Résultat pour “nicotine”

Publié le 9 Décembre 2013

Mme Lepage, ne pouvant me connecter sur le site du Huffington Post qui oblige à passer par un compte FB pour le faire, ce qui est tout à fait anti-démocratique, c'est ici que je répondrai à votre article du Huffington Post de ce jour (9 décembre 2013) :

http://www.huffingtonpost.fr/corinne-lepage/decryptage-debats-sur-le-tabac-_b_4413092.html?1386608423


Selon vous : "Le couperet est tombé par le biais du tribunal de commerce de Toulouse, la cigarette électronique est un produit destiné à être fumé -produit assimilé du tabac-. Les réjouissances des vapoteurs post vote du Parlement européen s'envolent en fumée ouvrant une nouvelle période d'incertitude juridique."

C'est aller trop vite, il y a un appel de la décision, qui de plus n'est qu'une décision de tribunal du commerce. Je ne pense pas que cette juridiction soit à même de décider quel est le statut de la e-cigarette (je n'aime pas ce mot, car ce n'est pas une cigarette, d'où la confusion générale!). Comme je l'ai écrit dans ma récente lettre ouverte à Mme la Ministre de la Santé et à tous nos élus : "La e-cigarette n'est pas un produit du tabac, c'est une alternative au tabac, et elle n'est pas non plus un médicament, comme l'a confirmé le Parlement européen. L'urgence serait de décider les instances européennes à retirer la e-cigarette de la Directive, afin qu'elle puisse être votée rapidement, ce qui est encore possible. Il est nécessaire de proposer une législation sur la e-cigarette qui tienne réellement compte des données scientifiques, et non pas d'un principe de précaution exacerbé basé sur le manque d'information des décideurs."


Selon vous, toujours : "Ce dossier voit une opposition spécifique entre les lobbys du tabac, les buralistes, les distributeurs et fabricants de cigarettes électroniques (mobilisant les vapoteurs), l'industrie pharmaceutique (ne souhaitant pas d'alternative aux substituts nicotiniques)."

Je crois que vous n'avez pas bien compris que les utilisateurs se sont mobilisés eux-mêmes, ils n'ont pas eu besoin des distributeurs ni des fabricants pour cela. Il existe des associations d'utilisateurs (ce qu'on a jamais vu avec la cigarette!) qui sont indépendantes des fabricants. Elles ont tout fait pour garder cette indépendance. C'est le cas de AIDUCE, l'association française. A l'inverse, comme je l'ai écrit : "Il est évident que l'industrie du tabac fait tout ce qu'elle peut en ce moment pour influer sur les décisions, et serait trop heureuse de faire capoter la Directive."



Selon vous, et c'est en partie vrai : "L'article 18 concerne la cigarette électronique, et l'article 17 concerne les nouveaux produits mis sur le marché. Les problèmes liés à l'article 17 sont directement liés à l'article 18. Cet article peut être lu de différentes manières et si l'article 18 venait à disparaitre, il pourrait être un vecteur pour l'introduction des cigarettes électroniques sous un nouveau statut."

C'est bien pour cette raison que j'ai écrit, qu'il ne fallait pas seulement retirer l'article 18 de la Directive, mais supprimer toute mention de la e-cigarette, qui n'a rien à faire dans la Directive européenne sur les produits du tabac (car ce n'est est pas un, de même, mais pas au même titre, que les substituts nicotiniques ne sont pas considérés comme des produits du tabac). Il serait ensuite possible de commencer un nouveau processus législatif pour les produits contenant de la nicotine.


Selon vous : "Quel est l'intérêt du consommateur et de la santé publique? Lutter contre le tabac est évidemment un impératif de santé publique, ce qui n'empêche toutefois pas l'union européenne de continuer à subventionner les producteurs de tabac! Pour sortir de la dépendance tabagique, la cigarette électronique peut être une aide précieuse à tous les fumeurs. Idéalement, la cigarette électronique aurait dû faire l'objet d'un texte réglementant son usage mais les points de vue diamétralement opposés entre les membres du Conseil n'auraient pas permis de fixer un cadre rapidement dans un marché en très forte croissance. Le délai de mise en place aurait conduit à légiférer trop tardivement alors que le marché aurait déjà été trop fortement implanté. Mais, si la cigarette électronique doit être un outil de sevrage, elle ne doit en aucun cas servir à un but diamétralement opposé: constituer un sas d'entrée à la dépendance au tabac."

Vous reconnaissez vous même que la e-cigarette pourrait constituer un bénéfice de santé publique, et je suis tout à fait d'accord. Et que la e-cigarette aurait dû faire l'objet d'un texte spécifique. C'est exactement ce que j'ai proposé dans ma lettre ouverte. Mais contrairement à ce que vous dites : "Il n'y a aucune urgence à faire cela, il n'y a aucun danger immédiat qui puisse le justifier. Au contraire, il serait raisonnable de prendre le temps de développer une législation adéquate respectant le processus habituel, incluant:
- une évaluation des données scientifiques;
- une évaluation de l'impact sur les utilisateurs et les fabricants (prenant en compte les conséquences comme la création d'un marché parallèle ou de fabrication artisanale);
- une réelle consultation (des experts, des utilisateurs et des fabricants);
- et un examen minutieux du processus légis
latif de la part des états membres."


Selon vous : "Par ailleurs, les effets de la cigarette électronique à long terme sont encore largement inconnus. La cigarette électronique ne peut être uniquement placée sous le régime commun de la responsabilité des producteurs et cela en regard des risques à long terme qui sont totalement inconnus. Les produits contenus dans la cigarette électronique et leur mode de consommation ne bénéficient d'aucun recul."

Nous sommes bien d'accord, et c'est aussi ce que demandent les utilisateurs eux-même, il faut qu'il y ait un contrôle et une réglementation qui leur permettent de consommer des produits en étant rassurés de leur qualité.

Par contre je suis tout à fait contre l'idée qu'il n'y a aucun recul. Il y a maintenant une littérature scientifique conséquente qui grossit de jour en jour sur les effets et la toxicité de la e-cigarette et des e-liquides. Il y a de plus un grand nombre d'utilisateurs qui utilisent ces produits depuis plusieurs années et qui témoignent tous plutôt d'une amélioration de leur santé que l'inverse. Et comment pourrait-on imaginer qu'il en soit autrement lorsque l'on connaît les ravages que cause le tabac! Je ne vous ferais pas l'offense de vous rappeler les chiffres !

Je vous conseille plutôt d'aller lire les présentations qui ont été faites lors du e-cigarette Summit de Londres (réunion organisée par le forum des utilisateurs anglais, sans le soutien financier des fabricants ) début novembre, vous y trouverez une très bonne analyse de ce que l'on sait de la e-cigarette aujourd'hui.


Selon vous : "Contrairement aux arguments développés par le lobby des cigarettes électroniques, les cadres médicament / paramédical / dispositifs médicaux peuvent être très souples et fournir les outils juridiques pour contrôler ce marché. Ces cadres ne conduisent pas de facto à une vente en pharmacie."

Sauf en France madame, le médicament est pour l'instant monopole des pharmacies, tout comme le tabac est monopole des buralistes. Et je ne pense pas que cela soit prêt de changer.


selon vous : "Pour pouvoir trancher le Parlement doit se mettre d'accord avec le Conseil de l'Union. Sur les 28 membres, 15 membres ont déjà fait le choix pour un encadrement médicament. Le rapport remis jeudi dernier par la commission ad hoc à la Ministre de la santé belge ne devrait pas faciliter la tâche pour aller vers une législation de produit de consommation courante. La cigarette électronique y est présentée comme étant un produit dangereux, cheval de Troie de l'industrie du tabac pour cibler une population non fumeuse et produit pouvant se révéler contre-productif pour le sevrage tabagique d'une personne motivée pour arrêter de fumer."

A votre avis, à qui devons-nous cette position quelque peu fantaisiste, quand on connaît un peu le sujet, si ce n'est des lobbies du tabac et pharmaceutique. Comment peut-on oser présenter la e-cigarette comme un produit dangereux et continuer à vendre sans scrupule, y compris aux mineurs qui peuvent très facilement s'en procurer, le tabac. Quant à l'argument selon lequel la e-cigarette viserait les jeunes et les non-fumeurs, c'est un argument fallacieux qui n'est étayé à ce jour, par aucune des études qui ont été publiées sur ce sujet. Dans celles-ci, le pourcentage d'utilisateurs réguliers est inférieur à 1%. Il ne faut pas confondre ceux qui ont essayé, comme ils essaient aussi la cigarette, avec un bien plus grand danger, et ceux qui les utilisent (dans la plupart des études, c'est l'avoir utilisé au moins une fois dans les 30 derniers jours qui est le critère, ça ne fait pas de ces tentatives, des utilisateurs).


Et pour conclure, selon vous : "En résumé, les institutions européennes vont devoir trancher sur 2 points majeurs : le contrôle de la mise sur le marché et le contrôle des points de vente. Pour ma part, au vu des données actuellement disponibles, la prudence pousse à un contrôle des produits et, au vu du potentiel en santé publique, à une distribution large avec un encadrement notamment sur l'âge (interdit au moins de 18 ans), une interdiction de la publicité et des messages sanitaires sur les risques. Mais le risque est grand que ce consensus raisonnable soit rejeté et que l'article 18 soit exclu du vote final. Le sujet serait alors repris dans quelques années, à une époque où la cigarette électronique sera très largement répandue quelque en soit ses effets, où les cigarettiers auront pu reprendre leur sinistre labeur de publicité en faveur du tabac sur la cigarette électronique, où de nombreux emplois se seront développés dans ce secteur, rendant quasi impossible une réglementation conforme à l'intérêt général."

Encore une fois Mme Lepage, il n'y a pas péril en la demeure, et Il n'y a aucune urgence à légiférer, car il n'y a aucun danger immédiat qui puisse le justifier.

