Résultat pour “nicotine dose léthale”

Publié le 6 Juin 2014

Nicotine Poisoning in an Infant

Scroll down for English version.

Un article publié dans le New England Journal of Medicine va encore sans doute faire les gros titres ! Il est clair qu'il ne faut pas laisser les liquides pour vaporisateur de nicotine à la portée des enfants, c'est la responsabilité des parents, tout comme ils sont sensés le faire pour les produits ménagers. Mais cette article rapporte une fois de plus des chiffres faux concernant la dose létale de nicotine.

Un extrait de l'article traduit ici:

Nous rapportons le cas d'un enfant qui a été victime d'un empoisonnement accidentel en buvant du "e-liquide".

Un garçon de 10 mois a développé des vomissements, une tachycardie, une respiration difficile, et une ataxie du tronc, après avoir ingéré une «petite» quantité de e-liquide contenant de la nicotine. Le magasin qui vend le produit a indiqué qu'il contenait une concentration en nicotine de 1,8% (18 mg par ml) et des quantités inconnues d'huile de wintergreen (salicylate de méthyle), de la glycérine et du propylène glycol.

... Le vomissement est commun avec les expositions par voie entérale....
De petites ingestions peuvent être mortelles. Avec une dose létale médiane comprise entre 1 et 13 mg par kilogramme de poids corporel, une cuillère à thé (5 ml) d'une solution de nicotine de 1,8% pourrait être létale pour une personne de 90 kg.

Heureusement, le niveau de conscience de notre patient, le taux en oxygène de l'hémoglobine, et le taux de salicylate dans le sérum, ainsi que la radiographie thoracique et son profil métabolique de base, étaient tous normaux. Le garçon n'a pas besoin de traitement antidote (généralement de l'atropine ou de la scopolamine pour lutter contre l'activité cholinergique) e
t a récupéré en 6 heures, après l'ingestion de la nicotine.

C'est en fait encore une fois la démonstration que la dose toxique ou létale de nicotine est bien supérieure à ce que ces auteurs rapportent. La dose létale est estimée entre 500 mg et 1000 mg, non pas bue, mais absorbée. Comme le souligne l'article les premiers symptômes sont des nausées et des vomissement, ce qui fait qu'une grande partie de la nicotine est vomie, et donc n'est pas absorbée. Et par ailleurs, prétendre que 5 ml d'un e-liquide à 18 mg/ml est suffisant pour tuer une personne de 90 kg est faux. Cet exemple d'empoisonnement le montre, tout comme le dernier cas recensé de tentative de suicide par une patiente psychiatrique qui a bu une dose de 1500 mg de nicotine. Tout comme cet enfant, cette ingestion n'a pas eu de conséquences chez la patiente qui l'a fait.

Espérons que la presse lise l'article de Science & Avenir : E-cigarette. Combien de nicotine faut-il pour tuer un homme ? avant de faire des gros titres de cet article.

_____________________________________

An article published in the New England Journal of Medicine will probably still make headlines! It is clear that parents should not leave e-liquids at reach of children. It is the responsibility of parents, just as they are supposed to do for household products. However, this article reports again false figures for the lethal dose of nicotine.

An excerpt from the article:

We report a case of a child who was poisoned by e-cigarette refill liquid (“e-liquid”).

Vomiting, tachycardia, grunting respirations, and truncal ataxia developed in a 10-month-old boy after he ingested a “small” amount of e-liquid nicotine. The vaping (or “vape”) shop that compounded the product reported that it contained a nicotine concentration of 1.8% (18 mg per milliliter) and unknown concentrations of oil of wintergreen (methyl salicylate), glycerin, and propylene glycol.

... Vomiting is common with enteral exposures.
... Small ingestions could be deadly. With an estimated median lethal dose between 1 and 13 mg per kilogram of body weight, 1 teaspoon (5 ml) of a 1.8% nicotine solution could be lethal to a 90-kg
person.

Fortunately, our patient's levels of consciousness, hemoglobin oxygen, and serum salicylate, as well as findings on chest radiography and his basic metabolic profile, were all normal. The boy did not require antidote therapy (usually atropine or scopolamine to combat cholinergic activity) and recovered baseline health 6 hours after ingesting the poison.

This is actually once again demonstrated that the toxic or lethal dose of nicotine is much higher than what these authors report. The lethal dose is estimated between 500 mg and 1000 mg, not ingested, but absorbed. As noted in the article, the first symptoms are nausea and vomiting, which makes that much of the nicotine is vomited, and therefore is not absorbed. And also claim that 5 ml of e-liquid 18 mg/ml is sufficient to kill a person of 90 kg is false. This example of nicotine poisoning shows it, as well as the last case of attempted suicide by a psychiatric patient who drank a dose of 1500 mg of nicotine. Like this child, this ingestion had no consequences in the patient who did it.

Hopefully the press will read the paper from Brend Mayer How much nicotine does it take to kill a man? before making headlines with this article.

Voir les commentaires

Publié le 15 Avril 2014

Science & Avenir : E-cigarette. Combien de nicotine faut-il pour tuer un homme ?

L'article reprend la mise au point faite par Bernd Mayer que j'avais présenté au CNAM en janvier dernier.

Lire aussi cet autre article sur les cas d'intoxications repris dans la presse ces derniers jours, mais avec une interprétation plus nuancée :

E-cigarette. A quel point la nicotine liquide est-elle dangereuse ?

Voir les commentaires

Publié le 8 Octobre 2015

Une nouvelle étude, réalisée par le groupe de Neal Benowitz à San Francisco, le pape du dosage de nicotine dans le sang, montre que l'absorption de nicotine par des vapeurs confirmés est suffisamment importante et rapide pour expliquer le succès du vaporisateur personnel dans l'arrêt du tabac.

Pour cela, 13 vapeurs (6 femmes et 7 hommes, dont 9 vapeurs exclusifs et 4 vapofumeurs) ont pris 15 bouffées, séparées de 30 secondes (soit sur 7 min 30 en tout), sur leur propre vaporisateur personnel, après une nuit d'abstinence (début de l'expérience à 9h30 du matin). La durée de la bouffée n'était pas limitée dans le temps, chaque utilisateur vapait dans les conditions qui lui convenait. L'absence de consommation de tabac par les 9 vapeurs exclusifs a été validée par un CO expiré entre 1 et 4 ppm.

La vapeur qu'ils rejetaient dans l'air était collectée dans des tubes de silicone afin d'analyser le contenu en nicotine et PG/VG, et en déduire la quantité retenue par les utilisateurs.

Les différents modèles de vaporisateurs utilisés, ainsi que le type de liquide et la concentration en nicotine utilisée par chaque vapeur, sont présentés dans le tableau ci-dessous. Vous pourrez noter que les différents types de vaporisateurs (y compris des cigalikes) sont représentés.

Le vapeur absorbe la presque totalité de la nicotine et du PG/VG qu'il inhale

La quantité de nicotine absorbée et rejetée dans l'air par chaque vapeur est indiqué dans le tableau suivant. Cela montre bien que le vapeur, comme le fumeur, sait titrer la nicotine, c'est à dire modifier la façon de vaper pour obtenir la dose de nicotine dont il a besoin, et en fonction du type de vaporisateur qu'il utilise.

Le vapeur absorbe la presque totalité de la nicotine et du PG/VG qu'il inhale

En moyenne, les vapeurs ont tiré 1,3 mg (de 0,4 à 2,6 mg selon les sujets) de nicotine en utilisant une moyenne de 169 mg de liquide. Selon les calculs effectués par rapport aux quantités exhalées par les vapeurs, 93,8% de la nicotine inhalée (soit 1,2 mg) étaient absorbés, et donc seulement 6,2% (ou 0,1 mg), étaient rejetés dans l'air ambiant. De même, 84% du PG et 92% de la VG étaient absorbés et retenus par l'organisme des vapeurs.

Ce premier résultat confirme que le "vapotage passif" n'existe pas, les taux de nicotine rejetés dans l'air ambiant sont trop faibles pour avoir le moindre impact physiologique sur l'entourage.

Le profil pharmacocinétique (l'évolution de la concentration de nicotine dans le sang au cours du temps après la dernière bouffée) de l'absorption de nicotine est présenté dans les graphiques suivants. Le premier montre la moyenne des 13 vapeurs, le second montre 3 exemples individuels (la cinétique de la nicotine est très variable individuellement).

On peut voir que la vitesse d'absorption est assez rapide, le pic pour 11 des sujets est à 2 min après la fin de la dernière bouffée (soit 9 min 30 après le début d'utilisation), alors que pour les deux autres, l'un est à 5 min et l'autre est à 30 minutes (vapant pourtant sur un tank à 18 mg/ml de nicotine, il s'agit cependant d'un vapofumeur, et qui donc ne sait peut-être encore pas bien utiliser son vaporisateur). Ce qui est plus rapide que ce qui avait été montré jusqu'à maintenant dans d'autres études (ici et ici), mais moins rapide qu'avec une cigarette où le pic est atteint entre 5 et 8 min après le début de la consommation (première bouffée).

Par contre, la concentration maximale atteinte (Cmax) est plus faible qu'avec les cigarettes. Compte tenu de la dose absorbée (1,2 mg en moyenne) similaire à celle obtenue avec des cigarettes, cela suggère qu'une partie de la nicotine n'est pas absorbée au niveau des poumons, mais ailleurs (dans la bouche et un peu par le système digestif par l'intermédiaire de la salive).

L'effet (accélération) sur la fréquence cardiaque (non montré ici) est aussi plus faible que celui dû à la consommation de cigarettes, et s'atténue plus rapidement. Il est à noter que les sujets étaient abstinents depuis la veille au soir, et que l'effet de la nicotine sur la fréquence cardiaque était donc à son maximum (cet effet ayant tendance à diminuer au cours de la journée, même avec les cigarettes, car une tolérance aux effets de la nicotine s'installe progressivement).

Le vapeur absorbe la presque totalité de la nicotine et du PG/VG qu'il inhale
Le vapeur absorbe la presque totalité de la nicotine et du PG/VG qu'il inhale

L'effet subjectif (recueilli par questionnaire) montre à la fois une diminution des symptômes de manque et une bonne satisfaction du produit.

Ces résultats montrent bien que le vaporisateur est efficace pour délivrer la nicotine, et pour atténuer les symptômes de sevrage, donc pour aider les fumeurs à arrêter de fumer.

Voir les commentaires

Publié le 14 Janvier 2014

La revue Prescrire a publié un article dans son numéro de janvier (http://www.prescrire.org/fr/3/31/49113/0/NewsDetails.aspx) dont les grandes lignes ont été reprises par le site Pourquoi docteur (http://pourquoi-docteur.nouvelobs.com/Substituts-nicotiniques---attention-aux-intoxications-infantiles-5000.html).

Voici le texte de ma réponse sur le site de Pourquoi docteur:

J'ai soumis une réponse à Prescrire, mais je n'ai pas eu de réponse. Je publie donc ici la mise au point que je leur ai soumise.

"Je voulais attirer votre attention sur la toxicité de la nicotine, en particuliers la dose létale, qui a toujours été exagérée, et qui depuis plus de 100 ans est rapportée par tous les textes, y compris scientifiques, comme étant de 30 à 60 mg pour un adulte (réitéré dans l'article de Prescrire).

