir pour des enregistrements avec le nouveau clearomiseur. Tous les résultats avec l'atomiseur eGo-C ont été rejetés ". Les auteurs de l'étude NEJM auraient dû lire notre étude et auraient dû connaître l'existence de ce phénomène."

 

Mise à jour 11h05, 22/01/15*

Une fois de plus certains journalistes sautent à pieds joints sur une étude, cherchant à dénigrer le vaporisateur de nicotine (VP), en utilisant des titres sensationnels, et sans prendre la peine d'analyser réellement la validité de cette étude.

Une lettre, publiée dans le New England Journal of Medicine, détaille une expérience faite en laboratoire en utilisant un vaporisateur de seconde génération à 3,3 et à 5,0 volts, avec une durée de bouffée de 4 secondes, sans préciser le type et la valeur de la résistance employée. A 3,3 volts ils n'ont pas pu mesurer d'émission de formaldéhyde (substance cancérigène), mais à 5,0 volts ils ont mesuré des quantités supérieures à celles émises par une cigarette de tabac.

Sur son blog, le Dr Farsalinos critique sévèrement cette étude, et propose tout d'abord une autre interprétation de ce qui a été réellement mesuré. Selon lui, "les auteurs n'ont pas trouvé du formaldéhyde [ndlr: dans la vapeur produite], mais des hémiacétals de formaldéhyde."

Un hémiacétal est un groupe fonctionnel formé par réaction d'un aldéhyde et d'un alcool ou un composé chimique contenant ce groupe fonctionnel. Dans le cas du VP, il s'agit de formaldéhyde-propylène glycol ou de formaldéhyde-glycérol (on rappelle ici que le propylène glycol et la glycérine végétale sont des alcools, et non des corps gras!). Or, selon le Dr Farsalinos, "il n'existe aucune preuve que les hémiacétals soient toxiques ou cancérigènes. Il est même possible que la formation d'hémiacétals protège des dommages causés par le formaldéhyde. Et cependant, les auteurs les ont considérés comme du formaldéhyde et ont calculé un risque de cancer."

Le problème de ce type de recherches est qu'elles sont conduites par des personnes ne connaissant pas grand chose à la vape. Ce qui est important pour analyser ces résultats ce n'est pas les volts délivrés par la batterie, mais la puissance en watts appliquée à la résistance. Les auteurs ne mentionnent même pas la valeur de la résistance qu'ils ont utilisé. Encore une fois, le Dr Farsalinos, qui a fait de nombreuses études sur le sujet, essaye d'y voir plus clair. Il utilise pour cela les données présentées dans l'étude. Il dit: "Les auteurs rapportent que 5 mg de liquide ont été vaporisés à 3,3 volts. Selon des mesures que j'ai réalisées, une telle consommation de liquide correspond à des bouffées de 4 secondes à 6-7 watts. La résistance devait donc être de 1,6 à 1,8 ohms. Ce qui à 5 volts donne une puissance de 14-16 watts. Ce qui est une valeur très élevée pour la plupart des atomiseurs du commerce (exceptés certains reconstructibles qui peuvent supporter une telle puissance). Il est donc évident que l'atomiseur a été surchauffé, ce qui bien sûr résulte en une production très élevée de formaldéhyde. Ce que les auteurs ignorent, c'est que ces conditions, connues sous le nom de dry-puff, sont facilement détectées par les utilisateurs de VP. Cela produit un goût insupportable, et personne n'utilise un VP dans ces conditions, et n'est donc jamais exposé à de telles concentrations de formaldéhyde."

Voilà pourquoi il faut toujours être critique lorsque l'on lit une étude scientifique publiée, et surtout lorsqu'elle est accompagnée d'un dossier de presse pour la faire connaître. C'est notre rôle de scientifique, on ne prend jamais les résultats d'une étude (surtout ceux rapportés dans le résumé) pour argent comptant. Cela aurait dû d'ailleurs être fait par les relecteurs qui ont accepté la publication de cette lettre dans le NEJM, ce qui ne semble pas être le cas. C'est aussi pour cela que les journalistes devraient, s'ils n'ont pas la formation nécessaire pour cela, toujours faire appel à un expert avant de reprendre tous en chœur une dépêche de l'AFP (ce qui est de plus en plus monnaie courante, car il faut réagir vite pour être le premier à publier!). C'est dommage que cette course à l'information soit généralisée à ce point, car elle n'est bonne pour personne, ni pour le lecteur, qui se retrouve en fait désinformé et qui va peut-être hésiter à utiliser un VP s'il est fumeur, ni pour les journaux qui se décrédibilisent à long terme.

Dans le cas présent, la dépêche de l'AFP contenait bien un commentaire de Peter Hajek, modérant les résultats de cette étude. Cela n'a pas empêché certains journaux de mettre un titre bien racoleur et qui est la seule chose que les gens vont retenir (n'est-ce pas BFMTV, et même Le Monde ?). Pourtant hier, le Ministre de la Santé du Quebec vantait les mérites du VP, ce que je n'ai vu repris nul part dans nos journaux, c'est bien dommage.