La meilleure solution à l'heure actuelle serait de :
1) finaliser la Directive sur les produits du tabac (en excluant la e-cigarette);
2) dans l’intérim, utiliser à bon escient les plus de 17 Directives qui peuvent s'appliquer (voir l'annexe dans ma lettre ouverte);
3) commencer un nouveau processus législatif pour les produits contenant de la nicotine après les élections européennes du mois de mai 2014 qui tienne compte des données scientifiques, d'une évaluation de l'impact, d'une réelle consultation et d'un examen minutieux de la part des états membres, en cohérence avec les principes de précaution et de non discrimination, ainsi que des bases juridiques appropriées (ce qui n'est pas le cas actuellement).
Comme je le rappelle dans ma lettre ouverte : "Je ne suis pas un spécialiste de tous ces processus, aussi je vous renvoie vers une analyse beaucoup plus détaillée de Clive Bates : http://www.clivebates.com/?p=1666"

Mais il me semble que cette solution est la meilleure que vous puissiez suggérer pour permettre un vote rapide de la Directive européenne sur les produits du tabac, et jeter les bases d'une législation appropriée aux produits contenant de la nicotine, dont la e-cigarette.

Je vous remercie d'avoir pris le temps de me lire, car je ne doute pas que vous le ferez.

Bien cordialement,

Jacques Le Houezec

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Publié le 28 Octobre 2020

 

Nous sommes le 28 octobre 2020, soit 4 jours avant le début du Mois sans tabac, où la vape n'est pas ignorée (a contrario de l'année passée) par Santé Publique France.

Mais voilà, cela fait 10 ans que la vape dérange...

L'année dernière ils n'ont même pas eu a se fouler la rate. On a eu d'abord l'OMS "la vape est incontestablement nocive") en juillet, suivi au mois d'août et tout l'automne par les maladies pulmonaires et les morts aux USA dus à la consommation de produits au THC frelatés (car fournis au marché noir dans les Etats américains n'ayant pas légalisé le cannabis). Mais bien sûr les gros titres ne faisaient pas la différence, un petit peu d'amalgame ne peut pas faire de mal !

Et puis... la COVID est arrivée. Combien d'ex-fumeurs vapoteurs retournés à la cigarette depuis ? Combien de fumeurs éloignés de l'outil préféré des Français pour arrêter de fumer (selon Santé Publique France) ?

Mais là, le Mois sans tabac va débuter, et le tabac va encore augmenter un petit peu. Faudrait quand même pas que les taxes du tabac soient réduites à peau de chagrin. Alors que pourrait-on inventer ?

Et si on demandait à l'ANSES, qui a reçu plein d'argent par les notifications de liquides à vaper entre 2016 et 2019, mais qui n'a jamais fait son boulot (par manque de personnel sans doute), ce qui a conduit l'Etat à annuler la "taxe" sur les déclarations des liquides (puisque non utilisé par l'autorité sensée faire les contrôles), de nous pondre un petit rapport pour nous aider à garder les fumeurs et les taxes qui vont avec.

On imagine bien le circuit (qui est le même depuis des décennies) : Ministère des Finances => Ministère de la Santé => ANSES. Aidez-nous on va perdre des sous !

Bien évidemment depuis ce matin on voit des gros titres qui vont bien faire peur aux gens.

Alors analysons un peu le communiqué de presse de l'ANSES disponible sur leur site (voir le lien au début de ce post).

Bon, première constatation, la photo de UNE nous montre à quel point l'ANSES est à la page concernant les produits du vapotage. Une vape de seconde génération de 2013-2014. Connaissant la vitesse à laquelle la vape s'est développée, ils pourraient au moins mettre une box et un ato !

Ensuite, on commence par entretenir la confusion : Tabac et Vape traités au même plan. On oublie juste que les associations de vapoteurs et les professionnels se sont battus pour que la vape soit traitée autrement que le tabac, ce que le Ministère de la Santé a figé dans le marbre en parlant de Produits du vapotage dans la transcription en Droit français de la Directive européenne.

Comment saper la vape juste avant le mois sans tabac !

En gros, ce que l'on reproche aux professionnels de la vape, c'est de ne pas avoir donné toutes les informations sur la composition et le volume des ventes. Mais si l'ANSES avait rempli son rôle, ce n'est pas 4 ans après le début des notifications qu'elle aurait dû s'émouvoir, non ?

Comment saper la vape juste avant le mois sans tabac !

On se gausse de publier les premières données européennes... plus de 4 ans après la mise en place de cet organisme. Mais Ouups ! On a oublié les liquides sans nicotine... qui peuvent se retrouver sur le marché sans déclaration à l'ANSES (mais pas à l'INRS, n'est-ce pas les professionnels qui ont oublié ce petit détail !). La déclaration à l'INRS est obligatoire pour une question de risque des mélanges chimiques, de façon à ce que les centres anti-poison puissent faire leur boulot en cas d'accident.

Comment saper la vape juste avant le mois sans tabac !

Donc, concernant la vape voilà ce qui est annoncé.

Comment saper la vape juste avant le mois sans tabac !Comment saper la vape juste avant le mois sans tabac !

Alors le buzz, va donc se faire sur des détails, parce que c'est ça qui peut faire peur, et qui va être repris dans la presse. Histoire de bien angoisser tout le monde et éviter que les gens arrêtent de fumer.

Les produits CMR sont à proscrire dans les liquides, comme dans tout produit de consommation. Sauf que la liste des produits CMR évolue quasiment au quotidien, et que les professionnels de la vape doivent suivre ça de près car un arôme ou un additif par exemple peut être déclaré CMR du jour au lendemain. La réaction habituelle des professionnels est alors de modifier la composition de leur liquide pour répondre à cette modification de la réglementation. Donc en 2019-2020, cela correspond à 3.5% (de plus de 33000 liquides "analysés"), quasiment tous des liquides non fabriqués en France. ENORME !

Pour les ingrédients interdits c'est quand même ENORME 0,06% (de plus de 33000 produits). Par comparaison c'est 0,19% dans les produits du tabac (soit 30 fois plus).

 

Autre reproche, les professionnels n'ont pas transmis leurs volume de ventes. Bon c'est pas bien, mais l'Industrie du tabac ne semble pas faire mieux ! Mais peut-être que l'ANSES n'a pas non plus fait son boulot là. Si ils veulent des données, peut-être qu'un petit rappel régulier serait suffisant pour les obtenir. 

 

Et c'est là que l'ANSES s'aperçoit que la réglementation européenne a laissé de côté les liquides sans nicotine (à cause de la limitation à 10 ml des liquides nicotinés, qui est en outre une aberration écologique), et que cela a ouvert une brèche pour les grands contenants sans nicotine dans laquelle les professionnels et les utilisateurs se sont engouffrés. C'est le problème, comme dirait Clive Bates, de mettre en place une réglementation sans en peser les conséquences négatives pour les utilisateurs. C'est ce qui s'est passé à une autre échelle, et sans rapport avec la vape nicotinée, aux USA avec les liquides au THC frelatés, causé par le fait que certains Etats ont légalisé le cannabis alors que d'autres restaient dans la prohibition, créant ainsi un marché parallèle sans aucun contrôle. 

Et puis tant qu'à faire on va remettre une petite couche de doute sur la toxicité (réfuté par plusieurs études), l'efficacité de la vape pour l'arrêt du tabac (pourtant confirmé récemment par la revue Cochrane), ou encore l'hypothétique effet passerelle (démenti par toutes les études de population, y compris aux USA).

 

L'ANSES demande à BVA une enquête sur le vapotage. Rien d'affolant pour les personnes connaissant un peu la vape. Mais l'ANSES découvre que 40% des vapoteurs font leurs liquides eux-même ! Donc en dehors de toute réglementation (sauf pour les boosters). Et donc tout le monde s'émeut à l'ANSES. Quoi ? Non seulement les vapoteurs ne vont plus remplir les caisses de l'Etat avec les taxes du tabac, mais en plus on a créé un "marché parallèle" !

 

Comme finalement on n'a pas grand chose à se mettre sous la dent, on va essayer de faire un peu peur avec les intoxications accidentelles.

 

Mais en fait on ne trouve pas grand chose en 2017, alors on en a remis une autre en route (2019-2020, non encore publiée) histoire d'instiller le doute.

 

Bref, tout ça pour ça !

Alors soyez un peu critique en lisant la presse dans les prochains jours. Plus de 10 ans que la vape existe, et toujours rien à lui repprocher. Alors semons le doute, créons un doute, ça peut pas faire de mal pour les finances de l'Etat.

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Publié le 8 Décembre 2014

Mise à jour du 8 décembre (voir * ci-dessous)

Jeudi 27 novembre, toute la presse mondiale s'est fait l'écho d'une soi-disant étude japonaise montrant des taux de formaldéhyde dans la vapeur de cigarette électronique 10 fois supérieurs à ceux retrouvés dans la fumée de cigarette.

Et tout le monde de tirer à boulets rouges sur le vaporisateur de nicotine avec des titres mensongers du type "La cigarette électronique est, elle aussi, cancérigène" ou "Les cigarettes électroniques plus cancérigènes que le tabac?".

Tous reprennent en chœur une dépêche de l'AFP. Sans prendre le temps bien sûr d'aller se renseigner sur l'étude en question.

Pourtant le même jour, le Dr Farsalinos, qui est l'Editeur invité d'un numéro spécial sur la cigarette électronique dans cette revue scientifique, fait une analyse critique de cette étude et rapporte les propos qu'il a échangé avec le Pr Kunugita, l'un des auteurs de l'étude, et qui a rédigé un rapport pour le Ministère de la santé japonais. C'est suite à la remise de ce rapport que le Pr Kunugita a donné une interview où il a mentionné "In one brand of e-cigarette the team found more than 10 times the level of carcinogens contained in one regular cigarette" ["dans une marque de e-cigarettes l'équipe a trouvé des niveaux de carcinogènes 10 fois supérieurs à ceux contenus dans une cigarette normale"].

Alors que tout le monde reprend en chœur le mot "carcinogènes" au pluriel, l'interview ne mentionne que le formaldéhyde (qui est une substance à laquelle tout le monde d'ailleurs est exposé, car c'est un polluant courant dans les habitations). Lorsque l'on analyse l'étude japonaise citée plus haut, on trouve en fait une moyenne de 4.2 µg de formaldéhyde pour 10 bouffées, et sur 13 marques testées, celle produisant le plus de formaldéhyde a donné une valeur de 34 µg/10 bouffées. Cependant, l'étude n'a pas comparé ces taux avec ceux de la cigarette de tabac. Le Dr Farsalinos l'a fait dans sa critique. Il se rapporte à une étude canadienne de 2008 qui a montré un taux moyen de 200 µg par cigarette (voir le tableau ci-dessous). Soit 50 fois plus que la moyenne des 13 marques de cigarettes électroniques testées dans l'étude japonaise, et au pire, 6 fois plus que celle ayant produit la plus grande quantité (34 µg/10 bouffées). Il faut noter aussi, que la fumée secondaire d'une cigarette (celle impliquée dans le tabagisme passif, et qui n'existe pas pour le vaporisateur de nicotine) produit plus de 800 µg de formaldéhyde!