Or, dans un récent article (ci-joint), Bernd Mayer, a fait une recherche exhaustive de la source de cette dose létale. Il a pu retrouver les origines dans de vieilles publications en allemand (dès 1856), et a montré qu'il s'agissait d’extrapolations douteuses d'auto-expériences faites par des médecins. J'ai moi-même, à maintes reprises, essayé de trouver des références fiables, que je n'ai jamais réussi à localiser (les références renvoyaient toujours à d'autres références, mais sans jamais aboutir à un article princeps). Compte-tenu du très peu de cas fatals dont nous avons connaissance, et connaissant par ailleurs parfaitement les propriétés pharmacologiques de la nicotine, cette dose létale paraissait clairement irréaliste. De même, en faisant un calcul de la DL50* (environ 0,8 mg/kg), elle aurait été bien en-dessous de celle observée chez la Souris, le Rat, ou le Chien.

Bernd Mayer a aussi passé en revue les cas cliniques et articles recensant les intoxications accidentelles ou volontaires (tentatives de suicides). Selon ses calculs très "conservateurs", il estime que la dose létale chez l'adulte se situe au moins entre 500 mg et 1000 mg de nicotine absorbée par l'organisme (un cas récent de tentative de suicide avec une dose ingérée de 1500 mg n'a pas été fatale), ce qui correspond à une DL50 de 6,5 à 13 mg/kg, et non pas de 0,8 mg/kg. Il faut savoir qu'en cas d'ingestion, les premiers symptôme étant les nausées et vomissements, seule une partie de la nicotine ingérée est absorbée par l'organisme (je suis aussi actuellement en train d'écrire un article de revue sur la nicotine pour une revue internationale).

S'il convient de prendre avec la nicotine des précautions d'utilisation et de la tenir hors de portée des jeunes enfants (tout comme de nombreux médicaments et produits ménagers), il est aussi important de ne pas diaboliser inutilement la nicotine, ne serait-ce que pour rassurer les fumeurs désirant arrêter de fumer, ou les professionnels de santé pour la recommander.

J'espère que vous voudrez bien tenir compte de ma mise au point, et que vous voudrez bien publier un correctif à votre article."

Jacques Le Houezec, Conseil en Santé publique, Dépendance tabagique. site : http://jlhamzer.over-blog.com/

* La DL50, ou dose létale 50% (dose tuant 50% des animaux à qui elle est administrée)

Voir les commentaires

Publié le 31 Janvier 2014

Mise à jour du 31/01/2014

 

M. Seychell, de la DG SANCO a répondu à notre lettre du 16 janvier (aussi en bas de cette page), voici sa réponse.

M. Seychell from DG SANCO replied to our letter from January 16 (his response, to our letter).

 

Voici notre réponse / Here is our response (scroll down for English version, PDF is here) :

 

31 janvier 2014

Cher M. Seychell,

Nous vous remercions de votre réponse rapide à notre lettre.

Cependant, nous ne pensons pas que nos inquiètudes ont été prises en compte. La proposition législative reste basée sur une incompréhension et une mauvaise interprétation des données scientifiques et impose des restrictions injustifiables. Une loi qui réglementerait l'e-cigarette de façon plus restrictive qu'elle ne le fait pour les cigarettes de tabac, bien plus dangereuses pour la santé selon les mesures objectives, ne pourrait qu'être néfaste à la santé publique.

Nous acceptons votre clarification à propos de la délivrance consistante comme concernant la concentration de nicotine dans la vapeur et non celle délivrée à l'utilisateur, tel que le texte le suggère. Mais le texte pourrait être plus clair sur ce point.

En ce qui concerne le reste de votre réponse, elle ignore les arguments que nous avons avancé à propos de la toxicité de la nicotine, du seuil de concentration de nicotine dans les e-liquides et de l'utilisation par les non-fumeurs et les adolescents, qui sont à la base des restrictions imposées, et qui ne sont supportés par aucune preuve scientifique, et donc inappropriées.

Vous dites par exemple que "les e-cigarettes avec une telle concentration seuil de nicotine ou plus faible conviennent à la majorité des fumeurs" et que "déjà à l'heure actuelle nous voyons que leur consommation n'est pas limitée aux fumeurs réguliers", mais il n'existe, à notre connaissance, aucune preuve scientifique de ces affirmations.

En l'état, la législation proposée cherche à éviter des dangers négligeables et pour la plupart imaginaires, mais menace de sous-estimer des bénéfices bien plus substantiels et bien plus probables.

Signataires (incluant les déclarations de conflits d'intérêts, voir ci-dessous)

______________________

Dear Mr. Seychell

We do appreciate your response to our letter, and we thank you for your quick reply.

However, we do not think that our concerns were addressed. The legislation remains based on misunderstood or misinterpreted evidence and imposes restrictions which are not justifiable. A legislation that regulates e-cigarettes in a more restrictive way than tobacco cigarettes that are much more harmful by any standard of measurement will be damaging for public health.

We accept your clarification about the consistent dosing as concerning nicotine content in vapour rather than nicotine delivery to users as the wording implies. The wording could be made clearer.

Considering the rest of your response, this ignores our arguments that the statements concerning nicotine toxicity, nicotine threshold and use by non-smokers or adolescents, which form the basis of the proposed restrictions, are not substantiated by evidence and are therefore inappropriate.

You state that 'electronic cigarettes with such a nicotine threshold or below help the vast majority of smokers' and 'already today we see that their consumption is no longer limited to established smokers' but there is no evidence for these assertions that we are aware of.

As it stands, the proposed legislation is aiming to prevent negligible and mostly imaginary dangers while threatening to undermine much more likely and much more substantial benefits.

Yours sincerely,

Signatories

As per your request, please find below the CoI of the signatories.

Professor Jean-François ETTER, PhD
Institut de santé globale, Faculté de médecine, Université de Genève, Switzerland.
I was reimbursed by an e-cigarette manufacturer for travels to London and to China, but was not paid for these talks.

Dr. Konstantinos Farsalinos, MD
Researcher, Onassis Cardiac Surgery Center, Athens, Greece
Researcher, University Hospital Gathuisberg, Leuven, Belgium.
I have no financial interests in any e-cigarette company. Some of my studies were performed using funds provided to the institution by e-cigarette companies. My salary is paid by a scholarship grant from the Hellenic Society of Cardiology.

Professor Peter Hajek, PhD
Wolfson Institute of Preventive Medicine, Barts and The London School of Medicine and Dentistry Queen Mary University of London, London, UK.
I have no links with any e-cigarette companies.

Dr. Jacques Le Houezec, PhD
Consultant in Public Health, Tobacco dependence, Rennes, France
& Honorary Lecturer, UK Centre for Tobacco Control Studies, University of Nottingham, UK.
I have received no financial support from e-cigarette companies, nor received any other significant benefit (e.g. travel etc).

Dr. Hayden McRobbie, MB ChB PhD
Reader in Public Health Interventions, Wolfson Institute of Preventive Medicine, Queen Mary University of London, UK.
I have received no personal financial or non-financial support from any companies for research on e-cigarettes. PGM International provided products at no cost for the public-good funded ASCEND e-cigarette trial and I have undertaken research on Ruyan e-cigarettes, for which the University of Auckland was funded by Health New Zealand, independently of Ruyan.

Professor Chris Bullen, MBChB, PhD
Director, The National Institute for Health Innovation, The University of Auckland, Auckland, New Zealand.
I have received no personal financial or non-financial support from any companies for research on e-cigarettes. PGM International provided products at no cost for the public-good funded ASCEND e-cigarette trial and I have undertaken research on Ruyan e-cigarettes, for which the University of Auckland was funded by Health New Zealand, independently of Ruyan.

Professor Lynn T. Kozlowski, PhD
Dean, School of Public Health and Health Professions, Professor of Community Health and Health Behavior, University at Buffalo, State University of New York, USA.
I have not undertaken research, provided consulting or received funding/travel support from electronic cigarettes companies.

Dr. Mitchell Nides, PhD
President, Los Angeles Clinical Trials, Director, Picture Quitting, the Entertainment Industry's, Quit Smoking Program, Burbank, CA 91505, USA.
I have received research funding from NJOY Inc, Scottsdale, AZ.

Professor Dimitris Kouretas, MD
Professor and Deputy Rector University of Thessaly, Greece.
The University of Thessaly signed a research proposal between University and The Greek Chamber of e-cigarettes importers to test the toxicity of the liquids that are sold in the Greek market. I have not received money from any e-cigarette company.

Professor Riccardo Polosa, MD, PhD
Director of the Institute for Internal Medicine and Clinical Immunology, University of Catania, Italy.
I have been serving as a consultant for Arbi Group Srl (Milano, Italy), the Italian distributor for 'Categoria' e-Cigarettes.

Dr. Karl Fagerström, PhD
President, Fagerström Consulting AB, Vaxholm, Sweden.
I have no links with any e-cigarette companies.

Professor Martin Jarvis, Dsc
Emeritus Professsor of Health Psychology, Department of Epidemiology & Public Health, University College London, UK.
I have no financial links with any electronic cigarette company, and have not consulted for or received travel support or research resources from any such company.

Dr. Lynne E. Dawkins, PhD
Senior Lecturer in Psychology, School of Psychology, University of East London, Stratford, London, UK.
I have no personal financial or non-financial interests in the e-cigarette industry. My university (University of East London, UEL) has received funding from Skycig Ltd for a research project that I co-ordinated as well as travel funds and hospitality from Totally Wicked and E-Lites.

Dr. Pasquale Caponnetto, Assistant Professor, Researcher
Centro per la Prevenzione e Cura del Tabagismo, Azienda Ospedaliero-Universitaria “Policlinico-V. Emanuele”, Università di Catania, Catania, Italy.
PC declares no conflict of interest.

Professor Jonathan Foulds PhD
Professor of Public Health Sciences & Psychiatry, Penn State University, College of Medicine, Cancer Institute, Cancer Control Program, Hershey, PA 17033-0850, USA.
I have not received any financial compensation of any kind from an electronic cigarette company, nor received any other significant benefit (e.g. travel etc).

 

Mise à jour du 23/01/2014

Cette déclaration a été commentée dans le New Scientist du 23 janvier.

 

16 Janvier 2014

La communauté scientifique souhaite que la recherche sur la cigarette électronique soit correctement interprétée et poursuit ses efforts pour apporter des informations fiables pour la réglementation. Un groupe de scientifiques spécialisés dans le domaine du tabac et de la e-cigarette ont envoyé ce matin une lettre adressée au Commissaire à la santé européen, Mr Tonio Borg, ainsi qu'à un groupe de Députés européens concernés par cette réglementation. Cette lettre explique en détail, argumenté par des études publiées, les erreurs commises à propos de la e-cigarette, dans le projet actuel de la Directive européenne sur les produits du tabac.