* Les chercheurs ont utilisé un clearomiseur CE4 avec une résistance de 2,1 ohms, sur une iTaste VV. Personne n'utilise une tension de 5V sur un tel clearo, ça brûle, c'est sûr!
https://www.reddit.com/r/electronic_cigarette/comments/2t8lo7/researchers_find_high_levels_of_cloaked_form_of/cnwwl8v

Rédigé par Jacques Le Houezec

Publié dans #études, #toxicité, #vapeur

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A
Personne n'a pensé à tester les cigarettes (les tueuses) en les allumant par le filtre ?<br /> Parce que c'est à peu près aussi proche de la réalité et le goût doit être le même !
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C
Oui très très bonne comparaison. C'est un peu comme manger du jambon avarie aussi, ça va vous rendre très très malade toute la nuit. Mais c'est tellement infâme que vous n'en prendrez pas!! Encore mille fois merci, a ces journaleux qui prônent la désinformation !! Je vapote depuis maintenant un an et depuis l'apparition de ces articles ça fait déjà 3 personnes qui me gonflent sur les dangers de la cape ( c'est gens se sont bien sur contentes de lire les gros titres sans analyser ..) en tout cas felicitations aux de traqueurs de l'e cig vous avez gagne une bataille
C
Cramer son steak au BQ. ou son beurre dans la poele est cancérigène!!!!Que de beaux titres pour les journaux:&quot;la viande et le beurre,cancérigènes!&quot;<br /> La cigartte produit peu de formaldéhyde (supposé cancérigène )mais beaucoup de goudrons et autres......alors pq. ne comparer que sur cette substance(formaldehyde)
D
Est-ce que ça signifie que lorsqu'on vape en subohm sur un dripper, on est plus exposé? Le 100% glycérine crée-t-il plus de formaldehyde?
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W
Je doute que le tableau soit bien représentatif pour ce genre de matériel. Pour ma part j'utilise un atomiseur recontructible et un mod électronique où je peux régler l'airflow, le juice control et le wattage. A mon avis, tout est question de viscosité, de capillarité de débit d'air et de température. Sur dripper en inhalation directe on aspire tellement fort que ça va refroidir d'autant plus le coil et donc dans un sens baisser le risque d'avoir une surchauffe, mais c'est vrai que statistiquement il y a plus de chance de dry-hit que sur un atomiseur tank.
S
oui dans le sens ou tu risque de te taper un dry hit plus rapidement. apres pour le 100 VG je sais pas vraiment mais JE CROIS (je suis pas sûr) que le propylène est moins sain que la vg
C
Bonsoir, juste une petite correction (et à moins que je ne l'ai manqué), c'est le ministre de la Santé du Québec, le Dr Barette, qui a fait cette déclaration positive sur la vape. En utilisant l'adjectif &quot;canadien&quot;, ça laisse à entendre qu'il s'agit du gouvernement fédéral, l'autre palier alors que le Dr Gaétan Barette est ministre au niveau provincial).
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J
Merci de cette précision, je vais corriger ;-)
D
C'est fou comme la presse aime venir cracher son venin sur la Vape juste dans le but de faire du buzz...<br /> <br /> Bref, les choses sont clairs, c'est le fameux dry puff aka dry hit qui est en cause et il faudrait être dingo pour continuer à vaper en cas de dry puff.<br /> <br /> Que cela soit sur des petits ato avec une résistance de 1,2 ohm avec des petites batteries ou sur un dripper monter en 0,5 ohm à 100 watts tant que nous ne vapotons pas jusqu'au dry puff tout va bien et puis quand le dry arrive on le sent venir et on évite donc tout va bien dans ce monde de dingue ;-)<br /> <br /> Bonne Vape à toutes et tous et merci Jacques pour ces éclaircissements
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A
moi jen suis a ma 2imes semaines aujourdhui sans fumer , je vapote ! et je me sens bien mieu deja je trouve dommage quil y a tant de mauvaises etudes un peu partout
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G
Oui je suis sur que sa doit etre beaucoup moin nocif que la cigarette normale moi je fume aussi cette cigarette électronique mais se qui les ennuis le plus c est que l etat ne gagne plus d argents sur se type de cigarette
M
j'ai 48 ans dont 32 années de tabac. je vapote depuis 1 an. a 3.8V &amp; 15 mg. de nicotine(moyenne). je fais 3 jours(moyenne) avec une dose de 10 ml. Je ne me suis jamais senti aussi bien: finit les toux grasses matinales,, pratiquement plus de rhume &amp; rhinopharingite,, retrouvé un meilleur goût &amp; odorat.... la pêche !!!... tout simplement :-)