En tout état de cause, il n'est pas scientifiquement valide de prendre une valeur parmi les 13 et d'accuser l'ensemble des produits testés (c'est pourtant ce qu'avait fait sans vergogne 60 millions de consommateurs en 2013, et qui lui avait valu une critique acerbe de la part des scientifiques).

Journalisme: tourner 7 fois sa souris dans sa main avant de faire un copié-collé d'une dépêche de l'AFP !

Mais en fait, le Dr Farsalinos rapporte d'autres propos du Pr Kunugita qui ont été repris dans le communiqué de presse de l'AFP. Son équipe de recherche a testé d'autres produits et il semble qu'ils aient trouvé une valeur 10 fois supérieure (1600 µg/15 bouffées) avec une autre marque de e-cigarettes, et c'est cela qui a été repris. Cependant, ces données ne sont publiées nul part, donc non évaluée, vérifiée et confirmée par d'autres experts, comme ce doit être le cas pour toute publication scientifique.

Il est évident, que se focaliser sur une substance parmis les dizaines de carcinogènes présents dans la fumée de tabac n'est rien d'autre que de la désinformation. Comme le souligne le Dr Farsalinos, même si la vapeur de cigarette électronique contenait des quantités similaires ou supérieures de formaldéhyde par rapport à une cigarette de tabac, elle ne contient ni monoxyde de carbone (CO), ni particules fines solides, ni gaz oxydants, ni la majorité des autres substances toxiques de la fumée de tabac. Cela fait que même si le risque résiduel du vaporisateur de nicotine n'est pas nul (le risque zéro n'existe pas d'ailleurs), il est considérablement moindre (de plusieurs ordres de grandeur) que le risque tabagique. C'est cela que les fumeurs sont en droit de savoir pour qu'ils puissent prendre une décision éclairée sur le fait qu'il choisissent ou non de vapoter. Ce n'est pas ce que leur offre les médias, bien aidés d'ailleurs par certains chercheurs qui déforment les résultats de la science* dans le but de s'opposer à ce produit en utilisant tous les arguments possibles (comme celui de l'initiation des jeunes qui les conduiraient soi-disant vers le tabagisme, ce qu'aucune enquête à l'heure actuelle n'a pu démontrer).

Heureusement, aujourd'hui certains journalistes, moins pressés sans doute de faire du sensationalisme, ont présenté cette étude d'une façon plus critique. Je les en remercie, et je les cite donc:

http://www.slate.fr/story/95171/cigarette-electronique-cancer-fausse-alerte-japonaise

http://www.lematin.ch/suisse/Vapoter-est-moins-risqu-que-fumer/story/31224090

http://news.doctissimo.fr/Sante/Cigarette-electronique-et-cancer-et-si-l-alerte-japonaise-n-etait-q-un-petard-mouille-38818

 

Pour ceux qui voudraient partager ce document, voici le pdf:

https://www.dropbox.com/s/yc3x3lnongi7rjs/Journalisme%20-%20touner%207%20fois%20sa%20souris.pdf?dl=0

 

Mise à jour du 8 décembre

* Une mise au point par Robert West publiée dans le journal Addiction, réclamant un traitement honnête des données scientifiques sur le VP. Il insiste clairement sur la désinformation que produisent certaines publications venant de chercheurs clairement opposés au VP et n'hésitant pas à déformer les données scientifiques pour atteindre leur but. Une liste de publications importantes est aussi mentionnée. (voir ici une traduction en français)

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Publié le 6 Décembre 2017

Halte au discours promotionnel ou anxiogène sur le CBD !

L’inquiétant discours sur le CBD à vaper !

Mardi dernier, un article de Elsa Mari dans Le Parisien s'inquiète de l'utilisation du CBD en titrant « l'inquiétant succès du joint électronique ». Sujet qui a été repris par nombre de journaux dans les heures et les jours qui ont suivi. Encore une fois c'est l'amalgame qui est de rigueur, car comme souvent on n'étudie pas la question avant de publier, on se couvre juste en faisant appel à un expert médiatisé, dont la connaissance sur le sujet est loin d'être complète.

La tribune que j'avais proposé au journal Le Monde, puis à Le Parisien, n'a pas été retenue par les équipe éditorialistes... Je pose donc ça là.

La connaissance scientifique progresse

Il suffit de faire une recherche sur Internet pour savoir que le cannabidiol (CBD) est un cannabinoïde présent dans le cannabis (Cannabis sativa) et le chanvre industriel (utilisé pour ses fibres). Au contraire du THC, le CBD n'a pas de propriétés euphorisantes et n'est donc pas régit par la loi sur les stupéfiants. En poussant un peu plus loin, sur les sites répertoriant les études scientifiques, le CBD aurait des propriétés anti-inflammatoires, anti-douleurs et antipsychotiques. Le CBD possède de nombreuses applications thérapeutiques et de nombreuses recherches sont en cours. C'est l'un des composants (avec le THC) du médicament Sativex qui a obtenu son autorisation de mise sur le marché, dont l'ex-Ministre de la santé Marisol Touraine s'était félicitée, mais qui est toujours attendu par les patients car il y a blocage au niveau de l'entente entre le fabricant et l'ANSM sur son prix.

En cristaux ou "huile", sous la langue, ou à vaper

Le CBD existe sous forme de cristaux ou de liquide huileux que l'on peut placer sous la langue (absorption sublinguale), en spray buccal en ce qui concerne le Sativex, et aussi maintenant en liquide à vaper. Cette dernière forme est très intéressante car l'absorption pulmonaire est plus rapide et nécessite de plus faibles doses (il est donc plus facile de contrôler la dose que l'on prend, sans risque de surdosage, tout comme le vapoteur le fait avec la nicotine). Sous forme d'huile il convient d'éviter de l'utiliser en le vapant (comme toute substance lipidique). Il existe plusieurs dosages, en général les liquides à vaper peuvent se trouver en 200 mg, 500 mg ou 1000 mg /10 ml (les cristaux étant solubilisés dans un mélange de propylène glycol et de glycérol, la base de tout liquide à vaper). Son prix cependant est environ 6 fois plus cher qu'un liquide nicotiné destiné à la vape et limite donc son accessibilité. Les dosages inférieurs ne présentent apparemment pas d'intérêt car trop faiblement dosés.

Une alternative au joint, un produit de réduction des risques !

Comme pour le tabac, c'est la combustion le problème, et la vaporisation est donc une démarche de réduction des risques. Jean-Pierre Couteron, Président de Fédération Addiction, insiste sur le fait que le débat qui s'ouvre résulte simplement de notre impossibilité à gérer la mise en place du cannabis thérapeutique et à organiser la réglementation du statut du cannabis.
Le CBD est avant tout un anxiolytique et un régulateur des émotions. Une récente revue scientifique a été publiée dans le British Journal of Pharmacology (1). Pour les personnes qui fument un joint le soir pour s'endormir, le CBD est très efficace. De même pour les personnes qui font des crises de panique (2). Selon une étude récente, la dose la plus efficace pour lutter contre l'anxiété est de 300 mg par jour par voie orale (capsules). Une administration par liquide à vaper permet de diminuer la dose (une dizaine de bouffées peuvent suffire).
L'une des utilisations les plus avancées est le traitement des douleurs neuropathiques de la sclérose en plaque, bien que l'efficacité du THC soit semble-t-il plus établie dans cette pathologie (3). Certaines personnes l'utilisent aussi pour les douleurs chroniques (articulations ou musculaires), mais les données d'efficacité sont moins complètes. Une consommation régulière au cours de la journée serait alors recommandée avec un liquide à vaper.
Des études dans la maladie de Parkinson ont été réalisées, avec des effets principalement sur la qualité de vie. En association avec un traitement par la nicotine (4), cela permettrait sans doute des progrès dans le traitement de cette maladie très handicapante. 
Enfin, le CBD semble aussi être utilisé avec un certain succès pour arrêter la consommation de cannabis.

Doit-on vendre du liquide à vaper au CBD dans une boutique de vape ?

Les boutiques de vape se posent beaucoup de questions. Certains ont franchi le pas, mais beaucoup d'autres hésitent justement par peur de l'amalgame avec la consommation de cannabis. Encore une fois, c'est la connaissance qui fait progresser, pas les articles sensationnels. On en trouve d'ailleurs en Suisse chez les débitants de tabac (si le taux de THC ne dépasse pas 1 mg), sans que cela ait suscité une telle mise à l'index. Je conseille aux boutiques d'en vendre, mais sans pour autant en faire la promotion. La demande existe, il suffit donc de pouvoir y répondre. Ce n'est pas le rôle d'une boutique de vape de promouvoir l'utilisation du CBD, par contre les addictologues et les médecins traitant les maladies citées plus haut, et au fait des connaissances scientifiques, pourraient tout à fait envoyer leurs patients chercher ce CBD dans les boutiques spécialisées dans les produits du vapotage. Chaque boutique pourra donc en conscience décider d'en vendre ou pas.

Plutôt que de s'offusquer de trouver du CBD sur Internet ou dans les boutiques spécialisées en produits du vapotage, nous ferions mieux de nous recentrer sur la question de la réduction des risques, comme c'est le cas pour la vape, et sur la place du cannabis thérapeutique.