For an English version see here : http://nicotinepolicy.net/n-s-p/672-scientific-errors-in-proposed-eu-tobacco-products-directive

Für die deutsche Übersetzung finden Sie hier: http://blog.rursus.de/2014/01/fehler-in-der-tabakrichtlinie-fuehrende-wissenschaftler-schreiben-an-die-eu/

Versione italiana qui: http://www.liaf-onlus.org/page.php?id=156-gli-esperti-invitano-l-eu-a-tener-conto-delle-evidenze-scientifiche-per-una-regolamentazione-equilibrata-delle-e-cig

Les erreurs scientifiques de la Directive tabac européenne

16 Janvier 2014

Mesdames, Messieurs,

Nous faisons partie des scientifiques réputés dans le domaine du tabac et de la cigarette électronique (e-cigarette), et dont les recherches ont été citées par la Commission européenne et d'autres institutions impliquées dans le contrôle du tabac. Nous comprenons que la Commission et les Députés européens veulent s'assurer que les fumeurs qui veulent passer à l'e-cigarette puissent avoir facilement accès à des e-cigarettes les plus sûres possible. La e-cigarette devenant de plus en plus populaire, il y a un impératif éthique et intellectuel à construire une législation basée sur des données scientifiques solides. L'enjeu est important car le tabac tue 700 000 citoyens européens chaque année. Plusieurs des considérants et le contenu de l'Article 18 de la Directive sur les produits du tabac (DPT) concernant l'e-cigarette ne sont pas basés sur une interprétation correcte des données scientifiques . Cette lettre a été rédigée dans le but de vous aider à comprendre les résultats scientifiques en lien avec le texte actuel de la DPT.

1. La comparaison du mode d'administration de la nicotine par le tabac et la cigarette électronique dans la DPT

Texte de la DPT: Le considérant c) pour l'Article 18 dit: “Les liquides contenant de la nicotine ne peuvent être autorisés selon cette Directive que si leur concentration en nicotine ne dépasse pas 20 mg/ml. Ce niveau de concentration est similaire à la dose délivrée par une cigarette standard durant le même temps d'utilisation.”

Ce que dit la science: La Commission cite (1) les articles du Dr Farsalinos (2,3) pour justifier le fait que 20mg/ml de nicotine équivaut au rendement d'une cigarette. Le Dr Farsalinos a écrit à la Commission pour dire que ces résultats avaient été mal interprétés. Ses recherches, au contraire, montrent qu'un e-liquide à 20 mg/ml produit moins d'un tiers de la nicotine délivrée par une cigarette (4,5). Il faut en fait 50mg/ml pour obtenir à peu près l'équivalent d'une cigarette. Toutes les autres études publiées confirment cela (6-9). Environ 20 à 30% des utilisateurs de cigarette électronique utilisent des liquides de plus de 20mg/ml (8,10). Ces liquides plus concentrés sont souvent utilisés par les fumeurs les plus dépendants, ayant un risque tabagique plus élevé, et qui peuvent le plus bénéficier de l'utilisation de la cigarette électronique. La majorité de ces fumeurs très dépendants ont besoin de plus de 20mg/ml pour passer de la cigarette au vapotage.

2. Les assertions de la DPT sur la toxicité de la nicotine

Texte de la DPT: Le considérant f) pour l'Article 18 dit: “Etant donné que la nicotine est une substance toxique…” et la Commission assure que “La dose létale aiguë de nicotine chez un adulte est estimée à environ 60 mg” (11)

Ce que dit la science: L'une des justifications pour limiter la concentration de nicotine dans les cigarettes électroniques à 20mg/ml est justifiée par l'assertion que des concentrations plus élevées seraient dangereuses. Ce n'est pas le cas. Des personnes ayant ingéré des doses 60 fois plus élevées n'ont eu que des nausées et des vomissements, sans autres effets indésirables (12). L'assertion par la Commission que 60mg de nicotine est une dose létale provient d'auto-expériences douteuses rapportées dans un livre de pharmacologie de 1856, et n'a jamais été remise en cause depuis (13). L'intoxication par le tabac, les substituts nicotiniques ou les liquides pour cigarette électronique sont extrêmement rares. De plus il n'y a aucun risque de sur-dosage par la voie pulmonaire. De même qu'avec les cigarettes conventionnelles, une dose trop forte provoque des nausées , et la personne arrête d'inhaler bien avant un quelconque sur-dosage ou des effets délétères (pour une revue de la question, voir 14). Des bouchons avec une sécurité enfant sont suffisants pour éviter que de jeunes enfants n'avalent du e-liquide.

3. L'exigence de la DPT pour une délivrance consistante de la nicotine

Texte de la DPT: L'Article 18.3 dit “Les Etats membres doivent s'assurer que:… (f) les cigarettes électroniques délivrent la dose de nicotine de façon consistante”

Ce que dit la science: Le concept médical de “délivrance consistante” est inapproprié pour un produit de consommation courante utilisé à volonté. Les fumeurs, les utilisateurs de tabac non fumé, ou de cigarette électronique déterminent spontanément la quantité de nicotine qu'ils absorbent selon leurs besoins individuels ou temporels. Les utilisateurs d'un même type de cigarette électronique peuvent avoir des différences en termes d'absorption qui varient d'un facteur 20 (4,5,15). Les contrôles de qualité des différentes marques est nécessaire afin d'assurer une consistance dans la quantité de nicotine contenue dans les e-liquides, mais demander une consistance dans la délivrance de la nicotine par la cigarette électronique n'a aucun sens. Il n'existe aucune exigence de ce type en ce qui concerne les cigarettes ou le tabac non fumé.

4. L'exigence de la DPT que les fabricants de cigarettes électroniques fournissent des données sur l'absorption de nicotine pour chaque produit

Texte de la DPT: L'Article 18.2 exige que les fabricants notifient 6 mois avant la mise sur le marché d'un nouveau produit ou d'une modification substantielle d'un produit existant, en particulier : “l'information sur la dose de nicotine et son absorption “

Ce que dit la science: Comme développé ci-dessus, les données sur la délivrance de nicotine n'apporteront pas de bénéfice au consommateur, mais impliqueraient des coûts élevés inutiles. Aucune exigence de ce type n'existe pour les fabricants de tabac, et cela, avec les autres exigences réglementaires proposées, ne ferait qu'avantager le marché des cigarettes, bien plus dangereuses pour la santé.

5. L'exigence de la DPT de limiter les fioles de e-liquide à 10ml, et les réservoirs à 2ml

Texte de la DPT Article 18.3 a): “les e-liquides contenant de la nicotine ne peuvent être mis sur le marché que dans des fioles de recharge n'excédant pas un volume de 10 ml, des cigarettes électroniques jetables, ou des cartouches à usage unique. Les cartouches et les réservoirs ne doivent pas excéder un volume de 2 ml”

Ce que dit la science: Cette proposition semble motivée par la préoccupation sur la toxicité potentielle des e-liquides, ce qui est basé sur une mauvaise information (voir ci-dessus). Les cigarettes électroniques n'ont jusqu'à présent pas fait preuve d'un tel danger (16). Au niveau mondial, un seul cas fatal a été rapporté chez une enfant ayant avalé le contenu de e-liquide d'un flacon ouvert (17). La proposition de la Commission de n'accepter que de petits contenants ne peut que multiplier les manipulations de e-liquide, créant ainsi un risque plus grand d'accidents et augmentant le coût pour les utilisateurs. L'alternative utilisée pour les produits chimiques ou ménagers, comme l'eau de javel , est que le risque est diminué par le sens commun, les avertissements sur les emballages et les bouchons avec une sécurité enfant sur les contenants.

6. L'hypothèse de la DPT selon laquelle la cigarette électronique serait une porte d'entrée dans le tabagisme

Texte de la DPT Considérant h) de l'Article 18 dit: “Les cigarettes électroniques peuvent devenir une porte d'entrée dans la dépendance à la nicotine, et finalement dans le tabagisme, car elles miment et normalisent l'acte de fumer. Pour cette raison, il faut adopter une position restrictive en regard de leur publicité.”

Ce que dit la science: L'effet de porte d'entrée dans le tabagisme est donné en support d'une approche restrictive. Les données existantes ne suggèrent pourtant pas que les cigarettes électroniques ont un tel effet. L'utilisation quotidienne de cigarette électronique par des non-fumeurs a été évaluée dans deux études, qui n'ont pas révélé une telle utilisation (18, 19). Aux USA, 1 à 2% des enfant ont expérimenté la cigarette électronique, mais aucun n'est devenu utilisateur régulier (20). Au contraire, 54% des adolescents européens de 15-16 ans ont essayé au moins une fois de fumer des cigarettes, et 88% des fumeurs réguliers adultes ont commencé de fumer avant l'âge de 18 ans (21, 22). Les preuves sont donc plutôt pour une porte de sortie du tabagisme, puisqu'un certain nombre de fumeurs de tous âges réduit ou arrête sa consommation de tabac lorsqu'il commence à utiliser une cigarette électronique. Cependant, l'utilisation chez les adolescents non-fumeurs devra être suivie de près dans le futur.

En conclusion, les cigarettes électroniques présentent un bon profil de sécurité et pourraient devenir une porte de sortie, plutôt qu'une porte d'entrée dans le tabagisme. Les utilisateurs devraient pouvoir identifier le produit et le dosage qui leur convient, plutôt que ce soit la réglementation qui décide pour eux ce qu'ils doivent utiliser. Une réglementation basée sur les preuves et proportionnée doit être mise en œuvre, et toutes les parties prenantes doivent être impliquées dans ce processus de réglementation. Si elles sont réglementées de façon appropriée, les cigarettes électroniques ont le potentiel de faire disparaître les cigarettes de tabac et de sauver des millions de vies dans le monde. Une réglementation excessive, au contraire, ne ferait que contribuer à maintenir les niveaux existants de maladies, de morts et de coûts de santé dus au tabagisme.

Références

1) European Commission (2013) Fact sheet on E-Cigarettes http://ec.europa.eu/health/tobacco/docs/fs_ecigarettes_en.pdf

2) Farsalinos et al. Evaluation of Electronic Cigarette Use (Vaping) Topography and Estimation of Liquid Consumption. Int J Environ Res Public Health. 2013;10: 2500-14.

3) Farsalinos et al. Evaluating nicotine levels selection and patterns of electronic cigarette use in a group of ‘Vapers’ who had achieved complete substitution of smoking. Substance Abuse: Research and Treatment. 2013; 7:139-146.

4) Farsalinos K. et al. Nicotine absorption from electronic cigarette use: comparison between first and new generation devices. Presented to the FDA, December 19, 2013 (submitted for publication).

5) Farsalinos K. et al. Nicotine absorption from electronic cigarette use: comparison between experienced and naive users. Presented to the FDA, December 19, 2013.

6) Vansickel AR, Eissenberg T. Electronic Cigarettes: Effective Nicotine Delivery After Acute Administration. Nicotine & Tobacco Research 2012.

7) Hajek P, Goniewicz M, Phillips A, Myers-Smith K, West O, McRobbie H. Nicotine intake from electronic cigarettes and effect of practice: Report to the MHRA. London: Wolfson Institute of Preventive Medicine, Queen Mary University of London, 2013.

8) Dawkins L, Corcoran O. Acute electronic cigarette use: nicotine delivery and subjective effects in regular users. Psychopharmacology (Berl). 2014 Jan;231(2):401-7.