1 Lee JLC et al. Cannabidiol regulation of emotion and emotional memory processing: relevance for treating anxiety-related and substance abuse disorders. Br J Pharmacol. 2017 Oct;174(19):3242-3256. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28268256 
2 Article en libre accès : Soares VP, Campos AC. Evidences for the Anti-panic Actions of Cannabidiol. Curr Neuropharmacol. 2017;15(2):291-299. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5412699/ 
3 Article en libre accès : Rudroff T, Honce JM. Cannabis and Multiple Sclerosis-The Way Forward. Front Neurol. 2017 Jun 23;8:299. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5481305/ 
4 Paris Match : Parkinson : des malades dénoncent l'abandon d'une thérapie efficace. http://www.parismatch.com/Actu/Sante/Parkinson-des-malades-denoncent-l-abandon-d-une-therapie-efficace-1363304 

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Publié le 6 Décembre 2013

L'heure est grave. La position de la Commission européenne sur la e-cigarette dans les discussions du trilogue met en danger le vote de la Directive tabac.
Alors que cette Directive tabac satisfait plutôt la communauté du contrôle du tabac, même si quelques concessions ont été faites suite aux pressions des lobbies, elle butte actuellement sur la réglementation des produits contenant de la nicotine, comme la e-cigarette.
La e-cigarette n'est pas un produit du tabac, c'est une alternative au tabac, et elle n'est pas non plus un médicament, comme l'a confirmé le Parlement européen.
L'urgence serait de décider les instances européennes à retirer la e-cigarette de la Directive, afin qu'elle puisse être votée rapidement, ce qui est encore possible.
Il est nécessaire de proposer une législation sur la e-cigarette qui tienne réellement compte des données scientifiques, et non pas d'un principe de précaution exacerbé basé sur le manque d'information des décideurs.
Il n'y a aucune urgence à faire cela, il n'y a aucun danger immédiat qui puisse le justifier. Au contraire, il serait raisonnable de prendre le temps de développer une législation adéquate respectant le processus habituel, incluant:
- une évaluation des données scientifiques;
- une évaluation de l'impact sur les utilisateurs et les fabricants (prenant en compte les conséquences comme la création d'un marché parallèle ou de fabrication artisanale);
- une réelle consultation (des experts, des utilisateurs et des fabricants);
- et un examen minutieux du processus législatif de la part des états membres.

Il est évident que l'industrie du tabac fait tout ce qu'elle peut en ce moment pour influer sur les décisions, et serait trop heureuse de faire capoter la Directive.

La meilleure solution à l'heure actuelle serait de :
1) finaliser la Directive sur les produits du tabac (en excluant la e-cigarette);
2) dans l’intérim, utiliser à bon escient les plus de 17 Directives qui peuvent s'appliquer (voir l'annexe ci-dessous);
3) commencer un nouveau processus législatif pour les produits contenant de la nicotine après les élections européennes du mois de mai 2014 qui tienne compte des données scientifiques, d'une évaluation de l'impact, d'une réelle consultation et d'un examen minutieux de la part des états membres, en cohérence avec les principes de précaution et de non discrimination, ainsi que des bases juridiques appropriées (ce qui n'est pas le cas actuellement).

Je ne suis pas un spécialiste de tous ces processus, aussi je vous renvoie vers une analyse beaucoup plus détaillée de Clive Bates : http://www.clivebates.com/?p=1666 mais il me semble que cette solution est la meilleure que vous puissiez suggérer pour permettre un vote rapide de la Directive européenne sur les produits du tabac, et jeter les bases d'une législation appropriée aux produits contenant de la nicotine.

Je suis à votre disposition pour discuter de tout cela de vive-voix.
Bien cordialement,
Jacques Le Houezec

Annexe (Directives existantes pouvant être appliquée immédiatement):

General safety
General Product Safety Directive 2001/95/EC
The RAPEX system – notification and alerts of dangerous products
Technical Standardisation under Regulation 1025/2012 and related legislation (an option not so far used, but could be used to set performance or design standards)

Packaging and labelling
Dangerous Substances Directive 67/548/EEC
Dangerous Preparations Directive 99/45/EC
Classification, Labelling and Packaging of Substances and Mixtures – the CLP Regulation 1272/2008 applies from 2015.

Chemical safety
Registration, Evaluation, Authorisation and Restriction of Chemicals (REACH) Regulation (EC) 1907/2006

Electrical safety
Low Voltage Directive 2006/95/EC
Electro-Magnetic Compatibility Directive 2004/108/EC
Restriction of Hazardous Substances (RoHS) Directive 2011/65/EU (where appropriate)
Waste Electrical and Electronic Equipment (WEEE) Directive 2012/19/EU
Batteries Directive 2006/66/EC

Weights and measures
Making-up by weight or by volume of certain prepackaged products – Directive 76/211/EEC
Nominal Quantities for Prepacked Products Directive 2007/45/EC

Commercial practice
Sale of consumer goods and associated guarantees 99/44/EC
Distance Selling Directive 97/7/EC
Directive on Electronic Commerce 2000/31/EC
Misleading and Comparative Advertising Directive 2006/114/EC
Unfair Commercial Practices Directive 2005/29/EC

Data protection

Protection of Personal Data – Directive 95/46/EC

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Publié le 30 Avril 2013

La e-cigarette peut-elle sauver des vies ? Oui, répondent certains experts. Même au Canada, ou en Australie, où la e-cigarette est quasi interdite, des voix s’élèvent pour que l’on n’empêche pas le développement de cette alternative au tabagisme.

Cet article du Globe and Mail tente de répondre à cette question. De nombreuses associations de lutte contre le tabac s’opposent à la cigarette électronique sous le fallacieux prétexte que « l’on ne sait pas », « c’est peut-être dangereux », ou « cela pourrait re-normaliser le tabagisme », car pour l’heure la seule préoccupation, noble en soit, de ces associations est de dé-normaliser le tabagisme dans la société.

Hors, pour les défenseurs de la santé publique, ce qui compte avant tout est de sauver des vies. Tout fumeur qui arrête de fumer, ou réduit considérablement sa consommation grâce à la e-cigarette a un bénéfice de santé évident. C’est déjà le cas en Suède par exemple, où de nombreux ex-fumeurs utilisent un tabac non fumé, appelé le snus, qui lorsqu’on l’utilise à la place des cigarettes, stoppe immédiatement l’inhalation et l’exposition à des milliers de substances toxiques (plus de 7000 dans la fumée de tabac). De ce fait, la Suède est le pays qui compte le moins de cancers du poumon dus au tabagisme, dans le monde. Pourtant, ce fait n’a pas été mis en avant par les autorités de santé pour favoriser ce changement de comportement des fumeurs. Au contraire, l’Europe s’est empressée d’interdire la vente de snus en Europe, sous prétexte que cela pourrait rendre dépendant les jeunes !

Si le snus est encore un produit du tabac, même si le risque associé à sa consommation est considérablement moindre (100 fois?), la e-cigarette, elle, n’en est pas un. La e-cigarette est un produit délivrant de la nicotine, ce que recherchent les fumeurs dépendants du tabac. De ce fait, la e-cigarette est une alternative considérablement moins dangereuse (1000 fois ou plus?) et devrait donc être naturellement conseillée à tout fumeur.

Quant à en faire un médicament, ce que voudrait actuellement l’Europe avec son nouveau projet de Directive sur les produits du tabac, ce serait une erreur monumentale. La e-cigarette est de fait, et doit le rester, un produit de consommation courante mis à la disposition des fumeurs pour réduire rapidement (les utilisateurs sont là pour en témoigner) leur risque tabagique. En faire un médicament, ouvrirait la voie uniquement aux grosses entreprises du tabac ou pharmaceutiques, et figerait la e-cigarette dans son état actuel, sans espoir de développement et de produits encore plus efficaces (c’est malheureusement ce que l’on a pu constater avec les substituts nicotiniques), car toute modification ultérieure à l’attribution d’une autorisation de mise sur le marché (qui nécessite des études longues et coûteuses) nécessite une nouvelle soumission et des années de développement. L’avantage d’un produit de consommation courante est qu’il peut évoluer vite, souvent sous la pression des consommateurs, et c’est ce que l’on a déjà pu observer au cours des dernières années, où la e-cigarette est devenue plus performante et plus sûre (sous la pression aussi des lois de protection des consommateurs).

Et quant au risque d’initiation chez les jeunes (c’est toujours le même argument que contre le snus !), c’est un faux problème. Il vaut cent fois mieux qu’un adolescent soit confronté à la e-cigarette (moins addictive et considérablement moins dangereuse) qu’à la cigarette. Et pourtant, il est beaucoup plus facile à un adolescent de se procurer des cigarettes (dans tous les bureaux de tabac qui ne respectent pas l’interdiction de vente aux mineurs) qu’une e-cigarette (en premier lieux de par son prix). Par ailleurs, pour les tenants du contrôle du tabac, la e-cigarette participe certainement plus à la dé-normalisation du tabagisme (en rendant la cigarette désuète) que l’inverse. Ils devraient donc être parmi les défenseurs et non les opposants à la e-cigarette.

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Publié le 8 Mars 2013

Cher Gérard,

Je crois qu’il ne faut pas se tromper de débat. On est tous d’accord que le but principal c’est qu’un grand nombre de fumeurs arrêtent de fumer. C’est le fait d’inhaler de la fumée de tabac qui est dangereux, pas le fait d’inhaler de la nicotine.

Je pense que tu caricatures trop la réalité. Les vendeurs de e-cigarette, en tout cas en France, mais je crois aussi en Europe, sont conscient du rôle qu’ils jouent et ne prétendent pas comme tu le dis tromper le consommateur. Il existe une déontologie portée par le collectif des acteurs de la cigarette électronique http://www.cace-cigarette-electronique.com/ .

La cigarette électronique n’est pas un médicament, et ne doit pas le devenir de force. Elle n’est pas perçue comme telle par ses utilisateurs, et ne doit pas être présentée comme telle par les vendeurs (CACE le revendique). Elle doit rester un produit de consommation courante, contrôlé comme il se doit selon les règles européennes, avec des contrôles qualité et de sécurités respectant les normes en vigueur. Mais, ce n’est pas non plus un produit du tabac, et en conséquence ne doit pas subir les mêmes restrictions, sauf éventuellement l’interdiction de l’utiliser dans les lieux publics si les études montrent que la vapeur passive est nocive pour l’entourage. Rien n’étant définitif de ce côté là.

Je suis personnellement gêné par le fait que certains e-cigarettes ressemblent trop à des cigarettes. Ceci pourrait être réglementé si nécessaire. La majorité des utilisateurs utilisent plutôt des dispositifs que l’on devrait plutôt appeler des vaporiseurs ou vaporisateurs personnels (VP) qui sont loin de ressembler à une cigarette, et je préfère cela. Par ailleurs, si l’industrie du tabac s’y intéresse, c’est soit pour faire en sorte d’enterrer le produit, soit parce qu’elle se dit qu’il est peut-être temps de s’y mettre car la cigarette conventionnelle est menacée.

Il existe effectivement de nombreux modèles de e-cigarettes, mais je pense que cela va s’atténuer avec le temps, les utilisateurs faisant eux-même une sélection naturelle des produits. Il est d’ailleurs constaté partout, y compris dans certaines études scientifiques, que la qualité des produits s’améliore (dispositifs et e-liquides).

Enfin, sur la question de l’initiation au tabagisme dont on nous rabat les oreilles depuis quelques temps, c’est un faux problème, le dernier argument lorsqu’on n’en a pas vraiment de solide à opposer. Toutes les études sérieuses (faites à l’étranger) montrent qu’il y a effectivement des adolescents qui essayent la e-cigarette (tout comme ils essayent la cigarette, tellement plus facile à se procurer partout dans le monde, même si l’on n’a pas l’âge légal… tu sais très bien à quoi je fais allusion), mais dans des proportions très faibles. Pour l’instant l’utilisation courante chez les adolescents est anecdotique, et elle concerne en priorité ceux qui fument déjà. Mais surtout, il ne faut pas se tromper là encore de problème. Ce n’est pas en empêchant les fumeurs d’avoir accès à des produits moins dangereux (rappelons-nous l’exemple du snus suédois, interdit en Europe pour les mêmes raisons d’initiation chez les jeunes), mais surtout en omettant de leur dire que ces produits sont moins dangereux (ou comme l’OMS en disant à tort que tous les produits du tabac sont dangereux, sans aucune distinction de degré de dangerosité), que l’on va régler le problème du tabagisme, qui comme tu le sais, et on est bien d’accord là-dessus, cause bien trop de morts pour que l’on reste dans cette situation de status quo!

En attendant, je t’invite à lire les résumés scientifiques de la conférence de la Society for Research on Nicotine and Tobacco (SRNT) qui aura lieu la semaine prochaine à Boston : http://www.srnt.org/conferences/SRNT_2013_Abstracts_H.pdf , tu y trouveras de nombreux résumés sur la e-cigarette. La science est à l’œuvre !

Bien amicalement, Jacques Le Houezec

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Publié le 13 Février 2013

Deux études grecques en faveur de l’innocuité à court-terme de la e-cigarette

En fait, il s’agit de la même étude, mais portant sur deux aspects différents, ce qui permet aux auteurs d’avoir 2 publications au lieu d’une! C’est le publish or perish que subissent tous les chercheurs.
Mais avant de commencer, il faut juste noter un point qui entache un peu la plus récente étude. L’un des co-auteurs ne fait pas partie du groupe grec, mais est un américain de l’école de Santé publique de Harvard, qui malheureusement pour l’indépendance de l’étude, déclare (mais très discrètement à la fin) qu’il fait partie du Board scientifique de PMI. Et ce PMI, veut tout simplement dire Philip Morris International !

Bon, par ailleurs, l’équipe grecque, au vu de sa liste de publications, est vraiment experte des effets du tabagisme sur la fonction pulmonaire et l’inflammation. Ce qui nous rassure un peu.

Donc, l’étude principale (Flouris et al. Inhal Toxicol. 2013 Feb;25(2):91-101) a testé les effets de la consommation de 2 cigarettes (de la marque utilisée par les fumeurs) ou d’un équivalent en e-cigarette (Modèle Giant de Nobacco G.P. Grèce, avec du e-liquide à 11 mg/ml, goût tabac de Nobacco USA Mix, Nobacco G.P., Grèce) sur la fonction pulmonaire et la cotinine sanguine (marqueur de la consommation de nicotine, plus facile à mesurer) et le monoxyde de carbone (CO) expiré, chez 15 fumeurs. Les auteurs ont aussi mesuré les mêmes paramètres chez 15 non fumeurs exposés pendant 1 heure à un tabagisme passif équivalent à celui d’un bar/restaurant (avant l’interdiction de fumer! mais on est en Grèce ;-) ), ou exposés pendant 1 heure à un équivalent en vapeur de e-cigarette.

Les résultats montrent que le niveau de cotinine dans le sang est équivalent après cigarette ou e-cigarette, tant chez les fumeurs actifs, que chez les non fumeurs passif (mais chez eux à des concentrations beaucoup moindres, puisque passif, de l’ordre de 2 à 3 ng/ml, contre 60 ng/ml chez les fumeurs). Ce qui montre que le protocole utilisé, permet bien aux fumeurs d’obtenir une dose de nicotine équivalente avec la cigarette ou la e-cigarette (et réciproquement pour les non fumeurs exposés passivement). Vous suivez? Non, mais prenez des notes… j’vais pas répéter.

Par contre, alors que le tabagisme actif ou passif fait augmenter le CO expiré des fumeurs ou des non fumeurs, bien évidemment le CO n’est pas augmenté lors de l’utilisation active ou passive de e-cigarette.

En ce qui concerne l’activité pulmonaire, les auteurs rapportent plusieurs paramètres, mais un seul est affecté. Celui qu’on appelle le rapport FEV1/FVC (VEMS/CVS en français) est significativement affecté par le tabagisme actif, mais pas par la consommation de e-cigarette. Les autres paramètres ne semblent pas affectés. Le seul bémol, est que bien que l’effet soit très faible et non significatif, chez les non fumeurs exposés passivement à la e-cigarette, on observe un effet similaire à l’effet de l’exposition passive à la fumée de tabac. Par contre, au contraire de l’étude de Vardavas (Vardavas et al. 2012. Chest 141:1400–6), les auteurs de cette étude ne trouvent pas d’effet de la e-cigarette sur le NO expiré (impliqué dans les phénomènes inflammatoires).

La seconde publication (Flouris et al. Food Chem Toxicol. 2012 Oct;50(10):3600-3), mais qui fait partie de la même étude (mêmes sujets), montre que la e-cigarette n’a pas d’effet ni en consommation active, ni en exposition passive sur les facteurs sanguins signalant un phénomène inflammatoire (globules blancs, lymphocytes, granulocytes). Par contre la consommation de cigarette ou l’exposition à la fumée de tabac a produit un effet significatif sur ces mêmes facteurs sanguins.

En résumé, ces deux études sont en faveur de l’innocuité de la e-cigarette à cour-terme tant sur la fonction pulmonaire que sur les facteurs marquant l’inflammation. Les limites sont donc que l’on ne peut pas étendre ces résultats à tous les types de e-cigarettes et de e-liquides (effets différents selon la dose?), et que des études sur les effets à long-terme seraient aussi nécessaires. Mais sur le versant optimiste, c’est un pas de plus vers la démonstration d’une réduction du risque.

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Publié le 16 Septembre 2015

Evidence about electronic cigarettes: a foundation built on rock or sand? Les preuves sur la cigarette électronique : basées sur le roc ou sur le sable ?

The original publication can be found here (paywall) / la publication originale est disponible ici (seulement aux abonnés): BMJ article

Prof Ann McNeill, Professor of Addictions, UK Centre for Tobacco and Alcohol Studies, National Addiction Centre, Institute of Psychiatry, King's College London, UK.

McKee and Capewell recently criticised Public Health England’s position on e-cigarettes (EC) [1] and our report underlying it [2], in a Lancet letter [3], the media [4], and now again in this BMJ article [5]. Their statement ‘directors of public health and the wider community desperately need advice on EC that is evidence based and free from any suspicion of influence by vested interests’ [5] is offensive.

We have an extensive track record of research dedicated to understanding smoking behaviour and helping smokers stop smoking, published hundreds of primary research articles on smoking, nicotine, and EC and have many years of clinical experience in smoking cessation treatments. During that time we have not taken any funds from the tobacco or EC industry. In contrast, McKee and Capewell are not experts in this field – they have carried out no tobacco dependence, smoking cessation, or EC research - but they have a history of warning smokers and health professionals about EC dangers [6-10]. This may explain their interest in trying to undermine the message that vaping is much safer than smoking and that the public misperception of the relative dangers needs to be corrected.

Several responses to their earlier accusations and inaccuracies have been published [11-14] which were ignored in their latest ‘analysis’. Space constraints allow us to address only a few errors in this latest piece.

1. Defining the role of e-cigarettes.

The analysis states that EC supporters ‘focus narrowly on existing smokers, comparing the device effects with those of smoking conventional cigarettes’ while EC opponents compare vaping with non-smoking and believe that it should be discouraged because of ‘concern about the uptake of EC among people, especially children and adolescents, who would not otherwise smoke and about their long term health effects’.

Comparing vaping with smoking is not a narrow focus. The fundamental task of tobacco control is to reduce death and disease caused by smoking. Switching from smoking to vaping avoids most of the risks of smoking (notwithstanding potential long-term effects) and smokers should be
encouraged to do so. The charge that EC should not be promoted because there is no clear
evidence that they are more effective than current stop-smoking medications is a non-sequitur.
EC currently are much more popular than other treatments and hence have much wider reach and potential for a major public health impact.

We share concerns about uptake of smoking and EC use among children (discussed below). Our
report carefully examined the relevant evidence and noted the continuing decline in cigarette
smoking, which is the only test of whether EC are ‘renormalising’ smoking that matters.

2. Dual use

McKee and Capewell’s statement that we rarely used this term is inaccurate. We did, additionally
making this clear statement ‘As per existing NICE guidance, all smokers should be supported to stop smoking completely, including ‘dual users’ who smoke and use EC’. These ‘dual users’ should not be castigated – most of them are trying to stop smoking and need clear messages about how they can best achieve that goal. In contrast to McKee and Capewell, our report provided some advice about how best to do that.

3. Health effects and quality of evidence

The estimate of relative risk is a matter of logic. Risky chemicals in tobacco smoke are either absent from EC vapour or present at levels much below 5%, and the key chemicals present in EC only are not expected to pose serious health risks. We explained this previously [11] and the accusations about the work of Nutt and colleagues and conflict of interests have been addressed elsewhere [15]. The authors highlight the dangers of formaldehyde - our report covered this false alarm extensively.