9) Nides MA, Leischow SJ, Bhatter M, Simmons M. Nicotine Blood Levels and Short-term Smoking Reduction with an Electronic Nicotine Delivery System. American Journal of Health Behavior 2014; 38(2): 265-74.

10) Etter, J. F. & Bullen, C. (2011) Electronic cigarette: users profile, utilization, satisfaction and perceived efficacy, Addiction, 106, 2017-28.

11) SCENIHR Scientific Committee, 2010 p 29 http://ec.europa.eu/health/scientific_committees/opinions_layman/tobacco/documents/addictiveness_and_attractiveness_of_tobacco_additives.pdf

12) Christensen LB, van't Veen T, Bang J. Three cases of attempted suicide by ingestion of nicotine liquid used in e-cigarettes, Clinical Toxicology. 2013; 51: 290.Clinical Toxicology vol. 51 no. 4 2013

13) Mayer B. How much nicotine kills a human? Tracing back the generally accepted lethal dose to dubious self-experiments in the nineteenth century. Arch Toxicol. 2014 Jan;88(1):5-7.

14) See the literature review on slides 10 and 11 at http://www.e-cigarette-forum.com/infozone/Dr-Jacques-Le-Houezec

15) Etter JF. Levels of saliva cotinine in electronic cigarette users, Addiction. 2014 Jan 8.

16) Polosa R, Rodu B, Caponnetto P, Maglia M, Raciti C. A fresh look at tobacco harm reduction: the case for the electronic cigarette. Harm Reduct J. 2013 Oct 4;10(1):19.

17) Winer S (2013). Police investigating toddler’s death from nicotine overdose, Times of Israel, May 29.

18) Douptcheva N, Gmel G, Studer J, Deline S, Etter JF. Use of electronic cigarettes among young Swiss men. J Epidemiol Community Health. 2013; 67: 1075-1076.

19) Action On Smoking And Health (2013). ASH fact sheet on the use of e-cigarettes in Great Britain (London, ASH). http://www.ash.org.uk/information/facts-and-stats/ash-briefings

20) CDC (2013). Notes from the field: electronic cigarette use among middle and high school students - United States, 2011-2012, MMWR Morb Mortal Wkly Rep, 62, 729-30. http://www.cdc.gov/mmwr/preview/mmwrhtml/mm6235a6.htm

21) The 2011 ESPAD Report. Substance Use Among Students in 36 European Countries.
http://www.espad.org/Uploads/ESPAD_reports/2011/The_2011_ESPAD_Report_FULL_2012_10_29.pdf

22) U.S. Department of Health and Human Services. Preventing Tobacco Use Among Youth and Young Adults: A Report of the Surgeon General. Atlanta, GA: U.S. Department of Health and Human Services, Centers for Disease Control and Prevention, National Center for Chronic Disease Prevention and Health Promotion, Office on Smoking and Health, 2012. http://www.cdc.gov/tobacco/data_statistics/fact_sheets/youth_data/tobacco_use/index.htm


Signataires

Professor Jean-François ETTER, PhD, Associate Professor, Privat docent
Institut de santé globale, Faculté de médecine, Université de Genève, 1 rue Michel-Servet, CH-1211 Geneve 4, Switzerland.

Dr Konstantinos Farsalinos, MD
Researcher, Onassis Cardiac Surgery Center, Athens, Greece
Researcher, University Hospital Gathuisberg, Leuven, Belgium.

Professor Peter Hajek, PhD
Wolfson Institute of Preventive Medicine, Barts and The London School of Medicine and Dentistry Queen Mary, University of London Turner Street, London E1 2AD, UK.

Dr Jacques Le Houezec, PhD
Consultant in Public Health, Tobacco dependence, Rennes, France
& Honorary Lecturer, UK Centre for Tobacco Control Studies, University of Nottingham, UK.

Dr Hayden McRobbie, MB ChB PhD
Reader in Public Health Interventions, Wolfson Institute of Preventive Medicine, Queen Mary University of London, UK.

Professor Chris Bullen, MBChB, PhD
Director, The National Institute for Health Innovation, The University of Auckland, Auckland, New Zealand.

Professor Lynn T. Kozlowski, PhD
Dean, School of Public Health and Health Professions, Professor of Community Health and Health Behavior, University at Buffalo, State University of New York, USA.

Dr Mitchell Nides, PhD
President, Los Angeles Clinical Trials, Director, Picture Quitting, the Entertainment Industry's, Quit Smoking Program, 4116 W. Magnolia Blvd. Suite 100, Burbank, CA 91505, USA.

Professor Dimitris Kouretas, MD
Professor and Deputy Rector University of Thessaly, Greece.

Professor Riccardo Polosa, MD, PhD
Director of the Institute for Internal Medicine and Clinical Immunology, University of Catania, Italy.

Dr Karl Fagerström, PhD
President, Fagerström Consulting AB, Vaxholm, Sweden.

Professor Martin Jarvis, Dsc
Emeritus Professsor of Health Psychology, Department of Epidemiology & Public Health, University College London, UK.

Dr Lynne E. Dawkins, PhD
Senior Lecturer in Psychology, School of Psychology, University of East London, Stratford Campus, Romford Road, Stratford, London, E15 4LZ, UK.

Dr Pasquale Caponnetto, Assistant Professor, Researcher
Centro per la Prevenzione e Cura del Tabagismo, Azienda Ospedaliero-Universitaria “Policlinico-V. Emanuele”, Università di Catania, Catania, Italy.

Professor Jonathan Foulds, PhD
Professor of Public Health Sciences & Psychiatry, Penn State University, College of Medicine, Cancer Institute, Cancer Control Program. T3428, CH69, 500 University Drive, P.O. Box 850 Hershey, PA 17033-0850, USA.

Voir les commentaires

Publié le 11 Octobre 2016

Voici un témoignage de quelqu'un qui a arrêté de fumer grâce à la vape depuis plusieurs années. Ce témoignage m'a séduit car il illustre parfaitement ce que je dis et essaye de faire depuis de nombreuses années ; dédiaboliser la nicotine. Je vais parcourir ce texte avec vous, en y ajoutant quelques notes (le texte en bleu, celui en noir étant le texte de Franck).
Je remercie Franck de m'avoir autorisé à publier son billet ici.
 
Franck, administrateur du forum http://www.ecigarette-public.com, et co-fondateur de l'AIDUCE, a donc publié ce long billet pour faire son...
 
COMING OUT

Hello à tous et bises aux dames.
Attention, c'est un long billet, mais que voulez-vous j'avais pas mal de choses à dire !  Very Happy
Ce billet représente mon opinion et n'est pas forcément partagé par l'ensemble du staff à 100%.

1. C’est une déclaration. Ma déclaration. Deux ou trois mots d’amour.

J’ai mis du temps avant de le savoir réellement. Avant de comprendre. J’ai aussi mis un peu de temps avant de l’avouer publiquement. Car ce que je m’apprête à dire n’est pas forcément bien accepté par notre société qui prône pourtant la liberté et l’accomplissement de l’individu. On ne cesse de criailler « liberté » sur tous les tons et toutes les intonations, pourtant, on l’apprend assez vite, il y a des limites à ces beaux idéaux basés sur la liberté. Alors soit on les accepte de bonne grâce, soit on se tait mais on n’en pense pas moins, soit on s’affirme sans crainte.

Ce que je vais faire aujourd’hui.

Je fais donc mon coming out.
Enfin, en quelque sorte. Car non, je ne vais pas vous narrer mes préférences sexuelles d’une affligeante banalité. Mon coming out se situe sur un tout autre terrain.Wink

Voilà mon aveu : J’aime la nicotine, j’aime l’utiliser avec mes « vapappareils » et je n’ai absolument aucune envie d’arrêter d’en prendre. Oui, j’aime les effets de la nicotine. J’aime cette sensation d’apaisement qu’elle procure tout en contribuant à garder mes sens en éveil. Je me trouve donc très bien dans ma consommation de nicotine et ne vois aucune raison de changer.

Un jour peut-être j’arrêterai cette relation. Si la nicotine venait à me tromper. A être finalement plus destructrice que séductrice. Mais ce jour n’est pas arrivé.

Voilà, c’est dit !Very Happy

2. L’enfer, c’est les autres

Je peux apercevoir l’interrogation de certains d’entre vous. Comment ? Mais que nous chante-t-il là cet apôtre ? La nicotine n’est pas interdite ! On peut la consommer dans les cigarettes. On peut acheter des gommes en pharmacie. Tiens, il peut même continuer à vaper si le cœur lui en dit. De quoi se plaint-il ?

Oui, on peut consommer la nicotine sous plusieurs formes sans risquer des amendes, la prison ou l’écartèlement en place publique.

Mais tout le monde le sait, fumer n’est pas forcément dans l’air du temps. Les interdictions ou restrictions de fumer gagnent de terrain. Doucement. Imperceptiblement. Sans compter le regard noir des non-fumeurs qui font bien comprendre, à juste raison, qu’ils n’ont pas spécialement envie d’être opportunés par une fumée aussi nauséabonde que dangereuse pour la santé.

La vape ? Cette dernière n’est pas interdite. Vous avez raison. Ceci dit, on peut noter les efforts constants du gouvernement pour tenter de l’exclure des lieux fermés ouverts au public. Et pourquoi ? Pour odeur nauséabonde et dérangeante ? Pas du tout. Pour vapotage passif ? Pas plus. Parce que vaper est un geste de séduction et que cela pourrait inciter des fumeurs à fumer.

Par décence, je ne vous parlerai pas des médias, toujours prompts à titrer sur l’explosion d’une batterie ou sur la dernière étude prétendument scientifique mais réellement négative, oubliant consciencieusement de publier des articles sur les études positives, contribuant ainsi à donner une image délétère de la vape.

Et puis vous trouverez toujours un proche, un voisin, voire le médecin pour vous dire que c’est pire ou que c’est mieux que le tabac, c’est selon, mais qu’il faudra quand même songer à arrêter parce qu’on ne sait pas trop ce qu’il y a dedans. Et puis il y a de la nicotine quand même.

Mieux encore : j’ai vu des vapoteurs me regarder avec le regard vitreux des gars qui ne comprennent pas lorsque je leur disais que j’utilisais plusieurs taux de nicotine, généralement entre le 6 et le 18 mg/ml depuis mes débuts et que cela me convient très bien comme cela et n'avais nullement l'intention de changer.

3. Diabolisation de la nicotine : tout ce qui est excessif est insignifiant.

Ah la nicotine, que de bêtises dit-on sur elle !

La nicotine est régulièrement diabolisée, notamment par le grand public.  Elle est victime de préjugés particulièrement tenaces, enfants bâtards nés de l’accouplement de la pure ignorance et de la bêtise crasse (cf. cette conférence, à partir de 5'30).

Et ces préjugés ne datent pas d'aujourd'hui, les raisons de leur existence sont à rechercher des dizaines d'années en arrière.