4. Gateway effect

The danger of EC luring children to smoking seems to be the core of the authors’ opposition to EC. They present as evidence for this a study suggesting that the same young people who try vaping also try smoking [16]. The authors of this paper acknowledged that their study provided no evidence of causation. EC have not promoted smoking or vaping in children in Great Britain. Daily vaping in non-smokers is extremely rare [17].

Conclusions

We believe that there are much stronger grounds for criticising the stance of McKee and Capewell than for attacking the PHE position. The evidence of relative safety of EC and of the lack of any gateway effect is much stronger than any evidence to the contrary; misinforming smokers and health professionals about the relative risks of smoking and vaping is wrong; and discouraging smokers from using EC is irresponsible, however much the safe-sounding ‘precautionary principle’ is invoked. Overall however, we agree, as stated clearly in our report, that there remain areas of uncertainty and that ongoing careful monitoring of EC safety and of its population impact is necessary. If problems emerge, regulatory solutions need to be ready.

References
1 Public Health England: E-cigarettes: a new foundation for evidence-based policy and practice. PHE publications gateway number: 2015260
2. McNeill A, Brose LS, Calder R, Hitchman SC, Hajek P, McRobbie H. E-cigarettes: an evidence
update. A report commissioned by Public Health England 2015
3. McKee M, Capewell S. Electronic cigarettes: we need evidence, not opinions. Lancet Lond Engl. Published Online First: 4 September 2015. doi:10.1016/S0140-6736(15)00146-4
4. Boseley S. Public Health England under fire for saying e-cigarettes are 95% safer. The Guardian. 2015.http://www.theguardian.com/society/2015/aug/28/public-health-england-und...
(accessed 14 Sep2015).
5 McKee M, Capewell S. Evidence about electronic cigarettes: a foundation built on rock or sand? BMJ Published Online First: 2015. doi:10.1136/bmj.h4863
6 McKee M. E-cigarettes and the marketing push that surprised everyone. BMJ 2013;347:f5780. doi:10.1136/bmj.f5780
7 McKee M. Electronic cigarettes: peering through the smokescreen. Postgrad Med J 2014;90:607–9. doi:10.1136/postgradmedj-2014-133029
8 McKee M. Electronic cigarettes: proceed with great caution. Int J Public Health 2014;59:683–5. doi:10.1007/s00038-014-0589-z
9 Diethelm P, McKee M. Nicotine: not just an unregulated poison but now a potential chemical
weapon. Eur J Public Health. 2011 Dec;21(6):681. doi: 10.1093/eurpub/ckr148.
10 BMJ Investigation Examines Bitter Dispute over E-cigarettes in the Public Health Community - ScienceNewsline. http://www.sciencenewsline.com/articles/2015062423580006.html
(accessed 14 Sep2015).
11 McNeill A, Brose LS, Calder R, et al. E-cigarettes: the need for clear communication on relative risks. Lancet Lond Engl Published Online First: 31 August 2015.
doi:10.1016/S0140-6736(15)00079-3
12 O’Connor R, Fenton K. E-cigarettes: spelling out the available evidence for the public.
Lancet Lond Engl Published Online First: 2 September 2015. doi:10.1016/S0140-6736(15)00107-5
13 Britton J. E-cigarettes, Public Health England, and common sense. Lancet Lond Engl. Published Online First: 4 September 2015. doi:10.1016/S0140-6736(15)00145-2
14 Polosa R. E-cigarettes: Public Health England’s evidence based confusion? Lancet Lond
Engl Published Online First: 4 September 2015. doi:10.1016/S0140-6736(15)00133-6
15 Nutt D, Hulbert J. Blinded by smoke? Why do e-cigarettes provoke such irrational reactions?
Drug Science, independent committee on drugs. 2015.
http://drugscience.org.uk/blog/2015/08/27/blinded-smoke-why-do-e-cigaret... accessed 14 Sep2015).
16 Leventhal AM, Strong DR, Kirkpatrick MG, et al. Association of Electronic Cigarette Use With
Initiation of Combustible Tobacco Product Smoking in Early Adolescence. JAMA 2015;314:700–7. doi:10.1001/jama.2015.8950
17 West R, Brown J. Smoking in England 2007-2014. 2015.
http://www.smokinginengland.info/latest-statistics/ (accessed 14 Sep2015).

Competing interests: HM was an investigator on a 2008 study of e-cigarettes sponsored by
manufacturer Ruyan Group and conducted independently at University of Auckland. He has no links with any tobacco or e-cigarette manufacturers. The other authors declare no competing interests.

Traduction:

McKee et Capewell ont récemment critiqué la position de l'organisme de Santé publique anglais (PHE) sur la cigarette électronique (C) [1] et notre rapport le sous-tendant [2], dans une lettre au Lancet [3], auprès des médias [4], et maintenant à nouveau dans cet article du BMJ [ 5]. Leur déclaration selon laquelle " l'administration de la santé publique et de la communauté au sens le plus large a désespérément besoin de conseils sur la CE qui soient basés sur les preuve et soient libres de tout soupçon d'influence par des intérêts particuliers »[5] est une offense.

Nous sommes des chercheurs qui avons un bilan reconnu dans le domaine de la recherche dédiée à la compréhension du tabagisme et à l'aide à l'arrêt des fumeurs, nous avons publié des centaines d'articles de recherche sur le tabagisme, la nicotine, et la CE, et nous avons de nombreuses années d'expérience clinique dans le traitement de la dépendance tabagique. Pendant ce temps, nous n'avons reçu aucun subside de l'industrie du tabac ou de la CE. En revanche, McKee et Capewell ne sont pas des experts dans ce domaine - ils n'ont effectué aucune recherche sur la dépendance au tabac, le sevrage tabagique, ou la CE - mais ils n'ont fait qu'avertir les fumeurs et les professionnels de la santé sur les dangers de la CE [6-10]. Cela peut expliquer leur intérêt pour tenter de saper le message que la vape est beaucoup plus sûre que de fumer et que la perception erronée du public des dangers relatifs doive être corrigée.

Plusieurs réponses à leurs accusations et inexactitudes antérieures ont été publiées [11-14] qui ont été ignorées dans leur dernière «analyse». Les contraintes d'espace nous permettent d'aborder seulement quelques erreurs dans cet lettre.

1. Définir le rôle de la cigarette électronique.

L'analyse indique que les personne soutenant la CE se " focalisent sur les fumeurs actuels, en comparant les effets de la CE avec ceux du tabagisme » tandis que les opposants à la CE comparent la vape avec le fait de ne pas fumer, et estiment que l'on devrait décourager son utilisation en raison de « préoccupé par l'adoption de la CE par les gens, surtout les enfants et les adolescents, qui n'aurainet pas décidé de fumer autrement, ainsi que sur les effets sur la santé à long terme ».

Comparer la vape et le tabagisme n'est pas une focalisation restrictive. La tâche fondamentale de la lutte antitabac est de réduire la mortalité et les maladies causées par le tabagisme. Passer du tabagisme à la vape évite la plupart des risques du tabagisme (nonobstant les effets potentiels à long terme) et les fumeurs devraient être encouragés à le faire. L'hypothèse selon laquelle la CE ne devraitt pas être encouragée parce qu'il n'y a pas de preuve claire qu'elle soit plus efficace que les médicaments d'aide à l'arrêt est un non-sens. La CE est actuellement beaucoup plus populaire que les autres traitements et a donc une portée beaucoup plus large et un potentiel d'un impact majeur sur la santé publique.

Nous partageons leurs préoccupations au sujet de l'adoption du tabagisme et de l'utilisation de la CE par les enfants (ci-dessous). Notre rapport a examiné attentivement les éléments de preuve pertinents et a noté un déclin continu de la cigarette, qui est le seul critère qui compte pour déterminer si la CE " renormalise '' l'acte de fumer.

2. Double utilisation

La déclaration de McKee et Capewell selon laquelle nous avons rarement utilisé ce terme est inexacte. Nous avons, en outre, fait cette déclaration claire " Selon les recommandations de NICE, tous les fumeurs devraient être encouragés à arrêter de fumer complètement, y compris les double utilisateurs qui fument et qui utilisent la CE." Ces utilisateurs mixtes ne devraient pas être fustigés - la plupart d'entre eux tentent d'arrêter de fumer et ont besoin de messages clairs sur la façon dont ils peuvent le mieux atteindre cet objectif. Contrairement à McKee et Capewell, notre rapport a fourni des conseils sur la meilleure façon de le faire.

3. Effets sur la santé et qualité de la preuve

L'estimation du risque relatif est une question de logique. Les substances chimiques à risque présentes dans la fumée de tabac sont soit absentes de la vapeur de CE ou présentes à des niveaux bien inférieurs à 5%, et les substances chimiques clés présentes dans la CE ne sont pas censées présenter de graves risques pour la santé. Nous l'avons expliqué précédemment [11] et les accusations sur le travail de Nutt et ses collègues et les conflits d'intérêts ont été abordées ailleurs [15]. Les auteurs mettent en évidence les dangers du formaldéhyde - notre rapport a couvert cette fausse alarme abondamment.

4. Effet passerelle

Le danger selon lequel la CE leurre les enfants vis à vis du tabagisme semble être au cœur de l'opposition des auteurs envers la CE. Ils présentent comme preuve une étude suggérant que les mêmes jeunes gens qui essaient de vaper essaient aussi de fumer [16]. Les auteurs de cette étude ont reconnu que leur étude n'a fourni aucune preuve d'un quelconque lien de causalité. La CE n'a pas promu le tabagisme ou la vape chez les enfants britanniques. L'utilisation de la CE par les non-fumeurs est extrêmement rare [17].

Conclusions

Nous pensons qu'il ya des raisons beaucoup plus fortes pour critiquer la position de McKee et Capewell que pour attaquer la position du PHE. La preuve de la sécurité relative de la CE et de l'absence de tout effet de passerelle sont beaucoup plus fortes que tous les éléments de preuve du contraire; désinformer les fumeurs et les professionnels de la santé sur les risques relatifs du tabagisme et de la vape est mal; et décourager les fumeurs d'utiliser la CE est irresponsable, malgré l'évocation du «principe de précaution».

Dans l'ensemble cependant, nous sommes d'accord, comme indiqué clairement dans notre rapport, qu'il reste des zones d'incertitude et que la surveillance attentive continue de la sécurité de la CE et de son impact sur la population est nécessaire. Si des problèmes surgissent, des solutions réglementaires doivent être prêtes.

Science Media Centre Roundup

Expert reaction to article questioning the evidence on the safety and efficacy underpinning PHE’s recommendation of e-cigarettes as an aid to quitting smoking, as published in the BMJ*

Les réactions des experts à l'article publié dans le BMJ

Prof Linda Bauld, Professor of Health Policy, University of Stirling, and CRUK/BUPA Chair in Behavioural Research for Cancer Prevention, Cancer Research UK, said:

“This analysis repeats views that have already been made by these public health colleagues regarding the recent Public Health England report on e-cigarettes. Their views have been previously published in the Lancet and several national newspapers. Their arguments against the PHE report and related evidence can be easily critiqued. Whether intentional or not, instead of promoting public health, the very considerable influence and energy of these colleagues is discrediting the work of the leading nicotine and tobacco researchers who authored the PHE report. This approach merely plays into the hands of the tobacco industry, who will be delighted to see this latest example of public health ‘in-fighting’. Meanwhile, smokers whose lives could be saved by switching to e-cigarettes, a less harmful alternative to tobacco, will be deterred from doing so by this latest attempt to create confusion. As leading clinicians, I would like to see McKee and Capewell focussing on how to prevent premature death and disease. In my opinion this analysis will just confuse members of the public, not serve them."

“On content, this analysis raises questions about the effectiveness of e-cigarettes for smoking cessation, querying the findings of the Cochrane review, but then goes onto say that ‘where there is uncertainty about risks… and harmfulness’. Yet the Cochrane review made clear that, in the studies reviewed, none found that smokers who used electronic cigarettes had increased health risks to smokers who did not use electronic cigarettes. Other evidence in the PHE report supports this conclusion. The analysis also asserts that e-cigarettes could be a gateway to tobacco smoking, yet neither the PHE report nor indeed a subsequent American study found evidence of a causal link between young people experimenting with electronic cigarettes and then using tobacco. In my opinion, careful and measured assessment of existing evidence on this topic is needed to inform the public, instead of creating alarm based on assertions not supported by studies to date.”

Traduction:

"Cette analyse répète les points de vue qui ont déjà été faites par ces collègues de santé publique concernant le récent rapport de Santé publique anglais sur les e-cigarettes. Leurs points de vue ont déjà été publiés dans le Lancet et plusieurs journaux nationaux. Leurs arguments contre le rapport PHE et les données connexes peuvent être facilement critiquées. Intentionnelle ou non, au lieu de promouvoir la santé publique, l'influence considérable et l'énergie de ces collègues est de discréditer le travail des principaux chercheurs travaillant sur la nicotine et le tabac qui ont rédigé le rapport du PHE. Cette approche joue simplement le jeu de l'industrie du tabac, qui sera ravie de voir ce dernier exemple de "combat" de la santé publique. Pendant ce temps, les fumeurs dont les vies pourraient être sauvées par le passage à l'e-cigarette, une alternative moins nocive pour le tabac, seront dissuadés de le faire par cette dernière tentative de créer la confusion. Comme d'éminents cliniciens, je voudrais voir McKee et Capewell mettre l'accent sur la façon de prévenir les décès prématurés et les maladies. À mon avis, cette analyse servira juste à semer le doute dans la population, et non pas à la servir."

"Sur le contenu, cette analyse soulève des questions sur l'efficacité des e-cigarettes pour le sevrage tabagique, interrogeant les conclusions de la revue Cochrane, mais poursuit en disant que «lorsqu'il existe une incertitude sur les risques ... et la nocivité ». Pourtant, la revue Cochrane a dit clairement que dans les études examinées, aucune n'a constaté que les fumeurs qui ont utilisé la cigarette électronique n'ont augmenté leur risque de santé par rapport aux fumeurs qui ne l'utilisaient pas. Les autres éléments de preuve du rapport du PHE appuient cette conclusion. L'analyse affirme également que les cigarettes électroniques peuvent être une passerelle vers le tabagisme, mais ni le rapport du PHE, ni une étude américaine subséquente n'a trouvé des preuves d'un lien de causalité entre l'expérimentation des jeunes avec l'e-cigarette et l'utilisation subséquente de tabac. Selon mon opinion, l'évaluation prudente et mesurée des preuves existantes sur ce sujet est nécessaire pour informer le public, plutôt que de créer une alarme basée sur des affirmations non étayées par les études publiées à ce jour "

Prof Robert West, Professor of Health Psychology, UCL, said:

“The PHE report was produced in an attempt to pull together the available evidence and clarify some misunderstandings that had been created by widespread dissemination of incorrect reading of the available data."

“Unfortunately the BMJ analysis piece, by public health figures who had been involved in the original misunderstandings, will probably confuse the public and policy makers and further undermine the credibility of public health science. This topic requires careful, reflective analysis and research, not propaganda.”

Traduction:

"Le rapport du PHE a été produit dans une tentative de rassembler les éléments de preuve disponibles et de clarifier certains malentendus qui avaient été créés par une large diffusion de la lecture incorrecte des données disponibles."
"Malheureusement, l'article d'analyse du BMJ, par des personnalités de la santé publique qui avaient été impliquées dans les malentendus d'origine, n'apportera probablement qu'une confusion parmi le public et les décideurs, et ne servira qu'à miner davantage la crédibilité des scientifiques de santé publique. Ce sujet nécessite une analyse précise et attentionné, et des recherches, mais pas de la propagande."

Prof Paul Aveyard, Professor of Behavioural Medicine, University of Oxford, said:

“ In my opinion, McKee and Capewell appear unable to see the forest for the trees. While they pick individual studies, the totality of evidence is clear. We have many years of scientific understanding to draw on that tells us about the safety of nicotine and its effectiveness in helping people quit smoking. Electronic cigarettes are devices to deliver the nicotine that people who smoke need without the harmful constituents of cigarettes. Electronic cigarettes themselves are new, but the science they draw on is well-established. "

“ The key facts are that electronic cigarettes have become much the most popular aid to help people stop smoking. During this same period, smoking prevalence has fallen, while the success rate of quit attempts has risen. Reassuringly, the prevalence of smoking in young people is at an all-time low. "

“ McKee and Capewell invoke the precautionary principle to suggest greater restrictions on electronic cigarettes. Instead, the precautionary principle suggests that we should not change policy when all the indications are that electronic cigarettes are supporting people to stop smoking. ”

Traduction:

" Selon moi, McKee et Capewell semblent incapables de voir l'arbre qui cache la forêt. Alors qu'ils choisissent seulement certaines études, la totalité de la preuve est claire. Nous avons de nombreuses années de compréhension scientifique pour affirmer ce que nous disons à propos de la sécurité de la nicotine et de son efficacité à aider les gens à arrêter de fumer. La cigarette électronique est un dispositif qui fournit de la nicotine aux fumeurs qui en ont besoin, sans les constituants nocifs de la fumée de cigarette. La cigarette électronique est récente, mais la science sur son usage est bien établie. "

" Les faits principaux sont que la cigarette électronique est devenue l'aide la plus populaire pour aider les gens à arrêter de fumer. Au cours de cette même période, la prévalence du tabagisme a diminué, tandis que le taux de succès des tentatives d'arrêt a augmenté. Fait rassurant, la prévalence du tabagisme chez les jeunes est à son plus bas niveau. "

" McKee et Capewell invoquent le principe de précaution pour suggérer de plus grandes restrictions sur la cigarette électronique. Au lieu de cela, le principe de précaution suggère que nous ne devrions pas modifier la politique lorsque tous les indicesmontrent que la cigarette électronique aide les gens à arrêter de fumer. "

John Britton, Professor of Epidemiology, UK Centre for Tobacco and Alcohol Studies, Division of Epidemiology and Public Health , University of Nottingham, said:

I was invited by the BMJ to review an earlier draft of this manuscript. This published version is much improved on the authors original submission, but a number of criticisms still pertain which, in the order in which they arise in the text, are as follow:

1. McKee and Capewell are concerned that many smokers use electronic cigarettes alongside
smoking (‘dual use’) rather than quitting completely. Their position is at odds with NICE guidance
on tobacco harm reduction (PH45[1]) which encourages dual use not because cutting down on
smoking reduces hazard (it doesn’t) but because people who do so are more likely to quit.

2. Products that deliver nicotine are effective cessation aids. That is why the UK Medicines and
Healthcare Products Regulatory Agency does not require clinical trial data for new nicotine products, only evidence that they deliver nicotine. Early generation electronic cigarettes delivered low doses of nicotine. Newer devices do rather better. Those that deliver nicotine are effective.

3. The precautionary principle, in relation to treatments for smoking, requires not that alternatives to smoking are not harmful, but that they are less harmful than continued smoking. The PHE review concludes that electronic cigarettes are much less hazardous than smoking, so the recommendation that smokers use them is entirely consistent with the precautionary principle.

4. McKee and Capewell allude to serious methodological flaws in many studies of electronic
cigarettes, and conflicts of interest among a proportion of authors involved in generating this
evidence. However the reality is that all evidence has imperfections, and the job of the scientist is
to make the best interpretation of what is available. This is what PHE has tried to do. It is true that
many people researching electronic cigarettes have been funded by electronic cigarette companies to study their products, but this does not necessarily represent a conflict of interest: doing contract work for companies doesn’t invariably turn decent people into liars.

5. I share McKee and Capewell’s concerns over the funding of the MCDA study which generated
the 95% estimate for harm relative to tobacco cigarettes. I was invited to take part in that study and declined for reasons that included uncertainty over this matter. However, whether the estimate of reduction in risk of 95% is valid, or whether the true figure is greater or less than 95%, matters less than the self-evident fact that long-term use of electronic cigarettes is likely to be substantially less hazardous than smoking tobacco. Encouraging smokers of tobacco cigarettes to switch to electronic cigarettes therefore makes sense.

6. Renormalisation of smoking, and gateway progression to smoking among children, are legitimate concerns. However, UK surveys are consistent in demonstrating that use of electronic cigarettes among young people is confined almost entirely to those who are already experimenting with or are regular smokers, and hence is likely to reduce rather than add to smoking uptake. There is no evidence that renormalisation is occurring.

7. From what is known of the content of electronic cigarette vapour, harm to bystanders is likely to be negligible. Discouraging use in enclosed spaces is therefore justifiable for reasons of courtesy or preference, but not on the grounds of any appreciable health risk.