Hormis quelques légumes et féculents contenant de la nicotine à l’état de traces, comme la pomme terre ou l’aubergine, la méthode d’ingestion de la nicotine la plus usitée jusque dans les années 80 est évidemment l’absorption par les produits à fumer ou par les produits à chiquer. Du coup, tout le monde, y compris certains médecins, avaient une fâcheuse tendance à confondre tabac et nicotine. Les cigarettes donnent le cancer, il y a de la nicotine dans le tabac, donc la nicotine donne le cancer.

Ce n’est qu’à l’apparition des substituts nicotiniques, comme les gommes et les patchs, que le discours changea radicalement. La nicotine n’était plus du tout dangereuse ni même addictive lorsqu’elle était utilisée via les produits pharmaceutiques (cf. cette page d'un labo pharmaceutique).

Maintenant que la vape se développe, curieusement, la nicotine est redevenue un produit nocif qu’il convient d’éviter le plus possible. Enfin surtout avec la vape et toujours pas pour les produits de sevrage classique (cet article de Vaping Post sur l'OMS). Allez y comprendre quelque chose.scratch

Pourtant, il n’a pas été démontré que l’inhalation de nicotine seule soit susceptible d’entraîner de graves effets sur la santé. Non pas que son utilisation soit totalement anodine, qu’il n’y ait pas quelques conséquences cardio-vasculaires (augmentation de la pression artérielle, augmentation du rythme cardiaque) mais tout cela reste encore à préciser de manière certaine. Peut-être même à affirmer.

Je souhaite apporter ici une précision, l'effet stimulant sur le système cardiovasculaire ne s'observe qu'en aigu, en particulier après une période de non consommation (le matin par ex.), mais que durant la journée ce phénomène disparaît à cause de la très grande tolérance à ces effets de la nicotine chez le fumeur ou l'utilisateur de nicotine.

Au contraire même : des études récentes mettent en valeur les bienfaits de la nicotine, comme une étude américaine publiée en 2014 qui annonce que la nicotine favoriserait l’apprentissage et la concentration et permettrait de lutter contre la maladie de Parkinson (cf. cet article du Point.fr). At last but not least, la nicotine pourrait aider à lutter contre les dépressions, l’hyperactivité ou les TOC. Pas mal, non, pour une substance si décriée ?

Il faut savoir que nous avons des récepteurs nicotiniques partout dans le corps, y compris dans le système digestif, ce sont eux qui nous permettent aussi de contracter nos muscles striés, et qu'il y a plusieurs types de récepteurs nicotiniques, en particulier dans le cerveau. La conséquence est que la nicotine peut être un outil, voire un médicament, pour comprendre ou traiter de nombreuses maladies. Quant au Parkinson, nous avons réalisé une étude pilote qui nécessiterait d'aller plus loin, mais que pour l'instant rien ne bouge, même si une association de patients atteints de la maladie de Parkinson s'est créée autour du traitement par la nicotine (A2N).

Mais si la nicotine n’est pas forcément un haut facteur de risques si elle est inhalée, qu’en est-il des risques en cas de contact cutané ? En cas d’ingestion malencontreuse ? Si des enfants venaient à boire une fiole par exemple ?

Au début de la vape, tout le monde, y compris les scientifiques, pensait que la nicotine était létale à partir d’environ 50 mg pour un adulte. Nettement moins pour un enfant car la dose létale varie en fonction du poids des individus. Bien entendu on pensait aussi qu’on pouvait avoir des problèmes à des doses bien inférieures : brûlures, palpitations cardiaques en cas de présence de liquides sur la peau, sensation d’ivresse, etc. Cet article du point datant de 2014, donc pas si vieux que cela, éclaire sur la présentation qui était faite de la nicotine (cet article du point.fr). Pas de quoi pavoiser. Lorsqu’on se renversait un peu de liquide sur la peau la première fois, on n’en menait pas large ! Et très vite, on s’est rendu compte que cela n’avait absoluement aucun effet.

Et pourquoi personne ne se pose de question quand on se pose un patch sur la peau ? C'est aussi de la nicotine, et pure en plus ! Alors qu'un liquide à 20 mg/ml c'est une dilution à 2%.


Des enfants en bas âge ont absorbé des gouttes de liquides nicotinés. Il y a donc eu quelques intoxications signalées, notamment plus d’un millier de cas aux USA, mais, à notre connaissance « seulement » deux morts d’enfants à travers le monde : une jeune fille en Israël, un cas dont on n’entend plus parler (et n'a jamais été confirmé), et un jeune garçon aux USA qui aurait avalé de la nicotine pure. Certes, deux, c’est déjà beaucoup mais, par rapport à d’autres terribles accidents liés aux enfants, cela reste un chiffre bas.

On s’est donc vite rendu compte que la nicotine n’est pas si dangereuse à des doses habituelles. Une étude de Bernd Mayer publiée en 2013 vint confirmer ces soupçons. Ces travaux évaluent entre 500 mg et 1 g la dose létale (wikipedia). Ouf, nous voilà soulagés, cela laisse une confortable marge. Very Happy  Bien entendu, les vapoteurs doivent rester vigilants et ne pas faire n’importe quoi, notamment en présence d’enfants. Cependant, il y a de quoi être relativement serein et de ne pas paniquer si quelques millilitres de liquide nicotiné se déposent sur votre peau délicate.

Tordons le coup à une autre idée émise par quelques nouveaux vapoteurs. En effet, certains d'entre eux hésitent à prendre des taux de nicotine assez forts, qui pourraient pourtant leur convenir afin d'éviter un surdosage nicotinique. On se calme. Le surdosage nicotinique n'est pas dangereux. Lorsqu'on abuse de la nicotine par rapport à sa dose habituelle, le corps réagit tout de suite : on a des nausées, des maux de tête, on tremble comme au premier rendez-vous. Si vous êtes malin, vous allez vous adapter immédiatement en vapant moins tout simplement.

Aussi, malgré les préjugés, malgré les « on-dit » toujours vivaces, notre connaissance de la nicotine augmente jour après jour et, finalement, même si la nicotine n’est peut-être pas un produit banal, elle est loin d’être la substance démoniaque que certains se complaisent à décrire.
Alors, une fois que vous avez exposé à d’éventuels détracteurs ces quelques arguments, il ne leur reste plus qu’à vous opposer cette vieille antienne que le vapoteur connaît bien : « mais tu es toujours accroc ! Tu restes addict ».

4. Addict à la nicotine. Oui et alors ?

Le vapoteur que je suis reste accroc. Bien sûr. Dépendance plus psychologique que physique soit dit en passant. Je comprends d’ailleurs les fumeurs ou vapoteurs qui souhaitent ne plus être dépendants. Ils souhaitent être libérés de ce qu’ils estiment être un poids tout en gagnant un peu de pouvoir d’achat en passant. D’autres préfèrent arrêter la vape car ils ont des doutes sur les effets de la vape sur leur santé à terme. C’est totalement respectable.

Mais j’ai quand même la furieuse impression qu’un certain nombre de vapoteurs débutants ou de jeunes vapoteurs n’ont qu’une idée en tête : se passer de nicotine le plus vite possible, genre « il y a 15 jours j’étais en 12 mg/ml, là, je suis passé en 6 mg et bientôt, je tente le 3 ! ». Pourquoi être si pressé ? C’est une course ? Il y a quelque chose à gagner si on arrête la nicotine avant tout le monde ? Ce genre de comportement me semble plus être la résultante de cette pression négative environnante qu’une décision pesée et mûrement réfléchie.

Vous voulez arrêter la nicotine ou alors la vape à terme ? Très bien. C’est respectable. Mais prenez votre temps. Ne vous précipitez pas. J’en ai vu des membres vouloir précipiter leur baisse de nicotine et qui sont retournés illico presto au tabac. Lorsque vous baissez votre taux et que vous ressentez des manques importants, n’hésitez pas à revenir en arrière en reprenant un taux de nicotine plus fort plutôt que de vouloir à tout prix continuer à baisser le taux de nicotine. Il y en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes.Razz

Dernière point : vouloir baisser le taux de nicotine de vos liquides alors que vous continuez à fumer en même temps ne vous apportera pas grand-chose, sinon un retour à votre niveau de tabagisme antérieur. A vous de voir. Ne riez pas, on a vu des vapoteurs vouloir à tout prix descendre le taux de nicotine alors qu’ils fumaient encore, comme si le danger immédiat était la nicotine dans leur liquide et non pas la cigarette ! Cela n’a pas fait un pli : ils sont redevenus fumeurs exclusifs.

Comme le dirait Jacques Le Houezec, dans le sevrage tabagique, la nicotine n’est pas le problème, c’est la solution. La nicotine est la meilleure alliée du vapoteur, et non l’ennemi qu’il faut combattre obligatoirement. Je rajouterai, il faut savoir utiliser la nicotine comme un outil pour ne pas risquer de rechuter dans le tabagisme.

On devient addict au tabac à cause de la nicotine (et des autres substances de la fumée qui renforcent cette dépendance), c’est vrai. Mais on ne meurt pas à cause d’elle. On meurt du goudron, du monoxyde de carbone.
Donc, oui, je suis addict (je dirais plutôt dépendant, mais comme on peut l'être du café et pas comme on l'est quand on fume). Tout à fait. Cependant, il est utile de rappeler que l’être humain n’est pas parfait par nature. Il a ses limites, ses défauts, ses déséquilibres. Qui peut se targuer d’être tout le temps équilibré en toute chose ? Ce ne sont certainement pas les accrocs à la télé, aux jeux vidéo, au travail, aux smartphones, au tabac, au sexe, aux réseaux sociaux, à l’alcool, aux drogues douces ou dures, au sport, aux jeux d’argent, au pouvoir, à l’argent ou à la célébrité qui vont me contredire !

L’important, de mon point de vue, est que cette addiction n’ait pas un effet particulièrement néfaste sur ma santé, ce qui semble être le cas, qu’elle ne cause pas de tort à mon entourage, ce qui est le cas, qu’elle ne me désocialise pas, ce qui est le cas, et qu’elle n’accapare pas tout mon temps libre, ce qui est le cas, même si la présence sur le forum me prend beaucoup de temps, avouons-le. Alors, honnêtement où est le problème ? Personnellement cela ne m’en pose pas. Je gère. Merci beaucoup de votre sollicitude.

Pourtant cela semble en décontenancer certains, y compris parmi les vapoteurs. Tant pis pour eux. Mais, là où je suis passablement agacé, c’est que la réglementation qui se met en place doucement ne va rien changer à ces préjugés populaires. Bien au contraire même, elle risquent fort de les augmenter.

5. Le seuil de 20 mg/ml ou comment instiller dans les esprits une barrière psychologique

Jusqu’en 2011, les vapoteurs avaient le choix du taux de nicotine. Le 18 mg/ml était couramment utilisé, notamment dans les premiers temps suivant l’arrêt du tabac. Mais on trouvait aussi du 24 mg/ml voire du 36 mg/ml.

En 2011, sans crier gare, l’ANSM (AFSSAPS à l'époque) publia un communiqué pour interdire à la vente libre les liquides de plus de 20 mg/ml. Si les liquides contiennent plus de 20 mg/ml, ils doivent être vendus en pharmacie (voir le communiqué). Ce n’était même pas une loi à l’époque. Pas plus une interdiction de consommer. Juste une orientation qui stipule donc que les produits nicotinés sont des produits de consommation courante jusqu’à 19,9 mg/ml et deviennent comme par magie un produit médical à 20 mg/ml ou au-dessus.