8. There is no excuse for inaccurate or misleading product labels, or for failing to protect children
against accidental ingestion of nicotine, but these concerns are easily remedied and should not be used to undermine the potential contribution that electronic cigarettes can make. An electronic cigarette with an inaccurate label is far less of a hazard than a tobacco cigarette.

9. The tobacco industry strongly opposes all restrictions on its business, and especially the
restrictions imposed by the new EU Tobacco Products Directive (TPD [2]). That the tobacco industry chose to oppose some of the provisions for electronic cigarettes does not however mean that electronic cigarettes are bad for public health.

10. I agree that electronic cigarettes should be regulated to ensure that they are safe, and effective, and have in the past supported the view that light touch medicines regulation may be the best way to achieve that. Subsequent experience indicates however that I was wrong, and that the complexity and cost of the medicines licensing route is unsuited to the rapid development and innovation that is occurring in the nicotine market, and at present at least is counterproductive to public health. Requiring medicines licensing would remove all currently available electronic cigarettes from the market, and drive hundreds of thousands of users back to tobacco.

In my view McKee and Capewell fundamentally misunderstand the health potential of electronic
cigarettes, which offer smokers, for the first time, a population-level consumer-led solution to an
otherwise lethal dependence on tobacco smoking. In producing their report, PHE are attempting
to ensure that an innovation with the potential to save millions of lives is capitalised upon, rather
than discarded through misplaced and inappropriate precaution.

References

1. National Institute for Health and Care Excellence. Tobacco: harm-reduction approaches to smoking (PH45). NICE: http://www.nice.org.uk/nicemedia/live/14178/63996/63996.pdf; 2013 (accessed 12 June 2013)
2. European Parliament and Council. Directive 2014/40/EU of the European Parliament and of the Council of 3 April 2014 on the approximation of the laws, regulations and administrative provisions of the Member States concerning the manufacture, presentation and sale of tobacco and related products and repealing Directive 2001/37/EC. Official Journal of the European Union: http://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/PDF/?uri=OJ:JOL_2014_127_R... 2014

Competing interests: I chair the Public Health England (PHE) Tobacco Control Implementation Board , co-authored a 2013 report on electronic cigarettes for PHE, chair the Royal College of Physicians Tobacco Advisory Group, and am a member of the board of trustees at Action on Smoking and Health. I am director of the UK Centre for Tobacco and Alcohol Studies.

Traduction:

J'ai été invité par le BMJ à examiner une version antérieure de ce manuscrit. Cette version publiée a été beaucoup améliorée par les auteurs par rapport à la soumission originale, mais un certain nombre de critiques demeurent. Selon l'ordre dans lequel elles apparaissent dans le texte, mes critiques sont les suivantes:

1. McKee et Capewell craignent que de nombreux fumeurs utilisent la cigarette électronique en même temps que de fumer (« double usage ») plutôt que d'arrêter complètement. Leur position est en contradiction avec les recommandations sur la réduction des risques tabagiques (PH45 [1]), qui encouragent le double usage, non pas parce que cela réduit les risques (ce n'est pas la cas), mais parce que les gens qui le font sont plus susceptibles d'arrêter de fumer.

2. Les produits qui délivrent de la nicotine sont des aidesà l'arrêt effecaces. Voilà pourquoi le Royaume-Uni et l'agence du médicament n'ont pas besoin de données d'essais cliniques pour les nouveaux produits délivrant de la nicotine, la seule preuve nécessaire est qu'ils diffusent de la nicotine. Les cigarettes électroniques de première génération délivraient de faibles doses de nicotine. Les nouveaux appareils font un peu mieux. Ceux qui diffusent de la nicotine sont efficaces.

3. Le principe de précaution, par rapport aux traitements réservés aux fumeurs, ne nécessite pas que les alternatives au tabagisme ne soient pas nocives, mais qu'elles soient moins nocives que continuer de fumer. La revue du PHE conclut que la cigarette électronique est beaucoup moins dangereuses que de fumer, de sorte que la recommandation que les fumeurs l'utilise est entièrement compatible avec le principe de précaution.

4. McKee et Capewell font allusion à de graves lacunes méthodologiques dans de nombreuses études sur la cigarette électronique, et des conflits d'intérêt parmi certains auteurs impliqués dans la génération de cette preuve. Cependant la réalité est que toutes les preuves ont des imperfections, et le travail du scientifique est de faire la meilleure interprétation de ce qui est disponible. Ceci est ce que le PHE a essayé de faire. Il est vrai que beaucoup de gens faisant de la recherche sur la cigarette électronique ont été financés par les fabricants de cigarettes électroniques pour étudier leurs produits, mais cela ne représente pas nécessairement un conflit d'intérêt: faire un travail sous contrat pour des entreprises ne transforme pas toujours les honnêtes gens en menteurs.

5. Je partage les préoccupations McKee et Capewell à propos du financement de l'étude ADM qui a généré l'estimation de 95% de réduction des risques par rapport aux cigarettes. J'ai été invité à participer à cette étude et j'ai refusé pour des raisons telles que l'incertitude sur cette question. Toutefois, que l'estimation de la réduction du risque de 95% soit valable, ou que le chiffre réel soit supérieur ou inférieur à 95% importe moins que le fait que l'utilisation à long terme d'une cigarette électronique est susceptible d'être beaucoup moins dangereux que le fait de fumer. Encourager les fumeurs de cigarettes à passer à la cigarette électronique est donc logique.

6. La renormalisation du tabagisme, et l'effet passerelle vers le tabagisme chez les enfants, sont des préoccupations légitimes. Cependant, les enquêtes au Royaume-Uni démontrent que l'utilisation de la cigarette électronique parmi les jeunes est confinée presque exclusivement à ceux qui ont déjà essayé de fumer ou qui sont des fumeurs réguliers, et donc est susceptible de réduire plutôt que d'ajouter à l'adoption du tabagisme. Il n'y a aucune preuve que la renormalisation soit en cours.

7. Selon ce qu'on connait de la composition de la vapeur de cigarette électronique, la nuisance à autrui est susceptible d'être négligeable. Décourager l'utilisation dans des espaces clos est donc justifié pour des raisons de courtoisie ou de préférence, mais pas sur les motifs d'un risque appréciable pour la santé.

8. Il n'y a aucune excuse pour que les étiquettes des produits soient inexactes ou trompeuses, ou pour avoir omis de protéger les enfants contre l'absorption accidentelle de nicotine, mais ces préoccupations sont facilement résolues et ne doivent pas être utilisées pour porter atteinte à la contribution potentielle que la cigarette électronique puisse faire. Une cigarette électronique avec une étiquette erronée est beaucoup moins risquée qu'une cigarette de tabac.

9. L'industrie du tabac s'oppose fermement à toutes les restrictions de son activité, et notamment les restrictions imposées par la nouvelle directive sur les produits du tabac de l'UE (TPD [2]). Que l'industrie du tabac ait choisi de s'opposer à certaines des dispositions concernant la cigarette électronique ne signifie cependant pas que la cigarette électronique soit mauvaise pour la santé publique.

10. Je suis d'accord que la cigarette électronique soit réglementée afin d'assurer qu'elle soit sûre et efficace, et j'ai soutenu dans le passé le point de vue qu'une réglementation inspirée de celle du médicament puisse être la meilleure façon d'y parvenir. L'expérience depuis a montré que je me suis trompé, et que la complexité et le coût d'une réglementation inspirée de celle du médicament est inadaptée au développement et à l'innovation rapide qui se produit dans le marché de la nicotine, et à l'heure actuelle au moins, est contre-productive pour la santé publique. Réclamer une réglementation inspirées du médicament supprimerait toutes les cigarettes électroniques actuellement disponibles sur le marché, et conduirait des centaines de milliers d'utilisateurs à un retour vers le tabac.

À mon avis McKee et Capewell méconnaissent fondamentalement le potentiel de santé de la cigarette électronique, qui offre pour la première fois aux fumeurs une solution de large échelle, et menée par les consommateurs, qui est une alternative à la dépendance létale qu'est le tabagisme. Dans la production de son rapport, le PHE tentent de veiller à ce qu'une innovation ayant le potentiel de sauver des millions de vies soit capitalisée, plutôt que rejetée au profit d'un principe de précaution inapproprié.

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Publié le 9 Décembre 2015

Une nouvelle étude va jeter le doute dans la tête des fumeurs

A propos de l'étude de Harvard que la presse relaie depuis hier, le Dr Konstantinos Farsalinos a commenté cette étude ici:
http://www.ecigarette-research.org/…/…/whatsnew-2015/236-da2

(une traduction de son commentaire est disponible ici)

Il précise que les valeurs retrouvées dans cette étude sont faibles et même inférieures à celles que lui-même avait trouvées dans son étude de l'an dernier. Il précise surtout que cette nouvelle étude ne fait pas mention que ces substances sont aussi trouvées dans la fumée des cigarettes de tabac à des concentration 10 fois (pour le diacétyle) et 100 fois (pour l'acétyle propionyle) plus élevées.

Encore une fois, le but est de faire peur, et le résultat est que de moins en moins de fumeurs font confiance à la vape pour arrêter de fumer, car ils pensent à tort qu'elle est aussi, voire plus dangereuse que la cigarette.

Non, non et non. Dès l'instant où l'on arrête d'inhaler de la fumée (c'est elle qui est dangereuse, pas la nicotine) il y a un bénéfice de santé. Même si pour cela il peut être nécessaire de s'exposer à un très faible risque résiduel, qui reste cependant à démontrer.

Ne relayez pas les articles de presse qui ne prennent pas le temps de relativiser les choses et se contente le plus souvent de faire un copié-collé d'une dépêche AFP. C'est cela qu'ils cherchent, faire le buzz et avoir du trafic sur leur site.

Par contre, ceux qui prennent le temps de se renseigner avant d'écrire leur papier, je les remercie ici.

Laurence Dardenne, La Libre Belgique.
In fine, mieux vaut vapoter que fumer!

Hugo Jalinière, Sciences et Avenir.

E-cigarette : les liquides contiennent-ils vraiment une substance dangereuse ?

Eric Favereau, Libération.

Cigarette électronique, la confusion se poursuit

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