Voilà une bien belle crétinerie que je n’ai jamais comprise. Comment un produit peut-il être de consommation courante à 19,9 mg/ml et devenir un médicament à 20 ?  scratch Si quelqu’un pouvait me rancarder et m’expliquer cet étrange phénomène, j’en serai le premier ravi.
Et voilà que cet avis fut appliqué de manière très rigoureuse par la DGCCRF lors de ses inspections dans les boutiques. Certains patrons de boutiques, qui avaient décidé de passer outre, considérant qu’il n’y avait rien de légal dans cette décision, se sont vus supprimer tout leur stock de produits à plus de 20 mg/ml. Une bonne petite saisie, cela calme toujours les ardeurs.

Les vapoteurs ont alors compris que des gens dans des bureaux quelque part pouvaient prendre des décisions impactant des millions de citoyens sans même que cela soit discuté et validé par le pouvoir politique. Cela se passe maintenant et sous la Vème république. Même pas sous une sombre dictature bananière. Ahurissant.

Ainsi, des millions de vapoteurs, qui se sont lancés après l’application de ce seuil, sont venus à considérer cette limite comme normale puisqu’ils l’ont toujours connue. Un peu comme on apprend les nombres, l’heure, les jours de la semaine, les mois lorsqu’on est marmot.  Après 1 il y a 2. Après le lundi il y a mardi. C’est comme cela et pas autrement. Dans la vape, c’est pareil : moins de 20 mg/ml, c’est bien. Plus de 20 mg/ml, ce n’est pas bien. C’est ainsi.  Pourquoi ? Je ne suis pas certain que tout le monde réfléchisse à cette question, même parmi les vapoteurs. C’est comme cela et puis c’est tout. Attention, ce n'est pas une critique. Il n'est pas dit non plus que j'aurais réfléchi moi-même à la question si j'avais commencé la vape après 2011.

Ce seuil a eu des effets particulièrement néfastes. On estime qu’il n’est pas suffisant pour 25 à 30% des fumeurs. Voilà comment certains, ayant testé dans les « limites autorisées », étaient en manque et sont donc revenus au tabac sans connaître la cause de leur échec puisqu’ils ont fait tout comme il fallait. Voilà peut-être une des raisons pour laquelle on trouve énormément d’hybrides, mi-vapoteurs, mi-fumeurs : certains d’entre eux ne trouvent probablement pas leur compte de nicotine avec la vape. Voilà enfin comment certains vapoteurs qui savaient qu’il leur fallait un taux supérieur sont devenus des pestiférés. Juste par l’application d’une norme idiote.

Ce seuil a aussi un autre impact psychologique : inconsciemment, pour beaucoup, s’en approcher, c’est déjà frôler la zone de danger. Etre en 16 ou 18 mg/ml, c’est limite être un rebelle. Ce qui fait rire jaune tous les vapoteurs ayant commencé avant 2011 et qui ont connu les liquides à 24 ou 36 mg/ml sans pour autant forcément les utiliser eux-mêmes.

Enfin, l’application de ce seuil signa l’enterrement de ce que les premiers vapoteurs appelaient la vape libre. Globalement, la vape libre, c’est une vape avec le moins de restrictions possibles pour les utilisateurs. Mais cela ne veut pas dire une vape irresponsable et cela n’interdit pas les études sur les effets de la vape, des études sur les liquides, une information exigeante des professionnels vers les utilisateurs (composition des liquides, matériaux utilisés, conseils et précautions d’emploi, etc.). Mais inutile de pousser plus loin la définition : la vape libre n’existe plus en France depuis ce communiqué de l'AFSSAPS de mai 2011. Funeste date.

6. L’adaptation des fabricants ou comment remplir le tiroir-caisse avec une norme stupide

Ce qu’il y a de bien dans le système capitaliste, c’est que les fabricants les plus malins savent s’adapter aux exigences les plus extravagantes. Mieux même : ils arrivent à remplir encore plus le tiroir-caisse et en profitent au passage pour manger tout cru les concurrents les plus faibles.
Pour s’adapter à ces restrictions sur le taux de nicotine, la parade fut donc vite trouvée : proposer des résistances de plus en plus basses et des mods de plus en plus puissants pour les faire fonctionner. Jusqu’en 2011 ou 2012, des résistances à 2 ohm étaient courantes et les résistances en 1,5 ohm étaient considérées comme des basses résistances. Aujourd’hui, il est très courant de trouver des résistances de 0,5 ohm voire plus basses dans les kits tous publics.

En parallèle, les taux de nicotine ont largement baissé. Les nouvelles gammes mises sur le marché proposent majoritairement du 0, du 3 ou du 6 mg/ml. Rares sont celles qui proposent du 12. Le 18, n’en parlons même pas. Il faut se diriger vers les gammes classiques mono-arômes pour éventuellement trouver son compte. En effet, la vape en sub-ohm (à moins de 1 ohm) entraîne l’utilisation d’un faible taux de nicotine. Vaper à 0,5 ohm en 12 mg/ml ou en 18 mg/ml détartre sérieusement les chicots et récure les poumons. Le vapoteur adopte alors obligatoirement un taux de nicotine bas.

Pourtant, je ne suis pas convaincu que le triptyque « basse résistance + forte puissance + bas taux de nicotine » soit forcément plus performant que « haute résistance + basse puissance + fort taux de nicotine ». Il m’est arrivé plusieurs fois d’essayer du 24 mg/ml lors de mes premières années de vape, au temps béni où les liquides à ce taux étaient disponibles. C’était furieusement efficace. Moins d’une dizaine de taffes calmaient les éventuels manques et me rassasiaient pendant une heure ou deux sans problème. A titre de comparaison, je ne retrouve vraiment pas ce sentiment de satiété en 6 mg/ml à 0,5 ohm. Encore moins à 3 mg/ml. En tout cas, il me faut bien plus qu’une dizaine de taffes pour arriver à satiété.

Voilà donc le sens de l’histoire : des résistances de plus en plus basses, des appareils de plus en plus puissants pour les faire fonctionner et des taux de nicotine de plus en plus bas. Le tout engendrant un achat fréquent de matériel lorsqu’on souhaite rester à la page, et une consommation de liquide de plus en plus forte. Tout cela fait donc l’affaire des fabricants. Celle des utilisateurs, c’est une autre histoire. En effet, non seulement je ne suis pas convaincu de la réelle efficacité de cette course à la puissance mais, en plus, je reste persuadé que ce n’est pas la panacée pour de nombreux fumeurs qui n’y trouvent pas leur compte.

7. L’interdiction des fioles de plus de 10 ml de liquide nicotiné : une autre mesure de diabolisation de la nicotine

Une autre restriction concoctée avec amour par l’UE va probablement contribuer à la baisse du taux de nicotine : l’interdiction prochaine de la vente de fioles de plus de 10 ml pour les liquides nicotinés. En effet, les liquides sans nicotine ne seront pas soumis à cette limite de contenu. On pourra donc continuer à trouver des fioles de liquides sans nicotine à 30, 60, 100, 120 ml sans problème. Il sera facile de conclure plus ou moins inconsciemment que, si on trouve des bouteilles de 100 ml de liquide sans nicotine, mais que les flacons avec nicotine sont limités à 10 ml, alors cela veut dire que les liquides avec nicotine sont 10 fois plus dangereux. Confondante ineptie.

Là encore, les fabricants tentent de mettre en place des solutions pour s’adapter cette nouvelle limite des 10 ml qui s’annonce, notamment avec l’apparition de fioles de booster de nicotine à 20 mg/ml. Cependant, à partir d’un liquide sans nicotine, pour arriver à un taux de 11 à 12 mg/ml pour 10 ml, il vous en faut du booster de nicotine. Environ la moitié. Et si ce booster est fabriqué sur une base sans arôme, cela peut très vite devenir fadasse au-dessus de 6 mg/ml. Sans compter le coût pour l’instant très prohibitif des fioles de booster. Cette solution des boosters de nicotine, sympathique sur le papier, n’est donc en réalité qu’un pis-aller, qu’une solution dégradée qui devrait inciter à garder un faible taux de nicotine. Tant mieux pour ceux qui apprécient.

Tant pis pour les autres.

Tant pis pour moi.

8. On vape comme on aime

Alors que nos connaissances sur la nicotine augmentent régulièrement et que l’on s’aperçoit qu’elle est loin d’être aussi nocive qu’on le croyait, les préjugés continuent d’être très présents. Enfin, les restrictions que connaît la vape vont non seulement les confirmer mais, en plus, contribuent à pousser les vapoteurs vers des solutions utilisant de moins en moins de nicotine, quitte à laisser des insatisfaits en chemin.

Mais la nicotine n’est pas l’ennemie dans notre lutte contre le tabagisme. C’est même notre meilleure alliée. Elle doit donc être utilisée avec vigilance, certes, mais sans crainte et sans peur.

En tout cas c’est mon alliée la plus fidèle dans mon combat contre le tabagisme. Et les effets qu’elle me procure me satisfont pleinement.

D’aucuns diront certainement que je fais de la propagande. Faux. Je ne cherche nullement à convaincre qui que ce soit. Juste à affirmer mon opinion. Chacun fait comme il veut : vous voulez arrêter la vape ? Très bien, c’est respectable. Vous voulez vaper en zéro nicotine ? Aucun souci. Vous souhaitez vaper avec le taux de nicotine le plus bas possible ? C’est votre droit.

Par contre, je vape comme je le souhaite et comme j’en ai envie. Et je n’ai aucune intention de me défaire de mon appétit de la nicotine.

Aujourd’hui, je l’affirme haut et fort. On vape comme on aime, dit-on régulièrement. Cela tombe rudement bien : j’aime la nicotine. Et n'en n'éprouve nulle honte.
Et vous ?
Merci de m'avoir lu jusqu'à là. Si, si Very Happy Et bonne vape !

Voir les commentaires

Publié le 9 Décembre 2016

Le rapport du Surgeon General, l'autorité américaine en termes de santé, vient juste d'être publié et fait les gros titres dans la presse mondiale. C'est son côté volontairement alarmiste qui en fait un sujet de choix pour les journalistes. Pourtant en y regardant de plus près, on voit très vite la supercherie consistant à diaboliser une fois de plus la nicotine et la vape.

Ce qui n'est pas dit dans la campagne de communication à propos du rapport

Premièrement, le rapport omet ou essaye d'occulter la comparaison de la vape et du tabagisme des jeunes. C'est le cas si l'on ne consulte que le résumé et non pas le rapport complet. La plupart des graphiques mis en avant concerne uniquement l'utilisation de la vape. Mais page 51 et 52 du rapport on trouve les deux graphiques suivants où l'on peut voir qu'en seulement 2 ans (2013 vs. 2015) le tabagisme des jeunes (ceux n'utilisant que des cigarettes =  Combustible only en vert sur le graphique) a été divisé par deux.

Surgeon General's Report : ce que l'on ne dit pas dans la presse
Surgeon General's Report : ce que l'on ne dit pas dans la presse

Aller dire, comme la plupart des titres de presse l'on fait, que la vape est un danger majeur de santé publique pour les jeunes est donc soit un manque flagrant d'investigation (on fait une fois de plus du copié-collé, sans se poser de questions...), soit une volonté de nuire. Et de la part du Surgeon General américain, c'est un scandaleux mensonge, dont l'effet pourrait être une catastrophe sanitaire sans égal dans l'histoire. Si l'utilisation de la vape est réduite chez les jeunes suite à la nouvelle réglementation américaine, leur tabagisme va reprendre et les conséquences à long terme seront catastrophiques. Cette politique ne fait que favoriser ce qu'elle prétend combattre : le tabagisme et la consommation de cigarettes, mode de consommation le plus dangereux du tabac du fait de la combustion (par rapport au tabac non fumé par exemple comme le snus). Il ne faut pas oublier que ce qui tue dans le tabagisme c'est d'inhaler de la fumée (de quelque végétal que ce soit), et non pas la nicotine.

 

La diabolisation de la nicotine

Une fois de plus c'est la nicotine qui est diabolisée. La majorité des effets négatifs sur la santé rapportés est liée à la consommation de cigarettes, pas à celle de nicotine. Aucun des effets mis en avant pour volontairement dramatiser le rapport n'ont été observés avec les substituts nicotiniques (comme pour la femme enceinte et le foetus) ou même le snus (tabac non fumé suédois). Nous avons plus de 30 ans de recul sur les données pour ces produits.

Il est aussi mentionné la très forte puissance addictive de la nicotine, mais le rapport omet de dire que ce n'est le cas que lorsque la nicotine est fumée et donc accompagnée de nombreuses autres substances qui renforcent cette dépendance (substances IMAO de la fumée ayant des propriété antidépressives, acétaldéhyde, menthol facilitant l'inhalation présent dans toutes les cigarettes, pas seulement celles dites mentholées...). Les enquêtes chez les vapoteurs montrent toutes une réduction progressive de la dose de nicotine utilisée et surtout une dépendance beaucoup moins forte, de l'ordre de celle observée pour la caféine. Il est donc mensonger de dire que la nicotine est aussi addictive que la cocaïne ou l'héroïne, sans mentionner que cela n'est le cas que lorsque qu'elle est fumée.

La vape est certes une inhalation de nicotine, mais d'une part elle n'est pas accompagnée par les substances de la fumée de tabac, et d'autre part son absorption est plus lente qu'avec la cigarette, car la vapeur est un véhicule plus lent que la fumée de tabac (dans la fumée de tabac la nicotine est principalement transportée sur les gouttelettes de goudrons, absentes de la vapeur). Ces données sont faussées lorsque l'on observe seulement les concentrations de nicotine dans le sang veineux, comme c'est presque toujours le cas dans les études pharmacocinétiques. Lorsque l'on regarde dans le sang artériel, celui qui va directement au cerveau, les concentrations de nicotine suite à la consommation d'une cigarette sont 6 à 10 fois supérieures à celles mesurées au niveaux veineux, et atteignent leur pic bien plus tôt (en quelques 10 à 20 secondes, alors qu'au niveau veineux le pic n'apparaît qu'à 5 minutes). C'est aussi un facteur très important dans la capacité d'une drogue à être addictive (c'est pour cela que le crack est plus addictif que la cocaïne sniffée ou même injectée).

 

En conclusion

Ce rapport est une entreprise de désinformation qui rappelle largement celui de l'OMS (voir leur récente position après la CoP7 de novembre 2016), qui pourrait avoir des conséquences désastreuses sur la mortalité à venir due au tabagisme. La vape est une technologie de rupture qui est la meilleure chance que nous ayons pour faire disparaitre le tabagisme. Aller à l'encontre de son développement est criminel. Espérons que les autorités sanitaires de tous les pays se ressaisissent rapidement pour éviter le milliard de morts anticipé par l'OMS pour le 21ème siècle si l'on n'enraye pas le tabagisme.

 

 

 

 

 

 

 

Voir les commentaires

Publié le 23 Août 2013

Voici quelques commentaires que j'ai faits sur le forum de l'association AIDUCE pour essayer d'expliquer simplement la dépendance au tabac.

Tabac brun, tabac blond

La différence entre le tabac brun (tout comme le tabac à pipe et les cigares) et le tabac blond, c'est le pH de la fumée. Les tabacs blonds utilisés dans les cigarettes, est séché par un flux d'air chaud dans des conditions hygrométriques contrôlées (flue-curing). Un tel traitement produit une fumée de tabac acide (pH 5-6). Les tabac bruns, utilisés dans les cigarettes brunes ou pour les tabac à pipe ou à cigare, sont séchés au soleil ou à l'air libre (air-curing) après avoir subi une fermentation, dont le rôle est de baisser le contenu en nicotine, naturellement plus élevé dans les tabacs bruns que dans les tabacs blonds. Ce traitement rend la fumée plus alcaline (pH 6-7 pour les cigarettes, pH 8 pour le tabac à pipe ou à cigare, très âcre pour le cigare et fortement dosé en nicotine). Lorsque la nicotine est dans un milieu alcalin, elle pénètre très facilement les membranes des cellules (c'est comme ça qu'on a inventé le patch, la gomme et les autres formes orales de nicotine, car la nicotine est une base faible et est à la fois liposoluble et hydrophile, c'est un peu du jargon pour certains, mais en clair ça veut dire qu'elle peut facilement pénétrer à l'intérieur des cellules, milieu aqueux, et n'est pas arrêtée par la membrane qui est lipidique). C'est pour cette raison qu'un fumeur de pipe ou de cigare n'a pas besoin d'inhaler la fumée, il absorbe suffisamment de nicotine par la muqueuse buccale. Lorsque le pH est acide en revanche, la nicotine passe très mal les membranes (cas des cigarettes blondes), le fumeur a donc dû trouver un mode d'absorption plus efficace. C'est pourquoi il inhale la fumée, qui du coup se retrouve dans les poumons (surface énorme, et solution tampon naturelle qui ramène la nicotine dans un milieu physiologique plus alcalin, autour de pH 7) et est alors facilement absorbée. C'est là que la vitesse d'absorption entre en jeu, en passant par la voie pulmonaire, la vitesse d'absorption, et donc l'arrivée au cerveau (premier organe a être fourni en oxygène, et comme la nicotine prend le même chemin...) est plus rapide qu'après une injection intraveineuse. C'est pourquoi la cigarette est la forme la plus addictive de consommation du tabac. C'est pour la même raison que le crack est plus addictif que la cocaïne prise sous une autre forme.
Pour les cigarette brunes, qui étaient majoritairement fumées en France et en Europe du sud dans les années 50-60, on se trouve dans une situation un peu intermédiaire, il est nécessaire d'inhaler, mais pas aussi profondément qu'avec les blondes, car une partie de la nicotine passe à travers la muqueuse buccale. Une résultante de cela est que les cancers du poumon sont devenus plus profonds avec les blondes (les cancers avec les brunes étaient souvent au niveau de la gorge ou des trachées pulmonaires), et encore plus avec les cigarette "dites" "légères".


Les additifs

Pour l'histoire des additifs, ils ont surtout été introduits pour recruter les fumeurs plus jeunes (la fumée est plus facile à inhaler) et les femmes, qui dans les années 40-50 ne fumaient quasiment pas (sauf aux USA et en Angleterre, ou les tabacs blonds ont été introduits plus tôt). Plus on commence jeune, plus on devient vite dépendant... et un fidèle client ! Il est assez rare de devenir dépendant à l'âge adulte, plus de 80% des fumeurs ont commencé avant 18 ans.
Ça aussi, suggère qu'il est nécessaire d'inhaler la fumée, qui pénètre alors plus rapidement jusqu'au cerveau, et que donc la vitesse d'absorption est un facteur clé de la dépendance.
Les quelques données dont on dispose, laissent penser que l'absorption avec la e-cigarette est plus lente (elle descend peut-être moins profondément à cause de facteurs physiques de la vapeur, comparée à la fumée). Elle permet tout de même d'absorber des quantités satisfaisantes de nicotine, d'où le soulagement du manque, mais est du coup sans doute moins addictive. Il est sans doute alors plus facile de réduire son taux de nicotine progressivement si on le souhaite (mais ce n'est pas le cas de tous les vapoteurs, ceux qui le font ont peut-être inconsciemment envie d'arrêter).

Les fumeurs occasionnels

Pour les fumeurs occasionnels, il y en a environ 5-10%, ils ne sont soit pas dépendants (parce qu'ils n'ont pas les récepteurs à la nicotine très avides, c'est génétique), ou ont une dépendance plus faible (certains par exemple éliminent la nicotine moins rapidement, je reviendrai sur ce point de l'élimination car il est aussi important pour comprendre la dépendance. Cependant, même en sachant que ce n'est pas bon pour leur santé, ils n'arrivent pas à arrêter totalement... Pourquoi? Question difficile. Le comportement tabagique est un comportement très complexe ou de nombreux facteurs entrent en jeu, et pas seulement pharmacologiques, je le concède.

Le problème c'est la fumée, pas la nicotine!

Le problème avec le tabagisme est principalement dû à l'inhalation de fumée. Quand on brûle un végétal, quel qu'il soit, on produit des cancérigènes et du CO (monoxyde de carbone), car la combustion est incomplète (lorsqu'elle est complète, la combustion produit du CO2, qui n'est pas dangereux). Le CO est très dangereux, il peut causer un infarctus à lui tout seul (c'est pour cela que l'on a introduit l'interdiction de fumer dans les lieux publics, surtout pour protéger ceux qui y travaillent, exposés plus longtemps). Le CO prend la place de l'oxygène sur l'hémoglobine du sang (qui est faite pour transporter l'oxygène) avec une affinité qui est 200 fois supérieure à celle de l'oxygène. Donc lorsque du CO est fixé sur l'hémoglobine, l'oxygène ne peut pas le déplacer. Un fumeur est comme quelqu'un qui vit en altitude (ou l'oxygène est plus rare), comme il manque d'oxygène il fabrique plus d'hémoglobine (plus de globules rouges qui en contiennent), et le sang devient plus visqueux, d'où un risque accru d'accidents vasculaires.
Au contraire de l'alcool, que l'on peut consommer modérément sans danger, on ne peut pas fumer modérément, car une seule cigarette par jour produit un risque cardiovasculaire maximal. Et ce n'est pas la nicotine qui est dangereuse, c'est bien le CO (et aussi des gaz oxydants). Alors, non, même 1 cigarette c'est trop !

C'est bien la nicotine qui rend dépendant

Les additifs ne rendent pas dépendant. Ils facilitent seulement l'inhalation, qui elle créé une dépendance plus forte, car la nicotine pénètre plus vite dans le cerveau. En termes de dépendance, une substance est d'autant plus addictive qu'elle arrive vite au cerveau (là où elle agît sur des récepteurs) après le geste. Encore une fois, c'est la même chose avec le crack (cocaïne peu raffinée, donc moins chère, que l'on peut se permettre de brûler, par rapport à une cocaïne pure qui coûte bien trop cher pour qu'on envisage de la brûler, car dans la combustion il y a toujours une perte importante --> les poêles à bois!). La combustion apporte aussi des IMAO, ces fameuses substances antidépresseurs. Les IMAO étaient une classe ancienne d'antidépresseurs, qui avaient beaucoup d'effets secondaire, d'où le développement de molécules moins agressives et leur quasi abandon. Mais ils étaient très efficaces. Dans la fumée de tabac il y a des substances IMAO qui diminuent l'activité d'enzymes appelées monoamine oxydases (MAO) qui ont pour rôle de recycler nos neurotransmetteurs comme la dopamine. La dopamine est une clé dans toutes les dépendances, c'est le neurotransmetteur du plaisir. Si on rajoute des IMAO (en fumant), on ralentie la dégradation de la dopamine qui a du coup plus de temps pour agir et produire du plaisir.
Maintenant on peut spéculer sur le fait que les compagnies de tabac aient trouvé un moyen d'accentuer la présence de ces IMAO (le sucre!!), mais de toute façon il y en a dans la fumée, même si on ne rajoute pas de sucre.
Les processus de dépendance déroutent en quelque sorte un phénomène naturel, le renforcement des comportement vitaux. Si on a faim, et que l'on trouve un moyen de se nourrir (en chassant, en cueillant... nos ancêtres quoi!), lorsque l'on mange, notre cerveau récompense cette bonne action en libérant de la dopamine, qui produit du plaisir. Même chose si on a soif et que l'on se désaltère. Et même chose lorsque l'on fait l'amour
La nature a fait en sorte de récompenser les bons comportements, nécessaires à la survie de l'individu, et donc de l'espèce. C'est du Darwin en plein, mais c'est comme ça que ça marche !
L'Homme a toujours recherché des substances qui modifiait son état de conscience, et il a trouvé des substances qui lui procuraient du plaisir, parce qu'elles agissaient sur les mêmes circuits du cerveau que ce système de récompense. C'est le hasard et la nécessité! Mais, ça marche avec toutes les substances addictives. Elles ont toute la possibilité de modifier le fonctionnement de notre cerveau et agissent toutes sur la dopamine (entre autres).
Il reste que la substance la plus importante dans le tabac, c'est bien la nicotine, et c'est pour ça que la e-cigarette marche (les substituts nicotiniques aussi, si on sait les utiliser à fortes doses et suffisamment longtemps, mais la e-cig ça marche encore mieux!). Si le fumeur peux avoir sa dose de nicotine, qui le satisfait, même un peu moins vite qu'avec la fumée de tabac, son manque disparait. Mais comme la nicotine arrive sans doute un peu moins vite qu'avec la fumée de tabac, la dépendance devient moins forte. Il est donc plus facile de réduire sa dose de nicotine, et voire d'arrêter (vaper du n0, liquide ne contenant pas de nicotine). Arrêter de fumer, est certes difficile, mais ce n'est pas impossible, arrêter les drogues dites dures non plus... il y a des tas de gens qui l'ont fait. C'est juste plus dur! Par contre il est évident pour moi que c'est la vitesse d'absorption de la nicotine qui fait toute la différence entre la cigarette et la e-cig !

La demi-vie de la nicotine

Il y a un dernier point qui est important pour la dépendance au tabac. La vitesse d'élimination de la nicotine.
Quand on veut faire un médicament, cette vitesse est très importante. On parle de demi-vie d'élimination, c'est comme pour la radioactivité. La demi-vie c'est le temps qu'il faut pour éliminer la moitié d'une substance que l'on a dans l'organisme. Pour la nicotine elle est de 2h. C'est très court.
Le médicament idéal c'est celui dont la demi-vie permet une seule prise par jour (moins de risque d'oubli). Mais si la demi-vie est plus courte, alors il faut le prendre 2 fois, voire 3 fois par jour, donc risque d'oubli, et problème de concentration efficace dans l'organisme. C'est le cas par exemple des antibiotiques, ils ont en général une demi-vie courte et cela nécessite 3 prises (matin, midi et soir). Si on rate une prise, cela peut réduire, voire anéantir l'efficacité du médicament.
Donc, demi-vie de 2h, en 4h il reste 25% de la dose, en 6h, 12,5%, en 8h 6,25% etc..., le matin le fumeur se réveille avec quasiment plus de nicotine dans le sang, d'où le besoin urgent de se recharger.
Mais il y a encore plus compliqué, la demi-vie de la nicotine dans le cerveau est de 10 minutes, cela veut dire qu'au bout de 40 à 50 minutes... il n'y a plus d'effet plaisir, d'où le besoin d'en reprendre une ! Calculez, 1 paquet de cigarette (20) en 16h de veille (si on dort 8h), 16/20 = 0,8h (x 60 minutes par heure) = 48 minutes !!!
Cette propriété de la nicotine en fait une drogue dure, il est nécessaire de la consommer fréquemment pour éviter le manque. Il n'y a pas mieux pour entretenir une dépendance. Et le lendemain matin, on reprend tout à zéro ! puisque qu'il n'y a plus de nicotine !!
Il n'existe pas d'autre substance addictive que l'on consomme aussi fréquemment, d'où aussi la force de cette dépendance.

L'effet shoot !

L'effet shoot, le fumeur ne le ressent plus (plus consciemment, mais ton cerveau si!) à cause de la tolérance aux effets de la nicotine qui s'installe très vite. Ça peut arriver après quelques jours d'arrêt, lorsque l'on reprend une cigarette. Au quotidien c'est rare. Mais en général, tout de même, la première cigarette du matin est la plus gratifiante.
Je l'ai ressenti une fois. C'était après environ 15 ans d'arrêt. J'ai goûté, pour expérimenter, une cigarette à l'anis qui était en test de vente du côté de Montpellier, et qu'une amie fumeuse m'avait rapportée. J'ai cru boire un pastis! C'était de toute évidence fait pour accrocher les ados. La fumée passait toute seule, elle ne m'a même pas fait tousser.
Je me suis aperçu alors, que j'avais gardé mes réflexes de fumeur, j'ai inhalé bien profondément comme je le faisait avant, le réflexe conditionné était toujours là.
Et là!!!!!!! Waouhhhh, je l'ai ressentie la monté au cerveau, je n'avais jamais connu ça en tant que fumeur. Je peux vous jurer que c'était impressionnant, et que je me suis dit, plus jamais ça! Ouf, ça fait bientôt 30 ans que j'ai arrêté de fumer.

Voir les commentaires

Publié le 19 Janvier 2013

Sur le forum ma-cigarette.fr, un échange avec une euro-député, et quelques commentaires dont le mien:

http://www.ma-cigarette.fr/reponse-dun-depute-europeen-sur-le-futur-statut-de-la-cigarette-electronique/

____

Chère Madame Griesbeck,

Je vous félicite car vous semblez bien connaître le sujet, ce qui est un point très important.

Par contre, les arguments que vous employez sont ceux de la Commission et sont malheureusement erronés. « Ce produit contient de la nicotine et peut nuire à la santé. » cette phrase est fausse et d’emblée pose un problème d’interprétation. La nicotine n’est absolument pas dangereuse aux doses que s’administrent un fumeur ou un vapoteur. Ce qui tue dans le tabac, ce sont les plus de 7000 composés chimiques autres que la nicotine. Pour le système cardiovasculaire c’est avant tout le monoxyde de carbone. La nicotine ne fait qu’entretenir la dépendance, mais si cette dépendance n’entraîne pas de conséquences sanitaires (comme c’est le cas avec la caféine, ou la nicotine pure), alors pourquoi vouloir la réglementer.

« Le critère du niveau de nicotine : jugé pertinent pour établir le niveau de risque pour la santé. » Jugé pertinent par qui? Qui a déterminé ce seuil de 2 mg ou de 4 mg/ml? Surement pas des experts de la dépendance au tabac. Pourquoi, ou pour qui voulez-vous absolument obliger la e-cigarette a devenir un médicament?? Si cette réglementation voit le jour tel que, le résultat évident sera la disparition de la e-cigarette, ou le développement d’un marché parallèle que personne ne souhaite.

Ne passons pas à côté de la première vraie occasion de substituer la consommation de cigarettes dans la population générale, en contraignant un comportement qui s’est installé naturellement chez les fumeurs et qui prend une ampleur que l’on a jamais vu dans le passé. Imaginez seulement une seconde les bénéfices pour la société entière si ne serait-ce que 30% des fumeurs arrêtaient de fumer grâce à la e-cigarette. Savez-vous ce que coûte le tabac à la société ? http://www.cnct.fr/communiques…

Je serai heureux de participer à cette discussion avec vous, si vous le souhaitez. N’hésitez pas à me contacter.
Jacques Le Houezec
Conseil en Santé publique, Dépendance tabagique

Voir les commentaires

Rédigé par Jacques Le Houezec

Publié le 18 Février 2013

Vu sur le net: « Si vous fumez des cigarettes Light, vous inhalez environ 0,6 mg de nicotine sur chaque cigarette« . C’est faux!
Si l’intention de départ est bonne (chercher à adapter la dose de nicotine à utiliser avec une e-cigarette), la théorie est totalement fausse. Il n’y a pas de cigarettes légères ou ultra-légères. Ces dénominations ont été supprimées en Europe depuis 2003, car elles étaient trompeuses, grâce à un article de Martin Jarvis (« la quantité estimée de nicotine prise par cigarette est de 1,17 mg chez les fumeurs fumant des cigarettes ayant un rendement de moins de 0,4 mg de nicotine, 1,22 mg chez ceux utilisant des cigarettes ayant un rendement entre 0,4 mg et moins de 0,8 mg, et 1,31 mg chez ceux dont les cigarettes ont un rendement supérieur ou égal à 0,8 mg »).
http://jnci.oxfordjournals.org/content/93/2/134.long
Mais les symboles ont la vie dure, et les fumeurs croient encore les chiffres apposés sur leurs paquets de cigarettes, même s’ils ne veulent rien dire (il faut dire que l’industrie du tabac les aide bien en utilisant des paquets aux couleurs suggestives!). Ces soit-disant 0,6 mg de nicotine (ou tout autre chiffre indiqué sur le côté du paquet de cigarettes), correspondent à ce qu’une machine à fumer recueille en fumant une cigarette selon un certain rythme (standardisé), et sans boucher les minuscules trous fait au laser au niveau du filtre qui diluent la fumée avant d’entrer dans la machine. Le fumeur bouche, soit avec les doigts, soit avec les lèvres, ces trous, et modifie sa façon de fumer de façon à obtenir en gros 1 mg de nicotine par cigarette (mais il peut en obtenir jusqu’à 3 mg environ, en modifiant le volume, la durée des bouffées, le temps de rétention dans les poumons…).
Pour faire simple, il faut oublier les chiffres marqués sur les paquets de cigarettes. Il vaut encore mieux utiliser le nombre de cigarettes fumées par jour, même si là encore ce n’est pas une mesure fiable, ou mieux utiliser le test de Fagerström (http://www.stoptabac.ch/fr/test_dependance.html). Une dénomination petit, moyen ou gros fumeur (comme on la trouve sur de nombreux sites) est sans doute d’ailleurs suffisante.

Voir les commentaires